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Humour

Marianne Sergent passe l‘actualité à la moulinette

Elle fut une humoriste majeure dans les années quatre-vingt, avec notamment un sketch devenu culte, qui lui a valu d’être interdite à la télévision, "La Recette de la fellation". Même si ses apparitions sont aujourd’hui moins fréquentes, son militantisme, son franc-parler et sa gouaille font chaque fois mouche, qu’elle nous raconte la Commune ou Jeanne d’Arc, ou commente, comme ici, l’actualité.



© DR.
© DR.
Pour donner le ton, elle précise, en préambule et sous couvert de la possibilité pour le public de prendre des photos pendant le spectacle : "Je n’appartiens à personne". Puis, "armée" d’un quotidien du jour, Marianne en feuillette les pages, s’arrêtant aussi bien sur des faits divers que sur le sport, l’économie et, bien sûr, la politique, puisque cette halte parisienne n’est pas du tout fortuite. Elle correspond, vous ne pouvez l’ignorer, à la dernière ligne droite avant le premier tour des élections présidentielles ! Certes, l’exercice n’est pas nouveau mais la personnalité de Marianne Sergent, son tempérament atypique, ses convictions et sa sincérité transforment cet instant en parenthèse unique dans notre espace scénique (remercions au passage le Café de la Gare pour cette programmation !).

Férue d’Histoire, cultivée et n’ayant pas la langue dans sa poche, Marianne a soigneusement préparé sa causerie dans la journée, fournissant un travail journalistique et néanmoins festif. Aussi, l’émaille-t-elle de citations choisies, de faits historiques ayant un rapport avec l’actualité du jour, d’extraits de poèmes, de considérations philosophiques, d’humeurs personnelles… et de beaucoup d’humour !

Citant Alphonse Allais, Jacques Maillot, Woody Allen comme Brecht, Jaurès ou encore Hugues Aufray, l’humoriste n’oublie pas de pointer du doigt ce qui déraille, dans le monde ou chez l’Homme, ce tout en finesse et en malice, mais sans aucune agressivité car, à l’instar de Pierre Dac, notre fine mouche est du genre à sortir sa culture en entendant le mot revolver ! Aussi boit-on avec délectation ce cocktail parfaitement dosé, coloré et épicé, qui agit comme un booster de neurones et active nos zygomatiques. Seule ombre au tableau, le spectacle dure une heure quinze et pas une minute de plus, ce qui oblige notre Marianne à speeder pour nous en dire le plus possible ! Reste un atout indéniable : l’actualité étant par définition différente chaque jour, ce spectacle n’est jamais le même et rien ne nous empêche d’y revenir !

"La Semaine de Marianne Sergent"

© Michèle Hirou.
© Michèle Hirou.
Passage en revue de l'actualité.
De et par Marianne Sergent.

3 avril 2012 à 19 h, 16 et 30 avril 2012 à 20 h 30.
Café de la Gare, Paris 4e, 01 42 78 52 51.
>> cdlg.org

Du 5 au 22 septembre 2012.
Du mercredi au samedi à 20 h 30.
Espace Gerson, Lyon 5e, 04 78 27 96 99.

>> mariannesergent.com

Caroline Fabre
Mardi 3 Avril 2012

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023