La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2023

•Off 2023• "Rinocerii (Rhinocéros)" Un Ionesco éclatant de beauté plastique et riche en résonances ubuesques - 17/07/2023

Scénographie éclatante de couleurs, déplacements réglés comme du papier à musique, accompagnement sonore jouant le rôle d'une "détonante" caisse de résonance… Ce serait là encore peu dire de la nouvelle création d'Alain Timar si l'on n'y ajoutait la distribution roumaine confiée à d'époustouflants acteurs… et l'originalité affirmée de la transposition de la pièce maîtresse du théâtre d'Ionesco...  

•Off 2023• "Le grand départ" La mort, c'est la finale, le sommeil, c'est l'entraînement* - 17/07/2023

Citer en exergue un artiste vivant – Orelsan – pour en célébrer un autre, également très vivant – Thibaut Gonzalez –, c'est chose faite et c'est terriblement réconfortant. Nous sommes en 2023, je sors de l'Atelier Florentin, il est 21 h 30 environ à Avignon et, rarement, j'ai eu envie de serrer dans mes bras un comédien, à la fin. La fin, justement ! Parlons-en, tiens. Entre les vivants et les...  

•In 2023• "Écrire sa vie" La vie devant soi ou la découverte du monde selon Virginia Woolf - 17/07/2023

Une communauté d'amis, de l'enfance à l'âge adulte, va vivre sa vie transcendée par les mots qui la disent au fur et à mesure de son évolution. En effet, parler sa vie, c'est lui donner corps. La confronter au langage, c'est explorer les pleins et les déliés qui la maintiennent vivante à la crête des vagues qui pourraient l'engloutir. Ces mêmes "Vagues", couchées sur le papier en 1931 par...  

•Off 2023• "L'Île des esclaves" Marivaux aurait-il anticipé notre monde contemporain sans le savoir ? - 16/07/2023

À la suite d'un naufrage, Iphicrate et Euphrosine échouent sur une île avec leurs esclaves, Arlequin et Cléantis. Le responsable des lieux met en garde : dans cet endroit, l'ordre établi à Athènes n'a plus cours, maîtres et esclaves doivent échanger habits et condition afin de recevoir une leçon d'humanité. Ravis, les deux anciens valets en profitent pour se venger des misères qu'ils ont subies,...  

•In 2023• "Dans la mesure de l'impossible" Un travail "presque" comme les autres… Paroles d'humanitaires en prise avec l'(in)humanité - 16/07/2023

Convier sur scène quatre comédiens, doublures d'humanitaires dont les paroles ont été collectées avec grand soin, pour qu'ils se fassent les passeurs du vécu singulier de chacun, tel est l'enjeu incandescent de cet objet théâtral conçu par Tiago Rodrigues. Ainsi, le plateau de l'Opéra Grand Avignon deviendra-t-il, le temps d'une représentation, le champ d'opérations humanitaires à très hautes...  

•Off 2023• "InKarnè" Une marionnette en miroir d'une danseuse pour une métamorphose colorée et virevoltante ! - 15/07/2023

Théâtre de l'atmosphère et de l'étrange, l'univers de Deraïdenz se veut fantastique, mystérieux et merveilleux. Le spectateur est immergé dans une sorte de monde parallèle grâce à l'esthétique, la musique et les dynamiques qui sont souvent déréalisées ; des temps de lenteur s'entremêlent à des dynamiques très hautes et très soulignées. Le tout est lié à la marionnette qui détient une présence...  

•Off 2023• "Mes élèves vont bien" Les maîtres d'écoles sont des jardiniers en intelligences humaines* - 15/07/2023

Le Festival d'Avignon me fait penser par moments à une immense école. Le programme, composé de près de 1 500 spectacles, tel un guide incontournable, incarne l'instituteur ou l'institutrice. Les élèves sont joués par les nombreux festivaliers et les salles se transforment, le temps d'un été, en salle de classe. Les élèves, ce grand public qui déambule dans les brûlantes rues de la cité, sont...  

•Off 2023• "Derrière le hublot se cache parfois du linge" Et si les difficultés dans le fait de vivre en couple étaient aux antipodes de la bien-pensance ! - 15/07/2023

On voudrait mieux s'aimer. Mais comment faire quand les "mandats" se cumulent : le couple hétérosexuel, le couple cohabitant, le couple avec enfant ou celui qui n'en veut pas ? Le tout, bien entendu, submergé par les eaux troubles du patriarcat. Ce petit système hétéro-normé de longue date est bien loin de rimer encore avec égalité et il est pertinent d'en secouer le cocotier. Deux femmes et un...  

•Off 2023• "Tom à la ferme" Quand un texte profond s'invite sur les planches et "invente quelque chose de beau" - 15/07/2023

Tom, un jeune publicitaire citadin habitant Montréal, se rend dans une ferme éloignée et isolée québécoise pour assister aux funérailles de son amant, mort dans un accident de moto. Dans ce lieu particulier, il rencontre Agathe, la mère de son amant, persuadée qu'il n'est qu'un ami de son fils. Il y rencontre aussi Francis, le grand frère du défunt, un "redneck" qui, lui, est très au fait de la...  

•In 2023• "Marguerite : le Feu" Itinéraire d'une autochtone québécoise, une lutte exemplaire pour s'affranchir des fers - 15/07/2023

Du Mont-Royal à Montréal à la montagne Pelée en Martinique, comme brûlée par la lave souterraine des deux volcans endormis, la trace de Marguerite Duplessis se perd… Première femme d'origine autochtone à avoir osé intenter un procès pour contester sa mise en esclavage par une personnalité québécoise – ayant pignon sur rue – de la traite des Noirs, elle ne pouvait laisser indifférente une autrice...  
1 2 3 4 5 » ... 9






À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024