"Aspirator" Devenir poussières d'étoiles et essayer de répondre aux universels questionnements de l'enfance

Au début fut une partie d’échecs sur un immense tas de poussières… Ainsi naquit le monde ? Si cet amoncellement de particules a un petit air de Beckett, version "Oh les beaux jours", ce n'est qu'une impression furtivement visuelle, car nous sommes focalisés sur nos deux clowns soumis à une pluie poussiéreuse, en proie à cet envahissement d'éléments minuscules faits de milliards d'acariens, d'un peu de sable du Sahara, d'une pincée de météorites, d'une poignée de cheveux, de fibres de tissus, de squames, de pollen, etc. Des restes certes… mais aussi des poussières d'étoiles que l'on voit voler, virevolter, tourbillonner dans la lumière solaire.

Ce dernier phénomène aérien est parfaitement revendiqué par Mélissa Von Vépy, conceptrice et interprète de "Aspirator", qui, au sein de sa compagnie Happés, créé des pièces associant danse et théâtre, toujours fondées sur l’expression aérienne issue de sa pratique de trapéziste. L'objet est aussi un élément scénographique essentiel, celui pouvant faire partie intégrante de la dramaturgie de ses pièces. Ici, c'est l'aspirateur "robot", aux allures d'un R2d2 qui aurait tronqué ses deux bras mécaniques contre une longue trompe aspirante ! Personnage à part entière, il quittera vite l'emprise de ses maîtres pour vivre son indépendance, prenant parfois des allures menaçantes.

Ce dernier, au gré de ses utilisations ou de ses "aspirations", porte notre imaginaire vers des images usant de la symbolique des contes, qu'ils soient porteurs d'aventures équestres épiques ou féériques, de jeux enfantins – jeux de balles ou jeu de chien – ou d'un voyage pour une transformation en poussières d'étoiles absorbées par un céleste trou noir. Les deux artistes interprètes jouent à la fois – admirablement bien – la partition burlesque et celle acrobatique et aérienne du cirque.

Évoquant, par la structure éthérée intrinsèque à la poussière, l'apesanteur, ainsi que la multitude infinie de cet élément, Olivier Bovet et Mélissa Von Vépy, dans des chorégraphies tout en légèreté et des postures burlesques finement dessinées, nous entraînent vers nos interrogations fondamentales sur l'usure du temps qui passe, la vie et la mort, l'incompréhensible infinitude de l'univers, le cycle de notre vie, en somme !
◙ Gil Chauveau

Vu le 18 octobre, Salle Bernard Turin, CIRC, allée des Arts, Auch.

Pièce pour deux clowns acrobates, un tas de poussière et un aspirateur dévorant.
Conception, mise en scène : Mélissa Von Vépy
Créé avec et interprété par : Olivier Bovet et Mélissa Von Vépy et (en coulisses) Cédric Cambon.
Scénographie : Neil Price.
Régie son-plateau et conception électronique : Cédric Cambon.
Son : Jean-Damien Ratel.
Lumière et régie : Sabine Charreire.
Costumes et scénographie : Emmanuelle Grobet.
Accompagnement artistique : Pascale Henry.
Par la Compagnie Happés.
Dès 6 ans.
Durée : 50 minutes.

>> melissavonvepy.com

Tournée
16 et 17 janvier 2026 : Le Sirque - Pôle national cirque Nexon - Nouvelle-Aquitaine, Nexon (87).
Du 22 au 24 janvier 2026 : Théâtre d’Angoulême - Scène nationale, Angoulême (16).
Du 26 au 28 janvier 2026 : L’Agora - Pôle national cirque, Boulazac (24).
6 et 7 février 2026 : Culture Commune - Scène nationale du Bassin Minier du Pas-de-Calais, Loos-en-Gohelle et Centre Arc-en-Ciel, Liévin (62).
10 février 2026 : Le Prato - Pôle national cirque, Lille (59).
13 et 14 février 2026 : Le Boulon - Centre national des arts de la rue, Vieux-Condé (59).
6 et 7 mars 2026 : La Mégisserie, Saint-Junien (87).
Du 16 au 18 avril 2026 : Points Communs - Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d'Oise, Cergy (95).
Mai 2026 : dates à confirmer, La Maison des Jonglages, Bondy (93).