Dans un dispositif bi frontal offrant une proximité entre public et interprètes de ces capsules judiciaires (au nombre de dix et annoncées chacune par un "carton" projeté), les actrices et acteurs vont (re)jouer devant nous les minutes de ces dossiers judiciaires. Aucun effet de manche, mais au contraire la recherche de les donner à entendre et voir avec grande authenticité. Octobre 2023 - juin 2025, Paris - Milan - Lisbonne – Barcelone. À la différence du monde de la tragédie antique, l'unité de temps et de lieu sera bousculée au service des "vérités" qui vont se dire.
Première capsule : "L'amour et la loi". Quand on est homosexuel, que l'on veut mette fin à une vie de couple de plus de vingt ans avec une partenaire mère de ses enfants, et ce, pour l'unique raison que l'on se sent enfin prêt à assumer pleinement ses choix sexuels, on se retrouve en porte-à-faux avec les us et coutumes en vigueur. En effet, si l'homosexualité a été dépénalisée en France depuis 1982, il faudra attendre le début des années quatre-vingt-dix pour que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) raye – sur le papier – l'homosexualité de la liste des maladies mentales. Alors comment faire reconnaître à un juge des Affaires Familiales les raisons pour lesquelles ce Monsieur demande le divorce, avec la garde alternée de ses enfants ?
Première capsule : "L'amour et la loi". Quand on est homosexuel, que l'on veut mette fin à une vie de couple de plus de vingt ans avec une partenaire mère de ses enfants, et ce, pour l'unique raison que l'on se sent enfin prêt à assumer pleinement ses choix sexuels, on se retrouve en porte-à-faux avec les us et coutumes en vigueur. En effet, si l'homosexualité a été dépénalisée en France depuis 1982, il faudra attendre le début des années quatre-vingt-dix pour que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) raye – sur le papier – l'homosexualité de la liste des maladies mentales. Alors comment faire reconnaître à un juge des Affaires Familiales les raisons pour lesquelles ce Monsieur demande le divorce, avec la garde alternée de ses enfants ?
Cette femme-juge n'est pas particulièrement homophobe, mais elle manque d'informations sur l'éducation d'un enfant par un couple d'homos, si bien que sa première réaction est une moue de dégoût. La plaidoirie de l'avocate se fondera alors sur l'égalité des droits civils (mariage, PMA, etc.) de tous les citoyens, incluant donc les gays et lesbiennes dans la même communauté de droits… Le rôle d'un juge est d'être, à l'exclusion des convictions morales lui appartenant, d'être le gardien des lois… soumises certes à son entière interprétation.
Dans le cas présent, l'avocate obtient gain de cause pour son client : la cause était judiciairement juste, elle avait eu affaire au bon juge, il a prononcé le bon jugement (les trois conditions à réunir pour gagner un procès). L'adoption de l'enfant par le conjoint homo est obtenue, mais pas la "transparentalité", échec de substituer aux mots "père" et "mère" celui de "parent" plus approprié pourtant à la situation du couple. La loi évolue à son rythme, celui des Sénateurs…
Suivront d'autres capsules "plaidées" en français, italien, portugais, espagnol (à ce sujet, on regrettera l'absence de traduction surtitrée en français, un handicap pour le spectateur "ordinaire"… trace d'un élitisme récurrent, en contradiction avec l'esprit même de ce projet), ces "Affaires Familiales" (re)présentées étant issues de plusieurs pays européens. Il y sera ainsi question d'un couple gay désirant avoir recours à l'étranger à la GPA et se retrouvant, leur visa touristique ayant expiré, dans la situation de migrants illégaux… et leur enfant, de fait, dans "les limbes". Une histoire ourlée d'homophobie doublée de misogynie.
Une "avocate" racontera à son tour son immense émotion d'avoir réussi, après avoir prôné une patience de longues années à sa cliente, à obtenir d'une juge algérienne qu'une mère française puisse rapatrier son enfant de treize ans, pleurant sur ses genoux comme s'il avait deux ans. Problème récurrent aux pays de droit musulman où lorsque le père algérien a enlevé l'enfant pour le ramener avec lui au pays, les possibilités pour la mère française de revoir son enfant sont très faibles. Sa stratégie a été de faire que le lien entre l'enfant et la mère perdure au travers de visites régulières rendues par la mère à l'enfant qui lui avait été ravi.
