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Cirque & Rue

"Teh Dar"… Voyage coloré, acrobatique et poétique dans le monde des K'ho

Quinze acrobates nous font voyager dans le pays des K'ho, ethnie minoritaire des hauts plateaux du centre du Vietnam. Prédicateurs et divinités se rencontrent autour de cannes en bambou, tambours et gongs qui dressent avec majesté une scénographie où l'acrobatie est reine.



© Nguyen Phuc Hai.
© Nguyen Phuc Hai.
Le cirque abat les murs et traverse les frontières comme pour faire un pied-de-nez à l'actualité. Avec l'équipe du Nouveau Cirque du Vietnam, il revêt son plus bel apparat. Après une tournée internationale de cinq ans, ils reviennent avec leur dernière création à la Villette.

La troupe rend hommage à l'un des peuples des Tây Nguyen (montagnes centrales, en Vietnamien) et "Teh dar", le nom du spectacle, signifie "danser en rond autour d'un feu". Ils font beaucoup plus que cela. Ils nous emmènent dans un ailleurs en présentant leur culture et leurs rites. Nous sommes au milieu d'un peuple qui nous fait découvrir des scènes de chasse collective, de travaux dans les champs au travers de la musique et de l'univers circassien.

La scénographie est déjà un ailleurs avec ses longues tiges de bambou qui se rejoignent en hauteur pour porter comme symboliquement un totem. De grands cercles de bois joliment taillés sont aussi utilisés sur lesquels des sauts périlleux et des acrobaties sont effectués, le tout au travers de courses. C'est vif et rapide.

© Nguyen Phuc Hai.
© Nguyen Phuc Hai.
Tout est mouvement dans une synchronisation où les artistes se rejoignent sans se toucher selon des trajets en arrondi ou rectiligne sans qu'aucune géométrie ne vienne étouffer la poésie des déplacements. Des balles rebondissent de toute part et sont recueillies avec élégance par des interprètes avec leurs bacs de bois sur le dos, habillées de leurs plus beaux costumes, face à la scène.

C'est un ensemble, un groupe où tout est lien. Nul solo, nul artiste qui attire à lui tout seul la lumière. Les chorégraphies circassiennes s'enchaînent dans une scénographie qui se transforme continuellement. Cela saute dans les airs ou sur des éléments de bois. Les corps se marient sans contact, en s'effleurant, se rencontrent sans se percuter. C'est une symphonie de gestes où les artistes se frôlent, s'évitent sans s'ignorer avec pour chacun un parcours en lien avec le groupe.

La gestique et les attitudes des personnages, au travers de masques parfois, s'accoquinent avec le théâtre et la danse accompagnés par des tambours et des gongs. La musique avant toute chose. C'est beau, coloré et poétique à souhait.

"Teh Dar"

© Nguyen Phuc Hai.
© Nguyen Phuc Hai.
Par le nouveau Cirque du Vietnam.
Conception : Tuan Le, Nguyen Nhat Ly, Nguyen Lan Maurice, Ngo Thanh Phuong.
Mise en scène : Tuan Le.
Direction musicale : Nguyen Nhat Ly.
Direction artistique : Nguyen Lan Maurice.
Chorégraphie : Ngo Thanh Phuong.
Chef de troupe/Coach technique cirque : Nguyen Anh Minh.
Acrobates : Bui Khanh Du, Nguyen Hoang Mai Maya, Nguyen Hoang Phi Yen, Nguyen Huyen My, Nguyen Huyen Ly, Vu Thi Trang, Dinh Quoc Bien, Dinh Tien Hoang, Ho Le Anh Nguyen, Hoang Minh Tuan, Nguyen The Trung, Sam Anh Tuan, Tran Huy Ngoc, Trinh Buu Quy, Vu Dinh Doan.
Musiciens : Krajan H'Nruil, Krajan Dion, La Y San, Nie Y Sac, Nay Dau.
Création lumières : Nguyen Phuc Hai.
Régisseur général et lumières : Jean-Frédéric Béal.
Régisseur plateau : Nguyen Duy Chan.
Régisseur son : Nguyen Duy Tai.
Costumes : Tran Hong Lam, Nguyen Anh Minh.
Durée : 1 h 05.

© Nguyen Phuc Hai.
© Nguyen Phuc Hai.
Du 6 novembre au 1er décembre 2019.
Du mercredi au vendredi à 20 h, samedi à 19 h, dimanche à 16 h.
Espace Chapiteaux, Parc de La Villette, Paris 19e, 01 40 03 75 75.
>> lavillette.com

© Nguyen Phuc Hai.
© Nguyen Phuc Hai.

Safidin Alouache
Lundi 18 Novembre 2019

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"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

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Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
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© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

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Safidin Alouache
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© DR.
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