La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2023

•Off 2023• "Pourquoi les vieux qui n'ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ?" Quand le rire traverse la tragédie de la vie comme un feu d'artifice ! - 26/07/2023

Il y a des sujets qui terrorisent chacun de nous. Des destinées inéluctables. Des tabous. Des peurs paniques qui serrent les tripes et tendent les muscles en spasmes involontaires. "Mourir, chantait Brel, mourir, cela n'est rien, mourir la belle affaire ! Mais vieillir…" Dans notre société, la vieillesse n'est pas très esthétique, ni très valorisante, ni très fun, ni très cool, ni très hype, ni...  

•Off 2023• "L'Essence" Un spectacle d'une grande sensibilité dans lequel la danse fédère et apaise les consciences - 26/07/2023

Cette pièce chorégraphique, née pendant le premier confinement, a eu comme point de départ l'attentat de Nice au cours duquel un être, parmi tant d'autres, s'est réveillé dans un corps qu'il ne connaissait plus, atteint de déficiences visuelles, auditives, et de troubles du comportement. "Il y a eu une explosion… puis plus rien…" Fusion des sens. Synesthésie. Il faut amener cet être à se...  

•In 2023• "Carte noire nommée désir" La femme noire est-elle née noire… ou l'est-elle devenue au travers de l'objet du fantasme des blancs ? - 25/07/2023

Sur le plateau, huit performeuses adeptes des beaux-arts, du cirque, de l'art lyrique ou encore du théâtre. De toutes générations, de toutes morphologies et d'origines différentes, sociales ou géographiques. Ce qui les réunit au-delà de leur couleur de peau métisse ou ébène, c'est leur désir – cristallisé par Rébecca Chaillon, metteuse en scène afro-militante – de faire éclater le carcan des...  

•Off 2023• "La question" Face à la torture, une affaire d'État, comment rester debout… quand bien même devrait-on en mourir - 24/07/2023

Quand en 1958, en plein "événements" d'Algérie (l'État français refusant de nommer "guerre" les combats menés par le peuple algérien pour son indépendance) paraît "La Question" d'Henri Alleg aux Éditions de Minuit (de Jérôme Lindon), le livre est saisi pour "atteinte au moral de l'armée". Aussitôt réédité en Suisse par Jean-Jacques Pauvert, le fascicule à la couverture couleur bistre barrée de...  

•In 2023• "Antigone in the Amazon" Les arts vivants grandeur nature… - 24/07/2023

Les expressions, à force d'être employées, s'usent comme des prêts-à-porter élimés devenant, le temps passant, des coques vides. La formule "les arts vivants" n'échappe pas à cette règle. Mais quand le metteur en scène suisse Milo Rau, connu pour pratiquer un théâtre enraciné dans les réalités sociétales du monde d'ici et d'ailleurs, un théâtre sans concession pour le politiquement correct (cf....  

•Off 2023• "Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes - 24/07/2023

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour...  

•Off 2023• "Truffaut Correspondance" L'enfant sauvage du cinéma français, l'homme qui aimait que la vérité soit dite - 23/07/2023

François Truffaut tel qu'en lui-même, c'est l'enjeu du passage au plateau des morceaux choisis de la correspondance du cinéaste phare de la nouvelle vague… grand amoureux du genre épistolaire, homme dans toute la vérité de sa nature, homme doué d'une sensibilité blessée mâtinée d'une intelligence aiguisée et d'un caractère ne souffrant aucune concession. Lui qui vécut en effet jusqu'à ses douze...  

•Off 2023• "Y'a brûler et cramer" Une petite forme de trente minutes qui nous invite peut-être à une nouvelle route - 23/07/2023

Camille, jeune femme cisgenre de trente ans, décide un jour de partir en auto-stop, sans rien dire à personne, son micro à la main, et traverse le territoire franco-belge jusqu'aux Alpes-Maritimes. De voiture en voiture, elle recueille des histoires intimes des conducteurs et conductrices qu'elle rencontre. Ses échanges l'aident à se mettre à l'écoute de son propre corps et à se réapproprier le...  

•In 2023• "Black Lights" Puissance des corps et force des paroles, un oratorio coup de poing - 22/07/2023

Il est des spectacles qui captivent et d'autres qui, au-delà de l'intérêt très fort qu'ils suscitent, vous introduisent dans un état de conscience augmentée propre à vous transporter dans leur monde. La dernière création de la chorégraphe Mathilde Monnier, présentée dans le lieu féérique du Cloître des Carmes, appartient à cette catégorie rare. En effet, au-delà de ce que l'on sait des outrages...  

•Off 2023• "Adolphe" On lutte quelque temps contre sa destinée, mais on finit toujours pas céder* - 22/07/2023

J'ignore quelle est la destinée de la comédienne Dominique Scheer-Hazemann qui, dans cet(te) "Adolphe" excelle de toute sa justesse, sa force et sa sensibilité, mais nul doute que la place qu'elle occupe, du corps au cri du cœur, sur scène, est définitivement la sienne. Seule au plateau dans cette salle du Petit Louvre à Avignon, elle ne vient pas nous raconter sa vie ou ses éventuelles...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024