Autre chapitre, celui des violences faites aux femmes lorsqu'elles sont amenées à dénoncer l'inceste perpétré par le père sur son propre enfant… La défense joue souvent de la jurisprudence pour arguer que l'enfant ne peut être cru, qu'il a été manipulé par la mère rangée au rang des "sorcières hystériques". Double peine insoutenable, l'enfant est retiré à la mère et placé en famille d'accueil. Comment peut-on abuser ainsi la justice ? L'empilement des décisions ne prenant pas en compte les expertises aboutissent à un classement sans suite du procureur, rejetant le bienfondé de la plainte déposée par la mère, plainte étayée pourtant par des preuves tangibles.
Dans le cas présent, l'avocate obtient gain de cause pour son client : la cause était judiciairement juste, elle avait eu affaire au bon juge, il a prononcé le bon jugement (les trois conditions à réunir pour gagner un procès). L'adoption de l'enfant par le conjoint homo est obtenue, mais pas la "transparentalité", échec de substituer aux mots "père" et "mère" celui de "parent" plus approprié pourtant à la situation du couple. La loi évolue à son rythme, celui des Sénateurs…
Suivront d'autres capsules "plaidées" en français, italien, portugais, espagnol (à ce sujet, on regrettera l'absence de traduction surtitrée en français, un handicap pour le spectateur "ordinaire"… trace d'un élitisme récurrent, en contradiction avec l'esprit même de ce projet), ces "Affaires Familiales" (re)présentées étant issues de plusieurs pays européens. Il y sera ainsi question d'un couple gay désirant avoir recours à l'étranger à la GPA et se retrouvant, leur visa touristique ayant expiré, dans la situation de migrants illégaux… et leur enfant, de fait, dans "les limbes". Une histoire ourlée d'homophobie doublée de misogynie.
Une "avocate" racontera à son tour son immense émotion d'avoir réussi, après avoir prôné une patience de longues années à sa cliente, à obtenir d'une juge algérienne qu'une mère française puisse rapatrier son enfant de treize ans, pleurant sur ses genoux comme s'il avait deux ans. Problème récurrent aux pays de droit musulman où lorsque le père algérien a enlevé l'enfant pour le ramener avec lui au pays, les possibilités pour la mère française de revoir son enfant sont très faibles. Sa stratégie a été de faire que le lien entre l'enfant et la mère perdure au travers de visites régulières rendues par la mère à l'enfant qui lui avait été ravi.
Autre chapitre, celui des violences faites aux femmes lorsqu'elles sont amenées à dénoncer l'inceste perpétré par le père sur son propre enfant… La défense joue souvent de la jurisprudence pour arguer que l'enfant ne peut être cru, qu'il a été manipulé par la mère rangée au rang des "sorcières hystériques". Double peine insoutenable, l'enfant est retiré à la mère et placé en famille d'accueil. Comment peut-on abuser ainsi la justice ? L'empilement des décisions ne prenant pas en compte les expertises aboutissent à un classement sans suite du procureur, rejetant le bienfondé de la plainte déposée par la mère, plainte étayée pourtant par des preuves tangibles.
Et la mère sera condamnée pénalement parce qu'elle n'a pas rendu à temps l'enfant à la famille d'accueil... Mères démunies face à des pères mettant en place des stratégies violentes encouragées par des associations de défenses des pères et face à des institutions qui décrédibilisent leurs paroles… "Bâillonner les enfants, les mères, les médecins, les avocats… Le sentiment d'injustice de mes clientes, je le partage".
Capsule "Napoléon à la Cour européenne"… Comment l'archaïsme du Code Napoléon, actant que la femme mariée ne peut refuser les relations sexuelles avec son mari – article "interprété" par les avocats pour la défense du mari accusé par son épouse de violences répétées à son égard – a conduit, devant une Cour d'appel constituée de trois magistrates, une femme ayant eu à subir ces viols conjugaux.
