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Paroles & Musique

Sanseverino prend un nouvel envol du côté du bluegrass, façon "Papillon"…

"Papillon", tel est le titre du nouvel album de Sanseverino et de sa tournée. Un spectacle musical tout droit inspiré de ses souvenirs d'enfance en matière de lecture. En effet, "Papillon", alias Henri Charrière, est le surnom d'un forçat du bagne de Cayenne, né en 1906 en Ardèche. Son récit d'aventures et d'évasion autobiographique fut un best-seller en librairie en 1969.



© DR.
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Sanseverino, après environ cinq lectures, marqué par cet ouvrage, a l'idée de s'en inspirer et de créer un répertoire de chansons interprétées de façon chronologique. Ainsi, il déroule, au fil des titres, les aventures de ce héros, personnage haut en couleur, tantôt drôle, tantôt touchant ou rocambolesque. À cette occasion, le chanteur s'entoure de la même formation musicale que pour "Honky Tonk", sa précédente tournée. Les musiciens véritablement excellents nous livrent une superbe orchestration live des morceaux.

Pierre-Yves Paris - Comment appelleriez-vous ce type de concert-spectacle ?

Senseverino - Ce n'est pas un conte musical, cela reste un concert car ce n'est pas théâtralisé. Plus simplement, c'est une succession de chansons ayant un lien entre elles et racontant une seule et même histoire.

Cet exercice d'écriture était-il plus compliqué que d'écrire des chansons avec des thèmes différents ?

Senseverino - Non, en fait, j'ai trouvé ça plus facile car il me suffisait de piocher des informations dans l'histoire de "Papillon" et m'en faire des fiches de lecture avec les dates, l'environnement, les lieux, les personnages et les noms. Je me suis imposé de garder ces éléments et cette période d'écriture a été un grand moment. J'étais très habité par cette histoire mais il fallait que j'y intègre des mots personnels.

© DR Le Mans Chansons.
© DR Le Mans Chansons.
Vous avez décidé de monter un spectacle en vous inspirant de ce livre "Papillon", avez-vous hésité avec un autre livre pour réaliser ce concept ?

Senseverino - Oui, en effet, j'ai hésité avec un autre livre intitulé "Suttree" de Cormac Mc Carthy mais c'était un très gros bouquin et cela aurait été très difficile de contenir l'histoire en un seul album et une douzaine de chansons. En fait, je pense qu'il arrive plus de choses à "Papillon" dans un livre de 300 pages que "Suttree" qui en fait 1 000. Son histoire est aussi plus proche de ma culture.

Écrire un jour un roman est-il quelque chose qui vous a traversé l'esprit ?

Senseverino - Oui et non, parce que je suis habitué à écrire des phases courtes et à synthétiser un récit. Le roman c'est la technique inverse, étaler, étaler… Enfin, c'est pour qu'on ne s'ennuie pas, mais c'est complètement différent. Mathias Malzieu m'avait sollicité un jour afin d'écrire une nouvelle mais je n'y suis jamais arrivé. Ce n'était à mon goût qu'une mauvaise rédaction !

Quelle est votre façon de recruter vos musiciens qui sont tous plus bons les uns que les autres ?

Senseverino - Quand je vois des musiciens sur scène et que j'ai le coup de cœur, je garde ça dans un coin de ma tête. Puis, le jour venu, quelques fois des années après, je les contacte pour savoir s'ils seraient partants pour bosser avec moi. Je cherche des musiciens qui ont un son et une pensée de groupe, habitué à construire ensemble et non pas accompagner uniquement. Je demande aussi à mes amis, lorsque je cherche un contrebassiste par exemple, s'ils en connaissent un. Moi, je ne peux pas faire passer une audition et dire : "allez-y, jouez-moi mon morceau" ; puis, après écoute, je rappelle en disant : "non, ça ne va pas, merci, au revoir". C'est aussi une question de confiance. Si on me préconise un musicien, on me connaît, on va savoir que le côté humain est très important chez moi. Il faut qu'on puisse être copain quand même, le spectacle n'est pas une relation de travail de bureau !

Quelle est votre plus grande fierté par rapport à tout ce parcours artistique ?

Senseverino - C'est de pouvoir dire que je peux vivre de ma musique et d'avoir pu rester intègre sans avoir eu à faire un choix dans ce milieu. Que je cède au fait que l'on me demande de faire disparaître un trait de ma personnalité au profit d'un autre plus superficiel par exemple, cela aurait pu. Ceux qui m'apprécient sont contents que je sois resté naturel. Mon attitude est la même entre le gars qui est sur un plateau TV et le gars qui sort dans la rue, ou quand je suis chez moi.

● Sanseverino "Papillon".
Label : Columbia.
Distribution : Sony Music France.
Sortie : 23 octobre 2015.

Sanseverino, chant et guitare.
Jean-Marc Delon, banjo 5 cordes.
Christian Séguret, mandoline, fiddle.
Christophe Cravero, violon alto.
Jidé Jouannic, contrebasse.
Renforcés par Lionel Suarez à l’accordéon et Xa Mesa aux percussions.

Tournée
21 janvier 2016 : Théâtre, Aurillac (15).
22 janvier 2016 : Train Théâtre, Portes-Lès-Valence (26).
5 février 2016 : Les Lobis, Blois (41).
6 février 2016 : Cap Cinéma, Rodez (12).
26 février 2016 : Euromuses, Dijon (21).
27 février 2016 : Bicubic, Romont (Suisse).
5 mars 2016 : Salle Guy Obino, Vitrolles (13).
11 mars 2016 : La Citrouille, Saint-Brieuc (22).
12 mars 2016 : Théâtre, Corbeil-Essonnes (91).
17 mars 2016 : L'échiquier, Pouzauges (85).
18 mars 2016 : Arnage (72).
19 mars 2016 : Espace des Arts, Les Pavillons-sous-bois (93).
27 mars 2016 : Théâtre, Montrouge (92).
1er avril 2016 : Le Bascala, Bruguières (31).
8 avril 2016 : Théâtre Paul Éluard, Bezons (95).

© Free Music/By JoT.
© Free Music/By JoT.
13 août 2016 : Festival des Vers Solidaires, Saint-Gobain (02).
5 octobre 2016 : Salle André Malraux, Sarcelles (95).
6 octobre 2016 : La Bouche d'Air, Nantes (44).
7 octobre 2016 : Centre culturel Le Triskell, Pont-l'Abbé (29)
8 octobre 2016 : La Loco, Mézidon-Canon (14).
13 octobre 2016 : Festival des Internationales de la Guitare, Salle Les Dômes, Rivesaltes (66).
14 octobre 2016 : Centre Culturel Boris Vian, Les Ulis (91).

Pierre-Yves Paris
Lundi 11 Janvier 2016

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© PKL.
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© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

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