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Festivals

Le Festival Furies met les rues de Châlons-en-Champagne en effervescence

L'édition 2025 du Festival Furies, dédié aux arts du cirque et du théâtre de rue, dirigé par Jean-Marie Songy, a présenté du 3 au 8 juin 2025 une quarantaine de spectacles dont onze créations, neuf "premières" et la restitution d'un projet sur l'écologie sociale dans le secteur du cirque.



"Øblik" de Theresa Kuhn © Bruno Fougniès.
"Øblik" de Theresa Kuhn © Bruno Fougniès.
"Øblik" de Theresa Kuhn. Une première pour cette création de l'artiste fildefériste Theresa Kuhn, originaire d'Allemagne, qui, après une formation à Circomedia de Bristol, intègre le Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne. Un spectacle de fil souple, d'autant plus souple que la structure qui le porte, totalement modulable, se transforme tout au long du spectacle et, de fixe, devient lui-même mouvant, mobile et comme mu par sa propre volonté tant les ondes portées sur le fil le font vibrer.

C'est dans cette structure issue de l'imaginaire de la circassienne qu'elle développe pendant presque une heure le récit d'un personnage burlesque qui, de clown maladroit et touchant au début de l'histoire, va peu à peu se dépouiller de ses amples vêtements et de sa maladresse pour réussir, révélant le corps d'une athlète, des acrobaties et des parcours à la limite de la perte d'équilibre, dans l'instabilité constante du fil souple. Instabilité… thème philosophique qu'un enregistrement de la voix de l'architecte Claude Parent développe tout au long de la performance dans toutes les positions incertaines possibles.

"Qui a tué mon père" par la Compagnie Kumulus © Kalimba.
"Qui a tué mon père" par la Compagnie Kumulus © Kalimba.
"Qui a tué mon père" par la Compagnie Kumulus. Une performance portée par un texte fort, celui, autobiographique, d'Édouard Louis, écrit en adresse directe à son père vieilli, usé avant l'âge, meurtri par le travail et le carcan des normes sociales qui lui ont dicté, dès l'enfance, de revêtir la dure carapace de l'homme mutique et masculin dans ses moindres actes. Le patriarcat violent ajouté à la violence du monde de l'usine qui puise son profit dans la souffrance, les os, les épuisements des ouvriers. Ce sera sur le parvis de la place Foch que ce fils s'adresse à son père brisé en fragilité de vie, remontant le fil de son enfance pour chercher l'amour de ce père emmuré dans un corps fatigué.

De corps, il en est beaucoup question, de corps, de vêtement, de travestissement, de part féminine, d'homosexualité de ce fils rendu coupable. Un simple module de barre de fer assemblé en cube dans lequel le père, incarné par Richard Écalle avec un troublant réalisme qui touche au cœur, comme à l'intérieur de l'exosquelette des séquelles de sa vie, restera muet. Il va tisser tel une araignée la toile qui l'enferme en univers réduit, avec des dizaines de rouleaux de scotch, un immense réseau de fils qui envahira tout l'espace scénique et pour finir, lui-même dans son cube, chrysalide impuissante de ce corps que la vie, la société des hommes et l'épuisement au travail n'ont jamais voulu laisser vivre.

"Une Jungle" de la Compagnie Chao.s © Bruno Fougnies.
"Une Jungle" de la Compagnie Chao.s © Bruno Fougnies.
"Hand To Hand" - Clôture du projet de coopération européenne. Projet porté par le Palc (Pôle national cirque), en partenariat avec Bússola (Portugal), Helsingør Teater (Danemark) et ROOM 100 (Croatie). Deux ans de préparation pour ce projet Creative European qui donnent l'occasion à huit artistes internationaux de s'immerger au sein de différentes entreprises européennes.

S'immerger pour éprouver, réagir, partager avec les employés et s'inspirer de ces rencontres pour créer des formes, des maquettes, des prototypes présentés par le Danemark, entre autres. Des entreprises aussi différentes qu'une usine géante de morue portugaise, un atelier de réparation de bateau au Danemark, les bassins salins les plus anciens d'Europe en Croatie ou une papeterie en France pour ne citer qu'elles. Les artistes aux différents modes d'expression viennent, eux aussi, de différents horizons : France, Croatie, Danemark, Israël, Espagne. Avec pour défi de sourcer leur pratique circassienne aux réflexions sur l'écologie sociale et le savoir-faire des travailleurs et travailleuses.

