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Festivals

Le Chainon Manquant... Le repérage pour vocation, la curiosité pour credo

19/09 au 23/09/2012, Le Chainon Manquant, Laval, Mayenne

En 1991, à l'initiative de Joël Breton et Pascal Gauvrit, alors respectivement directeur artistique et gérant du Réseau Orques-idées, naissait à Tours le Chainon Manquant. Les objectifs ? Établir une passerelle entre diffuseurs, programmateurs et artistes ; dévoiler de nouvelles propositions artistiques et de nouveaux talents au public...



Thierry Romanens © Mercedes Riedy.
Thierry Romanens © Mercedes Riedy.
Vingt et un ans après, ceux-ci ne semblent pas avoir changer et, avec soixante-huit compagnies ou artistes programmés cette année, le festival reste fidèle à ses principes : présenter des projets d’artistes dits "en découverte" qui ont besoin de trouver leur public et de bénéficier d’un développement grâce à la présence de professionnels.

Lorsque, en 91, le Chainon Manquant met en place ses 47 spectacles dans huit lieux différents (dont le Bateau Ivre, berceau du festival) de Tours, le pari est osé - voir l'article de la Revue du Spectacle de l'été 91 - mais le succès est immédiat : plus de 5 000 spectateurs et plus d'une centaine de professionnels présents. Aujourd'hui, après s'être déplacé de Tours à Cahors, puis à Figeac en repassant par Cahors l'année dernière, le festival s'installe sur les bords de La Mayenne à Laval.

"Larsen", Cie 220 Vols © JiF 2011.
"Larsen", Cie 220 Vols © JiF 2011.
Organisée par la Fédération des Nouveaux Territoires des Arts Vivants, (FNTAV), qui regroupe près de 300 équipements et projets culturelles (dans notamment 8 fédérations régionales), le Chainon a donc toujours pour ambition de soutenir et de présenter des artistes (chanson, musique, cirque, danse, conte, théâtre, humour, théâtre d'objet, arts de la rue) à des professionnels curieux de nouveaux talents, étant aussi un peu comme un salon des arts vivants, un salon des dénicheurs ouvert au grand public et donnant l’occasion au spectateur curieux de découvrir des spectacles... hors des sentiers rebattus.

En complément de la programmation "scénique" offrant au total 110 représentations réparties dans dix lieux (situés sur Laval et Changé), ce sont aussi des rencontres professionnelles qui se dérouleront du jeudi au samedi, chaque soir à partir de 19 h à l’Espace Régional (Square de Boston). Les thèmes à l'ordre du jour pour cette 21e édition : jeudi 20 septembre - en partenariat avec la Région des Pays de La Loire - "Aider l'emploi artistique : un dispositif pour les cafés cultures à l'essai en Pays de la Loire" ; vendredi 21 - en partenariat avec le Centre National des Variétés, de la Chanson et du Jazz (CNV) - "Diffuseurs/producteurs : quelle coopération pour les artistes en développement ?" ; samedi 22 septembre "Diffusion internationale : rencontre avec les programmateurs étrangers du Réseau AREA (Association des Réseaux d'Événements Artistiques)".

"La succulente histoire de Thomas Farcy", Cie du Thé à la Rue © G. Mesnager.
"La succulente histoire de Thomas Farcy", Cie du Thé à la Rue © G. Mesnager.
En parallèle du festival, le Chainon/FNTAV a mis en place, en collaboration avec la Région des Pays de la Loire, la première édition du "Chainon en Région". Ainsi, depuis le 5 septembre et jusqu'au 12 octobre, vingt spectacles programmés dans vingt lieux décentralisés en région des Pays de La Loire sont proposés aux publics. Cette opération permet de décentraliser sur cinq départements des spectacles repérés précédemment par l'ensemble du réseau et de développer le rayonnement du festival sur le territoire régional.

Plus de vingt après sa création, le Chainon Manquant reste une véritable vitrine nationale de l’activité du spectacle vivant en France, jouant, comme aux premiers jours, l'ouverture à toutes les esthétiques (musique, théâtre, danse, arts de la rue, etc.) et s'adressant à tous les publics (Jeune Public entre autres). Chaque année, plusieurs centaines de programmateurs se déplacent pour visionner des spectacles qui seront achetés et diffusés sur les saisons culturelles des adhérents. De nombreux artistes ou compagnies ont été révélés grâce à lui... et parfois même il a permis, en leur temps, la "remise en selle" d'artistes comme François Béranger, Paul Personne ou encore Gérard Blanchard... Mais ça, c'est une autre histoire !

Artistes/Compagnies programmés

Fouteurs de Joie © Sylvain Gripoix.
Fouteurs de Joie © Sylvain Gripoix.
● Chanson : Liz Van Deuq, Boby Lapointe Repiqué, Alexandre Poulin, Dimoné, David Delabrosse, Delphine Coutant, Mac Abbé et le Zombi Orchestra, Marie Kiss La Joue, Syrano, Sylvain Giro, Les Fouteurs de Joie, Yoanna, Zoufris Maracas, Liz Cherhal, Chtricky, Robinson, The Wackids, S Petit Nico, Mucho Corazon, Thierry Romanens.
● Musique : Applause, La Face Cachée des Sous bois, Boogers, Carina Salvado, World Kora Trio, Mazalda, Le Skeleton Band, Valentine's Day, Marcio Faraco, Mounira Mitchala, Kiss and Drive, This is the Hello Monster, Martin Harley, Le Philarmonique de la Roquette, Fanfare A la Gueule du Ch'val, Matt Andersen, Deluxe, Big Daddy Wilson, Cie Médiane, Isabeau et les chercheurs d’or.
● Cirque : Les Magnificos, Cie Ecorpsabulle, Cie 220 Vols, Silembloc Cie.
● Danse : Cie Ubi, Cie Sixième dimension, Cie Chaliwaté.
● Conte/Récit Musical : Patrice Kalla, Cie Kf Association.
● Théâtre/Humour : Didier Ferrari, Ali Bougheraba
● Théâtre d’objet : Cie du Thé à la Rue, La Tortue Noire.
● Théâtre : Ateliers de la Colline, Une Compagnie, Biblio Théâtre, Cie Filages, Cie Trio Mineur, Cie la Naïve, Cie du Deuxième, Cie Arts et Couleurs, Cie Lisa Klax.
● Audio Théâtre : Cie Intérieur Nuit.
● Arts de la rue : Cie Presque Siamoises, Théâtre de Caniveau-Socrate, Cie Jo Bitume, Anonima Teatro, Cie Reveida.

>> Informations complètes sur reseau-chainon.com

Avec l'aide de Jean Grapin.

"Je me sens bien", Cie 6eme dimension © David Schaffer.
"Je me sens bien", Cie 6eme dimension © David Schaffer.
Lire aussi les "Archives" de La Revue du Spectacle "version papier" :

>> Le Chaînon Manquant... Un outil de liaison.
>> Le Chaînon Manquant... Un outil de liaison (suite).

Gil Chauveau
Mercredi 5 Septembre 2012

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023