La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Satire d’une critique théâtrale française pour "une satire de la vie culturelle française"

Très chers Dramaticules,
Voilà un dernier spectacle que vous avez écrit tout sauf réjouissant. Même si le rire fuse dans la salle du théâtre de Châtillon, je suis très en colère de ce que vous osez dénoncer. Oh non, je n’ai absolument pas ri et ne rirai jamais d’une telle création, qui porte parfaitement son titre : "Affreux, bêtes et pédants". D’ailleurs, Je pense que je vais finir par écrire à Mme Filippetti pour me plaindre d’autant de pédantisme et d’absurdités. Mais où va le spectacle vivant aujourd’hui ? Au moins, nous rejoignons-nous sur un point : il va mal, très mal. Oui, cela est une certitude.



Noémie Guedj dans "Affreux, bêtes et pédants" © Jean-Louis Fernandez.
Noémie Guedj dans "Affreux, bêtes et pédants" © Jean-Louis Fernandez.
Je ne suis pas là pour vous donner des leçons. Ce n’est d’ailleurs pas le rôle d’un critique, même si j’en connais un bout en théâtre et que je suis moi-même "auteure" à mes heures perdues (il faudra d’ailleurs que je vous lise à l’occasion ce que j’ai écrit). Mais je vous rappelle qu’en jouant dans un théâtre tel que celui de Châtillon, c’est d’abord grâce à l’argent du contribuable que vous êtes là.

N’avez-vous pas l’impression de prendre le spectateur pour un Co… en lui disant qu’il ne sait pas ce que le mot veut dire ? Oubliez-vous qu’il peut aussi y avoir des professeurs ou des gens tout à fait cultivés dans la salle ? À moins que ce soit peut-être parce que vous avez passé le périphérique et que vous vous retrouvez à Châtillon que vous pensez que le public est "neuneu" ?

Et de quel droit critiquez-vous le travail d’un directeur de théâtre ? Christian Lalos vous accueille dans un compagnonnage pour trois ans et j’apprends que vous tentez de lui piquer sa place : la preuve en image ci-dessous (Vidéo des Dramaticules réalisée par Léa Torreadrado).

D’ailleurs, votre spectacle manque carrément de franchise ! Vous auriez pu le dire que c’est grâce à un piston (et pas n’importe lequel, mais je ne donnerai pas de nom, histoire de ne pas mettre mal à l’aise la personne, même si cette dernière aimerait bien qu’on lui renvoie de temps en temps l’ascenseur... Là, le message est passé !) que vous avez commencé à jouer à Châtillon.

Vous manquez vraiment d’honnêteté sur ce coup-là, non ? Mais vous avez raison sur un point, on ne le sait que trop, dans ce milieu, à quoi sert le talent ? À ce sujet, Christian Lalos a beau dire*, pas facile hein de contacter un directeur et de jouer dans un théâtre digne de ce nom ! C’est même à se demander si le fonctionnement de tous ces lieux ne serait pas un peu opaque ! Après tout, il n’y a qu’à regarder les "propositions artistiques fortes et originales" de la plupart des salles publiques, c’est à peu près toujours les mêmes artistes qu’on retrouve et que nous critiquons… non ?

Les Dramaticules dans "Affreux, bêtes et pédants" © Jean-Louis Fernandez.
Les Dramaticules dans "Affreux, bêtes et pédants" © Jean-Louis Fernandez.
Le sujet aurait-il mérité "forage plus profond" comme dit l’autre ? C’est possible si David Maison avait accepté de se tartiner le corps de Nutella au lieu de ne se contenter que du visage. Alors peut-être la proposition artistique aurait gagné en "profondeur" ! En attendant, si vous avez envie de rire de ces "affreux, bêtes et pédants" spectateurs, allez-y ! Traversez le périph' et surtout ne croyez pas toujours ce que raconte le critique ! Cela vaut parfois mieux !

*Voir "L’œil écoute" dissèque Châtillon... Volet 4

"Affreux, bêtes et pédants"

Jérémie Le Louët dans "Affreux, bêtes et pédants" © Jean-Louis Fernandez.
Jérémie Le Louët dans "Affreux, bêtes et pédants" © Jean-Louis Fernandez.
Texte : Julien Buchy, Anthony Courret, Noémie Guedj, Jérémie Le Louët, David Maison.
Scénarisé et mis en scène par : Jérémie Le Louët.
Avec : Julien Buchy, Anthony Courret, Noémie Guedj, Jérémie Le Louët, David Maison.
Conception vidéo : Jérémie Le Louët, Thomas Chrétien, Simon Denis.
Lumière : Thomas Chrétien.
Son : Simon Denis.
Scénographie : Blandine Vieillot.
Durée : 1 h 40.

Du 16 au 26 janvier 2014.
Du lundi au samedi à 20 h 30, sauf dimanche à 15 h et relâche le mercredi.
Théâtre à Châtillon (92), 01 55 48 06 90.
Une navette vient chercher les spectateurs depuis la gare de Châtillon, il suffit de prévenir un peu avant le théâtre.
>> theatreachatillon

Mercredi 22 Janvier 2014

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024