Le verdict est tombé : condamnation… pour refus de se plier au devoir conjugal… Avoir saisi alors la Cour européenne était, pour la cliente et son avocate, un acte de réparation. Et même n'obtiendrait-elle pas satisfaction, ce n'est pas elle qui subirait l'échec, mais la Justice.
Capsule "Napoléon à la Cour européenne"… Comment l'archaïsme du Code Napoléon, actant que la femme mariée ne peut refuser les relations sexuelles avec son mari – article "interprété" par les avocats pour la défense du mari accusé par son épouse de violences répétées à son égard – a conduit, devant une Cour d'appel constituée de trois magistrates, une femme ayant eu à subir ces viols conjugaux.
Le verdict est tombé : condamnation… pour refus de se plier au devoir conjugal… Avoir saisi alors la Cour européenne était, pour la cliente et son avocate, un acte de réparation. Et même n'obtiendrait-elle pas satisfaction, ce n'est pas elle qui subirait l'échec, mais la Justice.
Mais parfois les dénouements peuvent être positifs. Après trois longues années d'attente, le jugement a été rendu condamnant la France et offrant ainsi une jurisprudence progressiste pour le droit des femmes. Immense joie partagée par toutes et tous sur le plateau… Les remerciements adressés par la conceptrice du projet "à celles et ceux qui m'ont parlé", seront partagés dans les travées par les spectateurs, témoins oculaires des (ré)interprétaions de ces paroles essentielles. Des propos bousculant l'idée d'une justice au-dessus de tous soupçons - une justice profondément "encrée" par les travers conservateurs d'un ordre établi - et exaltant l'idée que seul un travail rigoureux d'avocat(e)s déterminé(e)s peut apporter de l'espoir à celles, nombreuses, qui ont recours à la juridiction des "Affaires Familiales". Un théâtre nécessaire qui (re)donne pleinement "voix de cité" aux femmes.
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 16 juillet 2025 au Tinel de La Chartreuse-CNES de Villeneuve-lès-Avignon (30).
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 16 juillet 2025 au Tinel de La Chartreuse-CNES de Villeneuve-lès-Avignon (30).
"Affaires Familiales"
Création 2025.
En français, italien, portugais, espagnol, surtitré en anglais.
Récits difficiles (violences sexuelles et de genre).
Conception, écriture, mise en scène : Émilie Rousset.
Assistante à la mise en scène : Elina Martinez.
Avec : Saadia Bentaïeb, Antonia Buresi, Teresa Coutinho, Ruggero Franceschini, Emmanuelle Lafon, Núria Lloansi, Manuel Vallade.
Conception du dispositif scénographique : Nadia Lauro.
Musique : Carla Pallone.
Collaboration à l'écriture : Sarah Maeght.
Création lumière : Manon Lauriol.
Conception audiovisuelle : Joséphine Drouin Viallard et Alexandra de Saint Blanquat.
Cadrage additionnel : Italie Tommy.
Cadrage additionnel Espagne : Maud Sophie.
Montage : Carole Borne, avec le renfort de Gabrielle Stemmer.
Costume : Andréa Matweber.
Dispositif son et vidéo : Romain Vuillet.
Régie plateau et régie générale : Jérémie Sananes.
Surtitrage : Panthea, Juliette Rivens et Anna Livesey.
Durée : 2 h 10.
Le texte de la pièce est écrit à partir d'entretiens réalisés avec des avocates et avocats, justiciables, responsables associatifs et parlementaires, notamment avec Fabíola Cardoso, Davide Chiappa, Anne Lassalle, Caroline Mécary, Lilia Mhissen, Isabel Moreira, Pauline Rongier, Hansu Yalaz, Marco Zaba, Neus Aragonès, Alice Bouissou, Véronique Chauveau, Michele Giarratano, Agnès Guimet, Montse Martí, Diodio Metro, Joana Mortaga, Luca Paladini, Morghân Peltier, Jennifer Tervil, Agathe Wehbé, les équipes du Parloir Père-Enfants ARS95, des associations Adepape95-Repairs!95, Protéger l'enfant, de la Oficina de comunicació de la Policia de la Generalitat – Mossos d'Esquadra.
