La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Neige" Une création sensible donnant la place à des paroles féminines à la fois introspectives et universelles - 07/12/2023

Neige est une adolescente de quatorze ans. Elle a hâte de grandir. Sa mère, quant à elle, s'étonne de vieillir. Quand du jour au lendemain, Neige disparaît dans la forêt, il n'y a pas d'autre solution que d'aller la chercher. Personne ne sortira de ce bois comme il en est entré… La nouvelle création de l'autrice et metteuse en scène, Pauline Bureau, inspirée en partie de Blanche-Neige, célèbre...  

"Cendrillon" L'histoire véridique d'une très jeune fille qui ne s'en laissait pas conter… - 30/11/2023

En son temps, dans sa "Psychanalyse des Contes de fée", le psychanalyste Bruno Bettelheim levait un pan du voile recouvrant la fonction thérapeutique de ces histoires traditionnelles où le non-dit essentiel se taille la part du lion. Cinq décennies plus tard, le dramaturge Joël Pommerat s'empare avec une exquise gourmandise des contes ("Le Petit Chaperon rouge", "Pinocchio", "Cendrillon"…) pour...  

"Le chaperon rouge"… Frais, enthousiaste et gourmand ! - 27/11/2023

Créé en 2004, "Le petit chaperon rouge" de Joël Pommerat est le premier d'un cycle de réécriture de contes du dramaturge français composé aussi de Pinocchio (2008) et de Cendrillon (2011). Les deux metteuses en scène et comédiennes Nina Ballester et Nina Cruveiller en proposent une version enthousiaste et sans fioritures. Juste avant la représentation, l'ouvreuse commence à donner les indications...  

"Brisby (blasphème)" Extinction "fabuleuse", vie et mort du monde d'après - 24/11/2023

Si certaines midinettes (tiens, ce mot n'a pas de masculin…) se repaissent encore de contes de fée pour s'évader à bon compte de notre monde délétère truffé d'injustices exponentielles et de guerres exterminatrices, on leur conseille – comme remède universel aux rêveries de pacotille – de se précipiter dans le monde selon "Brisby"… Là, sous des dehors souvent drôles, ce que l'on côtoie, paré d'un...  

"Cœur-Poumon" Un spectacle cœur à corps, sensible et fort comme la vie - 23/11/2023

Mona a besoin de revenir à l'hôpital dans lequel son enfant a été sauvé des années auparavant. Elle décide de retourner dans le service de réanimation de chirurgie cardiaque. Sa mémoire l'entraîne alors dans une chute et nous plonge dans le vertige de son passé. "Cœur-Poumon "est l'histoire d'une réparation : celle du cœur d'un tout petit enfant et, à travers elle, le portrait de ceux qui...  

"Duras-Platini" Morceau d'anthologie culturelle d'où se dégage, subtilement, une idée de la solitude - 21/11/2023

Décembre 1987. La célèbre romancière, Marguerite Duras reçoit Michel Platini, le non moins célèbre joueur de football, champion d'Europe, dans les bureaux du journal "Libé" lors d'un entretien de plus d'une heure. Ils échangent, digressent, s'appréhendent, se découvrent, parlent de football, de littérature, d'Italie, du drame du Heysel et… d'angélisme. Convoquée sur scène, la parole de ces deux...  

"Sitcom" Rejouer le maelström familial, jouir de son "ab-réaction" - 20/11/2023

Qui sommes-nous sinon la somme des influences vécues recomposées comme des tableaux vivants par notre mémoire labile ? Tout récit se prétendant des origines – y compris le premier d'entre eux, "La Bible" – est à prendre comme une fiction à vertu édifiante et (parfois) cathartique. Ainsi de cette "Sitcom" qui, à chaque représentation, tout en suivant une ligne dramaturgique immuable, donne lieu à...  

"Les téméraires"… Les deux faces d'une même lutte ! - 18/11/2023

Dans une très belle pièce qui nous fait remonter à la fin du XIXe siècle avec l'affaire Dreyfus, nous voici face à Zola et Méliès qui, au travers de leur art respectif, ont mené le combat pour la défense du capitaine français – de confession juive – accusé, par calomnie et mensonge, de trahison dans une France aux relents nauséabonds et antisémites. Deux personnages célèbres, Zola (interprété par...  

"La Grande Marée" Une quête allégorique pour redécouvrir cette Atlantide en chacun de nous - 17/11/2023

En 1989, un petit groupe de philosophes de la Freie Universität de Berlin, mené par le philosophe Ulrich Sonneman et l'anthropologue Dietrich Kamper, prévoit d'organiser une ambitieuse expédition maritime à la recherche de l'Atlantide, convaincu que l'engloutissement de la cité mythique se trouve à l'origine de notre fascination inconsciente pour la fin du monde. L'enjeu est moins de retrouver...  

"Le Rouge et le Noir" Vivisection des "passions tristes", chronique en-jouée d'une comédie humaine atemporelle - 15/11/2023

Et dire que l'on avait rangé ce monument stendhalien au rang des œuvres maitresses canonisées… Comme si tout avait été révélé au travers des exégèses savantes sur l'histoire édifiante de ce fils de scieur de planches, mal né dans une famille de rustres, et devenu – grâce à une ambition dévorante – un apprenti criminel dans la société louis-philipparde érigeant l'ordre libéral en valeur suprême....  
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À découvrir

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023