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Festivals

Festival Off d'Avignon 2017… Éco-responsabilité et nouveaux publics à l'ordre du jour !

Les nouveaux objectifs de l'association Avignon Festival & Compagnies - 2e partie

Lors de la rencontre "conférence de presse" organisée en mars dernier par l'association Avignon Festival & Compagnies, le sujet le plus important concernait la création du fonds de soutien, mais les autres projets présentés - gestion de l'affichage, développement des publics et maison commune aux artistes et au public -, mis en œuvre dès cette année, valent qu'on s'y arrête un peu.



Tout d'abord, la réflexion sur l'affichage entamé en 2016 se poursuit. Celui-ci coûte très cher aux compagnies. Les membres du Conseil d’Administration ont donc validé pour cet été la proposition d’un service d’impression des affiches des spectacles afin de réduire les charges des compagnies en mutualisant celui-ci.

Éco-festival et affichage

© AF&C/Cédric Delestrade-ACM.
© AF&C/Cédric Delestrade-ACM.
Cela signifie travailler avec un seul imprimeur et proposer un pack type à l'ensemble des compagnies intéressées à un coût plus faible que ce qu'elles payent habituellement du fait de la quantité d'impressions générées pour l'imprimeur. Il s'agit du système classique du "plus la quantité est grande moins c'est cher".

Chaque spectacle qui souscrira à ce service aura 200 affiches format A2 cartonnées (350 g) et perforées sur papier 100 % recyclé, imprimées avec des encres végétales ; et 100 affiches A2 avec les mêmes caractéristiques écologiques mais en 90 g (pour diffusion dans les magasins notamment).

Cela mène directement à la notion d'éco-festival. Comme chacun sait, l'affichage représente un gaspillage important de papier et un problème de recyclage. Pour les supports, il y a ceux qui sont en papier recyclé et ceux qui ne le sont pas. Techniquement, leur identification n'est pas facile (pour une centrale de traitement comme celle de la Communauté d'Agglo du Grand Avignon) et leur traitement en matière de déchets n'est pas identique. Pour un maximum d'efficacité, un cahier des charges sera élaboré pour les imprimeurs qui travailleront pour le service d'impression du Off. Le conseil d'administration ne souhaitant pas l'imposer à toutes les compagnies, cela est évidemment une solution partielle, de nombreuses compagnies arrivant avec leurs affiches (imprimées en quantité pour l'ensemble de leurs dates), n'ajoutant alors qu'un bandeau spécifique au festival.

En complément de ces propositions, a été décidé que l'impression de tous les documents de communication d’AF&C se fera sur papier 100 % recyclé avec encres végétales. Des actions seront également menées en faveur de l’écologie au Village du OFF avec une buvette/restaurant travaillant avec des fournisseurs locaux (tendant vers le bio), des informations générales à destination du public avec stand éco-conseils. La suppression de la climatisation générale est envisagée au profit de brumisateurs, ainsi que la mise en place systématique du tri sélectif des déchets.

Attirer de nouveaux publics, notamment les jeunes

© AF&C.
© AF&C.
Un chiffre choc, sorti d'une enquête ayant été menée en 2014, a présidé aux réflexions sur ce sujet. Celle-ci a été réalisée sur 12 991 personnes (soit 27 % des abonnés 2014), et il apparaît que plus de 60 % des abonnés sont des femmes entre 50 et 70 ans ! Avignon, festival de "Ces dames aux chapeaux verts"… Non bien sûr. Mais il est néanmoins nécessaire de réfléchir sur une ouverture à toutes les tranches d'âge, surtout lorsque l'on sait que les propositions des 1 400 et quelques spectacles sont variés, de la petite enfance ((166 spectacles "jeune public" en 2016) aux adultes confirmés en passant par les ados.

Le Conseil d’Administration d’Avignon Festival & Compagnies a donc décidé de faire évoluer la communication globale de l’événement, centrée depuis 10 ans sur la “marque OFF” vers une communication spécifique en direction des publics recherchés. La première cible visée est la tranche "jeunesse". La grande nouveauté sera cette année une carte 12/25 ans au tarif de 9 € donnant accès aux mêmes réductions que la carte d’abonnement "public" (plein tarif 16 €). C'est-à-dire : 30 % de réduction sur tous les spectacles du festival OFF d’Avignon, réduction à l’entrée des musées du Grand Avignon (dont le Palais des Papes et le Pont d’Avignon), tarifs réduits dans les théâtres partenaires du OFF toute la saison suivante, accès aux soirées concerts au Village du OFF, etc.

Une simplification des recherches sur le site du Off (sur l’application iPhone et Android) devrait permettre une meilleure identification des besoins, en particulier ceux des jeunes, cela pour faciliter l'achat de la carte à tarif réduit, la réservation des places sur la billetterie en ligne ticket’OFF, la consultation du plan interactif, la recherche d'un logement ou un covoiturage… En bref, planifier tout son séjour à Avignon.

Enfin, pour dynamiser la communication du OFF sur les réseaux sociaux, des jeux-concours seront lancés avec différents partenaires (Le Parisien, l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, etc). Ceux-ci, destinés aux 18/25 ans, se déclineront sous plusieurs formes au printemps 2017 (photos, vidéos, GIF, tweets) et à travers différents médias sociaux : facebook, snapchat, instagram, twitter. Les gagnants se verront offrir un séjour au festival : transport, hébergement, carte 12/25 ans, etc.

D'autres actions en direction des familles et des tout-petits sont également prévues : création d'un site "Jeune Public", diffusion d'une plaquette informant de ce dernier dans les manifestations dédiées comme Paris Mômes, un jeu (intitulé "Dessine-moi le festival d'Avignon") afin de faire gagner un week-end pour une famille, des ateliers de sensibilisation (masque, conte, marionnettes, etc.) en association avec des compagnies ayant l'expérience de ce type de pratique (lieu : lycée Joseph Viala), etc.

Le Village du OFF et la maison commune

Conférence, Village du Off 2016 © AF&C.
Conférence, Village du Off 2016 © AF&C.
La particularité du festival Off d'Avignon est la rencontre possible des artistes et du public. Le Village Off doit être le coeur de ses échanges et le nouveau conseil d’administration veut développer ceux-ci en multipliant les débats, les conférences, avec des personnalités politiques, des artistes, des professionnels du festival ou du spectacle en général. En 2016, la commission Village du OFF a entièrement repensé la scénographie du Village qui est désormais un espace ouvert à tous. Le Village est un véritable lieu d’échanges et un espace de convivialité pour tous les acteurs du festival.

Les compagnies du Off sont invitées à proposer des thèmes de débats autour de la culture, des arts ou plus largement des thèmes de société. Des reportages courts seront réalisés par les équipes de la TV du Off qui captent également les rencontres organisées à l’agora. Pour les compagnies qui n’ont pas de bande-annonce de leur spectacle, des vidé’Off seront tournées quotidiennement et gratuitement au Village avec un concept simple : une minute pour présenter son spectacle. Ces vidéos seront ensuite diffusées sur les supports numériques du Off (site internet, application et chaîne YouTube).

À suivre…

>> Lire la 1ère partie de l'article : Soutenir et développer la professionnalisation du Festival Off d'Avignon

Gil Chauveau
Jeudi 20 Avril 2017

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023