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Création d'un Centre national de la musique : une initiative qui gagnerait à être étendue à tout le spectacle vivant  04/10/2011

La SACD a pris connaissance avec intérêt des propositions formulées dans le rapport sur "la création musicale et la diversité à l’ère numérique" remis au ministre de la Culture et de la Communication par Franck Riester, député de Seine-et-Marne, Alain Chamfort, auteur compositeur interprète, Daniel Colling, directeur du Zénith de Paris et du festival "le Printemps de Bourges", Marc Thonon, directeur du label Atmosphériques, président de la Société civile des producteurs de phonogrammes en France (SPPF), et Didier Selles, conseiller-maître à la Cour des Comptes.

Le rapport formule une proposition principale : la création d’un Centre National de la Musique. La SACD se réjouit du fait que le Centre National de la Cinématographie (CNC) devienne un modèle appliqué à une industrie de la musique qui a subi ces dernières années une crise telle que la mise en œuvre d’une politique publique renforcée avec un véritable fonds de soutien ne saurait être discutée.

La SACD note également avec satisfaction que les auteurs de ce rapport mais aussi les pouvoirs publics semblent soucieux de garantir l’autonomie de financement du CNC, de préserver les ressources prélevées auprès des Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) et de maintenir une ambition élevée pour la politique de soutien à l’audiovisuel et au cinéma.

À cet égard, la présentation du budget 2012 du ministère de la Culture et de la Communication et du CNC a confirmé le maintien de cet engagement fort grâce à une taxe sur les services de télévision qui devrait être réformée pour en préciser l’assiette et ainsi éviter le contournement actuel de la législation par certains opérateurs qui faussent aujourd’hui le jeu de la concurrence et obèrent le financement de la création.

Cette réforme permettra d’aboutir à un niveau de prélèvement garantissant un dynamisme raisonnable des ressources du CNC et une capacité à répondre notamment au défi du numérique et de la numérisation des salles et des œuvres.

La SACD encourage toutefois les pouvoirs publics à faire preuve d’ambition dans son renouvellement de la politique en faveur de la musique et de viser l’intérêt général de la création. La SACD considère notamment que la création éventuelle d’un Centre National de la Musique devrait contribuer à soutenir toutes les musiques, sans exclusion aucune, mais également le spectacle vivant dans toute sa diversité.

La SACD trouverait regrettable que la mise en œuvre de mesures de soutien à d’autres secteurs culturels ignore un spectacle vivant, notamment non musical, porté par des théâtres publics, qui irrigue l’ensemble du territoire national et qui repose aujourd’hui très largement sur les financements d’un État et de collectivités locales soumis à la nécessité de faire des efforts de maîtrise des dépenses publiques très significatifs.

La faible diffusion du spectacle vivant justifierait par ailleurs à elle seule qu’une partie des nouvelles ressources prélevées puisse venir alimenter un soutien spécifique afin de permettre une exploitation allongée des œuvres : pour mémoire, dans l’étude que la SACD avait lancée en 2007, il était apparu que dans les Centres Dramatiques Nationaux (CDN), une œuvre chorégraphique était jouée en moyenne 3 fois ; cette moyenne s’élevait à 7 pour les œuvres théâtrales. Depuis 2007, la réalité ne semble pas avoir évoluée.

Aussi, la SACD demande au Gouvernement de mener de front et en cohérence les réflexions en cours sur la musique et le spectacle vivant en tenant compte, le cas échéant, des propositions qui pourraient être faites par la mission de réflexion sur les financements du spectacle vivant dont les premières conclusions devraient être rendues d’ici quelques semaines.

La SACD l’invite enfin à ne pas oublier un secteur du spectacle vivant dynamique et créatif qui a besoin de nouvelles sources de financement extra-budgétaires pour ne pas subir de plein fouet la crise des finances publiques.
Communiqué SACD
La Rédaction

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