"Une Jungle" de la Compagnie Chao.s. Danse dans la cour du département de Châlons-en-Champagne. D'abord, il y a le texte de Patrick Chamoiseau diffusé par bribes tout au long de la performance : "La déclaration des poètes". Un texte puissant construit en anaphore qui va rythmer les corps et donner du sens aux déploiements chorégraphiques des deux interprètes Tésia Peirat et Tanguy Allaire. Dans ce texte, dans lequel chaque phrase commence par la phrase "Les poètes déclarent", les droits humains, que le monde économique bardé de frontières méprise et piétine chaque jour, sont brandis, revendiqués, clamés. Droits de vivre pour tous, avec une attention particulière pour les migrants que le monde rejette en mer ou en enfer.

L'espace de danse est un simple grand tapis de style persan qui sera tour à tour esquif tanguant sur les abîmes, dans les traversées périlleuses, ou terre d'asile, ou espace mentale de la femme ou de l'homme en proie à ses doutes, sa douleur, ses peurs.

La chorégraphie de Sandrine Chaoulli lance les corps dans cet espace, les projette dans des contorsions, des passions violentes, des arrachements, des déchirements, et parfois des heurts, des embrassades, des rejets qui poussent les corps au sol dans un simulacre de lutte pour l'espace. Les expressions donnent un sentiment perpétuel de vague, tandis que les positions font de temps en temps penser à des statuaires, des clameurs liturgiques, sacrées, des implorations christiques telles que ce cri de silence lancé et relancé par Tanguy Allaire, comme une asphyxie.

Les deux interprètes s'investissent dans l'énergie, mais également dans le jeu. Un jeu expressif excessif en ce qui concerne Tanguy Allaire, qui impose au lieu de proposer. Le jeu de Tésia Peirat dans une simplicité plus grande renforce le drame et la beauté des évolutions.

"Cloche" de Rémi Luchez © Association des clous.
"Cloche" de Rémi Luchez © Association des clous.
"Cloche" par l'Association des Clous/Rémi Luchez. Un éblouissement, un spectacle dont les fibres s'incrustent dans nos corps et nos esprits, longtemps, longtemps, peut-être toujours. Qui nous enracine, nous rythme et nous élève. Qui nous rêve. Qui nous diabolise et nous enchante, nous purifie l'œil. Qui nous fait aimer l'humain dans toute sa grandeur, petitesse et la vie dans les cloisonnements qui tuent.

Dans toute création, il y a au départ, évidemment, une conception. Dans le cas de Cloche, le résultat est si précisément, minutieusement, miraculeusement réussi que l'on sent qu'après ce temps de conception, il y a eu une longue et prodigieuse « grossesse » durant laquelle toute la physiologie du spectacle fut créée, construite, jusqu'à la naissance de ce décor vertigineux, boîte blanche comme la glace, jusqu'à l'entrée des musiciennes et musicien, jusqu'à l'éclat de ces musiques cardiaques, ces chants énergisants et ces jeux de corps et d'équilibre du funambule volant.

Il s'agit d'un concert d'une heure avec trois interprètes à la fois musiciens, chanteuses et chanteur, capable de passer par tout un registre musical, reprises de standards adaptés à leurs instruments (tambours, accordéons, cloches, maracas, saxo basse, guitare…) que de créations, capables de chanter dans toutes les langues et de développer un univers intercontinental fleuri, riche et entraînant. Un vrai concert à jardin, des meneurs d'ambiance d'une qualité artistique motivante qu'il faut citer tant ils forment une sorte de commando musical explosif : Lola Calvet, Élisa Trébouville, Camille Perrin.