•Avignon In 2025•
A été représenté du 9 au 17 juillet 2025.
Représenté à 18 h.
Tinel de La Chartreuse-CNES de Villeneuve-lès-Avignon (30).
Billetterie en ligne
>> festival-avignon.com
Tournée
19 au 3 octobre 2025 : Théâtre de la Bastille (dans le cadre du Festival d'Automne), Paris (75).
7 et 8 octobre 2025 : Lieu Unique, Scène nationale de Nantes (44).
3 au 12 décembre 2025 : Centre Dramatique National Orléans (45).
11 et 12 février 2026 : Communs, Nouvelle scène nationale de Points Cergy-Pontoise/Val d'Oise (95).
12 et 13 mars 2026 : Le volcan, Scène nationale du Havre (76).
18 au 20 mars 2026 : Scène nationale de l'Essonne, Agora-Desnos, Evry-Courcouronnes (91).
En français, italien, portugais, espagnol, surtitré en anglais.
Récits difficiles (violences sexuelles et de genre).
Conception, écriture, mise en scène : Émilie Rousset.
Assistante à la mise en scène : Elina Martinez.
Avec : Saadia Bentaïeb, Antonia Buresi, Teresa Coutinho, Ruggero Franceschini, Emmanuelle Lafon, Núria Lloansi, Manuel Vallade.
Conception du dispositif scénographique : Nadia Lauro.
Musique : Carla Pallone.
Collaboration à l'écriture : Sarah Maeght.
Création lumière : Manon Lauriol.
Conception audiovisuelle : Joséphine Drouin Viallard et Alexandra de Saint Blanquat.
Cadrage additionnel : Italie Tommy.
Cadrage additionnel Espagne : Maud Sophie.
Montage : Carole Borne, avec le renfort de Gabrielle Stemmer.
Costume : Andréa Matweber.
Dispositif son et vidéo : Romain Vuillet.
Régie plateau et régie générale : Jérémie Sananes.
Surtitrage : Panthea, Juliette Rivens et Anna Livesey.
Durée : 2 h 10.
Le texte de la pièce est écrit à partir d'entretiens réalisés avec des avocates et avocats, justiciables, responsables associatifs et parlementaires, notamment avec Fabíola Cardoso, Davide Chiappa, Anne Lassalle, Caroline Mécary, Lilia Mhissen, Isabel Moreira, Pauline Rongier, Hansu Yalaz, Marco Zaba, Neus Aragonès, Alice Bouissou, Véronique Chauveau, Michele Giarratano, Agnès Guimet, Montse Martí, Diodio Metro, Joana Mortaga, Luca Paladini, Morghân Peltier, Jennifer Tervil, Agathe Wehbé, les équipes du Parloir Père-Enfants ARS95, des associations Adepape95-Repairs!95, Protéger l'enfant, de la Oficina de comunicació de la Policia de la Generalitat – Mossos d'Esquadra.
•Avignon In 2025•
A été représenté du 9 au 17 juillet 2025.
Représenté à 18 h.
Tinel de La Chartreuse-CNES de Villeneuve-lès-Avignon (30).
Billetterie en ligne
>> festival-avignon.com
Tournée
19 au 3 octobre 2025 : Théâtre de la Bastille (dans le cadre du Festival d'Automne), Paris (75).
7 et 8 octobre 2025 : Lieu Unique, Scène nationale de Nantes (44).
3 au 12 décembre 2025 : Centre Dramatique National Orléans (45).
11 et 12 février 2026 : Communs, Nouvelle scène nationale de Points Cergy-Pontoise/Val d'Oise (95).
12 et 13 mars 2026 : Le volcan, Scène nationale du Havre (76).
18 au 20 mars 2026 : Scène nationale de l'Essonne, Agora-Desnos, Evry-Courcouronnes (91).