Tout le monde en scène à l'entrée du public. Un grand écran vidéo, des fauteuils et sept personnages qui attendent, on l'apprendra très vite, leur passage dans la salle d'audience… pour le procès (en forme de cabaret… quand même !) d'un conte enfantin – presque innocent – qui va nous plonger au cœur de questions tout à fait actuelles sur des comportements pas si innocents que ça ! Et celle posée – "Et les sept nains ? – invite à lire entre les lignes, à éclairer les non-dits du conte, à dévoiler les secrets, peut-être inavouables, de cette bande de travailleurs, formatés avant l'heure "boulot, métro, dodo", qui doivent gérer l'arrivée inattendue d'une femme plutôt "canon" dans leur quotidien routinier.
Ces sept prévenus, cloîtrés et fusionnels, vivant sous le même toit et en communauté de labeur, se retrouvent forcément bousculés, bouleversés par la présence inopinée de cette jeune femme, une étrangère, une "autre". Pour la protéger, ils l'enferment chez eux et lui confient la réalisation des tâches ménagères pendant qu’ils partent bosser, la fleur à la pioche. Mais au regard des révolutions et des évolutions survenues au XXIe siècle, ces traditions surannées s'opposent incontestablement à notre modernité, même si celle-ci est loin d'être parfaite. De plus, nos sept mâles ont, dans une entente collective coupable, l'idée inconséquente d'offrir, post mortem, le corps de celle-ci au premier prince charmant qui passait dans le coin.
Ces sept prévenus, cloîtrés et fusionnels, vivant sous le même toit et en communauté de labeur, se retrouvent forcément bousculés, bouleversés par la présence inopinée de cette jeune femme, une étrangère, une "autre". Pour la protéger, ils l'enferment chez eux et lui confient la réalisation des tâches ménagères pendant qu’ils partent bosser, la fleur à la pioche. Mais au regard des révolutions et des évolutions survenues au XXIe siècle, ces traditions surannées s'opposent incontestablement à notre modernité, même si celle-ci est loin d'être parfaite. De plus, nos sept mâles ont, dans une entente collective coupable, l'idée inconséquente d'offrir, post mortem, le corps de celle-ci au premier prince charmant qui passait dans le coin.
Sont ainsi appelés à la barre des témoins, les uns après les autres, les sept nains… simplement identifiés comme N1, N2, N3, etc. Et les questions fusent : "Racontez votre rêve à la cour". Après N1, c'est au tour de N3. À chaque fois des accusations différentes. À N4 : "Ce rêve serait donc à l'origine du conte ?". À N2 : "Comment cela a-t-il commencé ? Comment vous vous êtes retrouvés liés tous les sept ?". À N7 : "Dites-nous ce qui vous lie tous les sept ?". À N5 : "Quelle place l'amitié a-t-elle dans votre vie ?".
Chaque séquence "interrogatoire" est "séparée" par un son différent, de furtifs éclairs et des mouvements lents des nains qui apparaissent plus ou moins déformés sur l'écran vidéo. La bande son/musique devient parfois forte, voire désagréable auditivement parlant. Chaque nain est interrogé et chaque scène est marquée par des symboliques récurrentes. Ce procédé, bien maîtrisé, donne une rythmique particulière à la pièce, faisant penser à un mouvement staccato d'une partition imaginaire. Si ce procédé surprend, il donne par ailleurs un étrange fluidité à l'ensemble.
Face à ce récit qui a traversé, en toute impunité, les siècles en narrant à nos enfants des attitudes et des comportements plus que discutables aujourd'hui, Charlie Windelschmidt et la Cie Dérézo nous convie à un procès – en forme de cabaret un brin déjanté –, entre rêve et réalité, où se met en place un appareil judiciaire investigateur visant à décortiquer les faits pour en étudier les potentielles déviances tout en apportant un regard humoristique sur les mécanismes qui construisent un conte, avec ses incohérences, ses logiques romantiques douteuses, ses fausses bonnes intentions, entre autres. Mais, ici, le rire est aussi convoqué à la barre, car, au-delà des impératifs initiés, l'indispensable remise à niveau des rapports homme-femme, l'impertinence, l'humour et l'insolence sont nécessaires pour "digérer" cet héritage culturel et accepter de nouvelles éthiques à imprimer au monde d'aujourd'hui.
Finalement, la création de Charlie Windelschmidt vient percuter à dessein notre monde en pleine mutation, disséquer nos petites mesquineries, nos malines hypocrisies, nos morales à deux poids deux mesures (quel que soit le domaine : l'autre, la femme, etc.) et pose sur le plateau nos interrogations existentielles actuelles : faut-il écouter ses désirs ou laisser la société les choisir à notre place ? Ne sommes-nous que des objets jetés en pâture à la jouissance des autres ? Qui est responsable des chaos ambiants, la société ou l'individu ? Quelle est la part de responsabilité du collectif ? Quel est le pouvoir de la transmission et peut-on lutter contre les traditions, orales ou pas, fictionnelles ou réelles ?