Tandis qu'à cour, et comme dans un monde à des années lumières de ce concert, un drôle de personnage, dans le froid de la rue, va inventer un monde impossible, un rêve, où les objets et les corps oublient leurs pesanteurs pour évoluer libres, malgré le froid, la rue, la faim. Un personnage à la Chaplin, aussi puissant qu'un Charlot à ses meilleures heures, inventé par le circassien Rémi Luchez qui devient là illusionniste et fantasmagorie. En raconter plus serait triste…

Ces deux univers qui ne se voient pas renforce le sentiment de solitude solaire que le spectacle porte en lui. Une solitude qui n'est pas désespérante, mais drôle. Une solitude désespérée, mais tellement humaine qu'elle est aussi poésie.
Ici, quelqu'un a fait un rêve, plusieurs rêves même, des suites de sommes de rêves, qu'il a réalisées sur scène et nous y fait entrer.
Ne pas voir ce spectacle est dommageable pour l'existence.
◙ Bruno Fougniès

"Øblik" de Theresa Kuhn © Bruno Fougniès.
"Øblik" de Theresa Kuhn © Bruno Fougniès.
Festival Furies 2025
S'est déroulé du 3 au 8 juin 2025.


"Øblik" de Theresa Kuhn.
Circographie : Theresa Kuhn et Maroussia Diaz Verbèke.
Son : Rémi Fox.
Regards en plus : Rémi Luchez, Cecilia Stock, Elena Puchelt et Élodie Royer.
Technique : Ryan Sauteur.
Conseil constructIon : Valentin Steinmann.
ConstructIon : Cirque Mecanique, Joris Jansens.
Conseil technologie : Bruno Trachsler.
Conseil ingénieur son : Thomas Roussel.
AdministratIon : Louise Enjalbert.
Durée : 45 minutes.
Tout public.

Tournée
8 juin 2025 : Ruhrefestspiele, Recklinghausen (Allemagne).
5 et juillet 2025 : Les Tentaculaires, Amiens (80).
13 et 14 septembre 2025 : Festival Lurupina, Hamburg (Allemagne).
Dates à confirmer : Atoll Festival, Karlsruhe (Allemagne).

"Qui a tué mon père" par la Compagnie Kumulus © Kalimba.
"Qui a tué mon père" par la Compagnie Kumulus © Kalimba.
"Qui a tué mon père" par la Compagnie Kumulus.
Direction artistique et mise en scène : Barthélemy Bompard, assisté de Frédérique Espitalier.
Avec : Quentin Alberts, Richard Écalle et Pascal Ferrari.
Création musicale : Pascal Ferrari.
Création et réalisation des costumes : Marie-Cécile Winling.
Création lumière : Alice Leclerc.
Construction : Jean-Baptiste Mellet.
Durée : 1 h 15,
Dès 10 ans.

Tournée
27 juin 2025 : Le Moulin, Rousset-les-Vignes (26).
5 juillet 2025 : Festival Éclat(s) de rue, Caen (14).
Du 17 au 20 juillet 2025 : Festival Chalon dans la Rue (à confirmer), Chalon-sur-Saône (71).
Entre le 20 et le 23 août 2025 : Festival Off d'Aurillac (à confirmer), Aurillac (15).

"Une Jungle" de la Compagnie Chao.s © Bruno Fougnies.
"Une Jungle" de la Compagnie Chao.s © Bruno Fougnies.
"Une Jungle" de la Compagnie Chao.s.
De Sandrine Chaoulli.
Avec : Tésia Peirat et Tanguy Allaire.
Textes : "Déclaration des poètes" de Patrick Chamoiseau dit par Garniouze et Sandrine Chaoulli.
Durée : 35 minutes.
À partir de 7 ans.

Tournée
7 et 8 juin 2025 : Festival Parade(s), Nanterre (92).
5 et 6 juillet 2025 : Les Tentaculaires, Amiens (80).
3 août 2025 : Festival Jours de Théâtre, Estagel (66).

"Cloche" de Rémi Luchez © Association des clous.
"Cloche" de Rémi Luchez © Association des clous.
"Cloche" par l'Association des Clous/Rémi Luchez.
Conception : Rémi Luchez
Avec : Rémi Luchez (cirque), Lola Calvet, Élisa Trébouville, Camille Perrin (musique).
Construction : Tim Vandersteen
Création lumières : Christophe Bruyas
Régie son : Manu Clémenceau
Durée 1h, dès 10 ans

Tournée
12 et 13 juin 2025 : Théâtre de la Renaissance, dans le cadre du festival Utopistes /Cie MPTA, Oullins (69).

Bruno Fougniès
Lundi 16 Juin 2025

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