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Lyrique

Dans les coulisses du "Malade imaginaire", la fameuse comédie-ballet de Molière et Charpentier

Le Centre de musique baroque de Versailles, en partenariat avec le ministère de l'Éducation Nationale, lance une série de dix vidéos autour de la comédie-ballet de Molière et Charpentier à destination des enseignants pour la préparation du baccalauréat de français en juin.



William Christie © Oscar Ortega.
William Christie © Oscar Ortega.
Tout savoir sur "Le Malade imaginaire", la comédie mêlée de musique et de danses (un genre pionnier de l'opéra français), vous en avez rêvé ? Le Centre de musique baroque de Versailles en partenariat avec l'Éducation Nationale l'a fait. Tournées au château de Versailles, sont offertes quatre vidéos d'entretiens de dix à dix-huit minutes avec des spécialistes universitaires mais aussi avec le chef William Christie qui, on s'en souvient, ressuscita la comédie-ballet magistralement en 1990 avec les Arts Florissants dans un spectacle toujours disponible sur le site de l'INA. Ces entretiens sont animés par Judith Le Blanc, maîtresse de conférence à l'Université de Rouen.

La première, proposée par Judith Le Blanc elle-même, s'intitule "Molière et la musique", la seconde s'intéresse au contexte de création au Théâtre du Palais-Royal en 1673 et aux conditions matérielles de la représentation au XVIIe siècle. La troisième est consacrée à la musique de Marc-Antoine Charpentier - dont c'est la première collaboration avec Molière après la défection de Lully devenu Superintendant (avec qui Molière avait travaillé pendant dix ans). La quatrième nous renseigne sur la comédie comme "forme de fête" ; enfin William Christie revient sur la recréation de la comédie-ballet au Théâtre du Châtelet "dans sa splendeur" originelle.

© Bibliothèque nationale de France/gallica.bnf.fr.
© Bibliothèque nationale de France/gallica.bnf.fr.
À ces quatre vidéos s'ajoutent cinq vidéos de trois minutes intitulées "Le thème en trois questions" pour une utilisation avec les élèves et un document PDF compilant les entretiens, l'iconographie et la bibliographie. Tout cela est disponible sur le site Internet du CMBV, sur le site Éduscol, sur le portail des ressources pédagogiques du château de Versailles ainsi que sur le portail Éduthèque, et enfin sur la plateforme éducative Lumni. S'y intéresseront aussi tous les passionnés de musique et en particulier de la comédie-ballet, ce genre tombé en désuétude avec l'apparition de l'opéra français au XVIIe siècle. En 1673, le temps de l'opéra est advenu et Lully s'y emploie.

Ces vidéos sont absolument passionnantes en nous apprenant beaucoup. En 1673, Louis XIV n'aime-t-il plus Molière ? Versailles a-t-il offert une représentation du "Malade imaginaire" (sans Molière qui meurt, on le sait, à la troisième représentation) ? Armande Béjart savait-elle chanter ? Vous le découvrirez dans ces entretiens qu'on peut décidément recommander à tous les amateurs de bonne culture. Rappelons que le CMBV est emblématique du mouvement du "renouveau baroque". Créé en 1987, il a pour vocation de redécouvrir et valoriser le patrimoine musical français des XVIIe et XVIIIe siècles dans le monde.

Pour rappel, 2022 et 2023 seront respectivement le 400e anniversaire de la naissance et le 350e anniversaire de la mort de Molière.

Site du Centre de musique baroque de Versailles :
>> cmbv.fr

Christine Ducq
Lundi 3 Mai 2021

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Concerts | Lyrique







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024