Mais ce procès analysant, déconstruisant, le conte des frères Grimm est en réalité une étonnante expression théâtrale radicale et humoristique, irrévérencieuse et jouissive pour rire des conventions, des raideurs traditionnelles et désacraliser les fardeaux et les lourdeurs portés par les siècles passés. Il est temps de s'amuser et de révolutionner nos vieillissantes banalités !
◙ Gil Chauveau
Chaque séquence "interrogatoire" est "séparée" par un son différent, de furtifs éclairs et des mouvements lents des nains qui apparaissent plus ou moins déformés sur l'écran vidéo. La bande son/musique devient parfois forte, voire désagréable auditivement parlant. Chaque nain est interrogé et chaque scène est marquée par des symboliques récurrentes. Ce procédé, bien maîtrisé, donne une rythmique particulière à la pièce, faisant penser à un mouvement staccato d'une partition imaginaire. Si ce procédé surprend, il donne par ailleurs un étrange fluidité à l'ensemble.
Face à ce récit qui a traversé, en toute impunité, les siècles en narrant à nos enfants des attitudes et des comportements plus que discutables aujourd'hui, Charlie Windelschmidt et la Cie Dérézo nous convie à un procès – en forme de cabaret un brin déjanté –, entre rêve et réalité, où se met en place un appareil judiciaire investigateur visant à décortiquer les faits pour en étudier les potentielles déviances tout en apportant un regard humoristique sur les mécanismes qui construisent un conte, avec ses incohérences, ses logiques romantiques douteuses, ses fausses bonnes intentions, entre autres. Mais, ici, le rire est aussi convoqué à la barre, car, au-delà des impératifs initiés, l'indispensable remise à niveau des rapports homme-femme, l'impertinence, l'humour et l'insolence sont nécessaires pour "digérer" cet héritage culturel et accepter de nouvelles éthiques à imprimer au monde d'aujourd'hui.
Finalement, la création de Charlie Windelschmidt vient percuter à dessein notre monde en pleine mutation, disséquer nos petites mesquineries, nos malines hypocrisies, nos morales à deux poids deux mesures (quel que soit le domaine : l'autre, la femme, etc.) et pose sur le plateau nos interrogations existentielles actuelles : faut-il écouter ses désirs ou laisser la société les choisir à notre place ? Ne sommes-nous que des objets jetés en pâture à la jouissance des autres ? Qui est responsable des chaos ambiants, la société ou l'individu ? Quelle est la part de responsabilité du collectif ? Quel est le pouvoir de la transmission et peut-on lutter contre les traditions, orales ou pas, fictionnelles ou réelles ?
Mais ce procès analysant, déconstruisant, le conte des frères Grimm est en réalité une étonnante expression théâtrale radicale et humoristique, irrévérencieuse et jouissive pour rire des conventions, des raideurs traditionnelles et désacraliser les fardeaux et les lourdeurs portés par les siècles passés. Il est temps de s'amuser et de révolutionner nos vieillissantes banalités !
◙ Gil Chauveau
"… Et les 7 nains ?"
Autrices : Morgane Le Rest, Lisa Lacombe et Garance Bonotto.
Mise en scène : Charlie Windelschmidt.
Avec : Véronique Héliès, Anne-Sophie Erhel, Alice Mercier, Anaïs Cloarec, Ronan Rouanet, Farid Bouzenad, Nikita Faulon.
Lumière : Gaidig Bleinhant.
Son : Guillaume Tahon.
Costumière : Youna Vigneault.
Tout public à partir de 12 ans.
Durée : 1 h 15.
A été créé du 4 au 7 novembre 2025 au Quartz - Scène nationale à Brest (29).
Tournée
12 et 13 novembre 2025 : Théâtre du Pays de Morlaix, Morlaix (29).
11 décembre 2025 : L'Atelier à Spectacle - Scène conventionnée, Vernouillet (78).
2 avril 2026 : L'Archipel - Pôle d'action culturelle, Fouesnant (29).
9 avril 2026 : Le Manège - Scène nationale, Maubeuge (59).
Mise en scène : Charlie Windelschmidt.
Avec : Véronique Héliès, Anne-Sophie Erhel, Alice Mercier, Anaïs Cloarec, Ronan Rouanet, Farid Bouzenad, Nikita Faulon.
Lumière : Gaidig Bleinhant.
Son : Guillaume Tahon.
Costumière : Youna Vigneault.
Tout public à partir de 12 ans.
Durée : 1 h 15.
A été créé du 4 au 7 novembre 2025 au Quartz - Scène nationale à Brest (29).
Tournée
12 et 13 novembre 2025 : Théâtre du Pays de Morlaix, Morlaix (29).
11 décembre 2025 : L'Atelier à Spectacle - Scène conventionnée, Vernouillet (78).
2 avril 2026 : L'Archipel - Pôle d'action culturelle, Fouesnant (29).
9 avril 2026 : Le Manège - Scène nationale, Maubeuge (59).
























