La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2024

•In 2024• "Mothers, A Song for Wartime" Les voix chantées plus fortes que le bruit des chars… - 13/07/2024

On voudrait tellement y croire… Et à entendre résonner dans la fastueuse Cour du Palais des papes les voix de ces ukrainiennes, biélorusses et polonaises, unies par la même détermination combative, on est gagnés par leur émotion… qui devient nôtre. En effet, comment pouvoir résister à ces chants véhiculant, sur des musiques traditionnelles, tant la beauté innocente du monde que l'effroi provoqué...  

, •Off 2024• "Dom Juan… et les clowns" Un Molière vu à travers le regard hilare de Mario Gonzalez et la maîtrise complice d'Irina Brook - 13/07/2024

Les clowns, tels que nous les connaissons, n'existaient pas vraiment du temps de Molière. Ce sont des personnages qui ne lui auraient certainement pas servi puisque les caractères de Molière, tous excessifs et caricaturaux qu'ils puissent être, sont avant tout pris dans la réalité. Les clowns ont une dimension onirique qui nuirait, on peut le penser, au projet de l'auteur comique. Et pourtant, le...  

•In 2024• "Qui som ?" Non plus "être ou ne pas être", mais recolorer la vie en explosant les disciplines… - 12/07/2024

Comme un ovni venu de quelque planète facétieuse, l'énergie fabuleuse de Baro d'evel, troupe franco-catalane, fait voler en éclats les cadres contraignants des disciplines, de la discipline ! Une cohorte d'artistes aux allures faussement sages, venus indifféremment du cirque, de la danse, de la musique, des arts plastiques et artisanaux pour former communauté artistique, conjuguent à l'envi leurs...  

•Off 2024• "Jacques et Chirac" Un "Magouille blues"* décapant et burlesque qui n'occulte pas le mythe du président sympa et séducteur - 12/07/2024

Une comédie satirique enjouée sur le pouvoir, le mensonge et la Cinquième République portée par une distribution tonitruante et enthousiaste, dégustant avec gourmandise le texte de Régis Vlachos pour en offrir la clownesque et didactique substantifique moelle aux spectateurs. Cela est rendu aussi possible grâce à l'art sensible et maîtrisé de l'écriture de l'auteur qui mêle recherche documentaire...  

•Off 2024• "Larzac !" Un cri de ralliement autour d'une utopie qui vit et fait vivre toute une communauté sous des lois différentes - 11/07/2024

Il serait vain de vouloir résumer, raconter, ici, la trame et les personnages qui font vivre ce spectacle. Une page ne suffirait pas à en contenir une infime partie qui, donnée ainsi hors de son contexte, hors de sa forme, hors de l'univers et de l'histoire dont elle dépend, serait incompréhensible. Un univers parfaitement concret, historique avec un grand H même. Le Larzac. Un bout de terre au...  

•In 2024• "Lieux communs" Extension du domaine de la lutte… je doute, donc je suis - 11/07/2024

La double entrée du titre de la pièce écrite et mise en jeu par Baptiste Amann préfigure son dessein. Loin d'être univoque, ce titre – "Lieux communs" –, pour être appréhendé dans sa pluralité de sens, invite à une suspension du jugement… Deux pistes non contradictoires, mais complémentaires se présentent. Il peut être entendu comme la réaffirmation dans l'œuvre de l'auteur metteur en scène de...  

•Off 2024• "Yé ! (L'eau)" Un cirque impertinent et joyeux, collectif d'acrobates virtuoses, abordant l'épineux problème de l'eau - 10/07/2024

Ils sont treize, treize acrobates et danseurs, danseuses, originaires de Conakry, en Guinée. Enfants de la rue, ils et elles ont été formé(e)s aux arts de la scène par les meilleurs professionnels africains et français. Leur dernière création, "Yé ! L'eau" est une épopée spectaculaire qui leur permet de faire à la fois la preuve de leur virtuosité et de nous raconter une histoire "écologique" se...  

•Off 2024• "Comment te dire ?" Un moment de théâtre introspectif bouleversant… Dire pour ne pas sombrer ! - 10/07/2024

Guillaume rêve de jouer le rôle de Cyrano… mais son père ne voit pas les choses de la même façon. C'est un père exigeant qui considère que les performances scolaires sont une priorité ! De plus, la première histoire d'amour de Guillaume le fait énormément souffrir. Pour se faire entendre, il écrit, devient Rimbaud et essaie se donner un sens à tout ce qui lui arrive : ses luttes, ses joies, ses...  

•In 2024• "Lacrima" Des larmes et du sang… Des petites mains d'exception et de grands drames ordinaires - 09/07/2024

Caroline Nguyen excelle dans l'art de faire vivre sous nos yeux un lieu (cf. le fabuleux restaurant vietnamien de "Saïgon", présenté en 2017) pour donner à voir et à entendre le vécu de ses occupants ordinaires. Dans sa nouvelle création, la metteuse en scène nous plonge dans un atelier de haute couture à Paris, un atelier de broderie exceptionnelle à Mumbaï, en Inde et nous ouvre les portes de...  

•Off 2024• "1984"… 1984 et 2024, deux dates qui vont très bien ensemble, très bien ensemble - 08/07/2024

Lorsqu'en 1949 est publié le roman futuriste "1984" du britannique George Orwell, personne n'aurait pu envisager que la dystopie dénoncée deviendrait la réalité annoncée en 2024… du moins celle contre laquelle les participants de "La nuit d'Avignon" – nuit du 4 au 5 juillet –, réunis dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes transformée pour l'occasion en agora politique, se sont mobilisés pour...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024