La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

La magie opère à nouveau entre le théâtre européen et les royales demeures de la famille de Savoie

05/07 au 21/07/2013, Festival International "Teatro a Corte", Turin, Italie

Teatro a Corte quatorzième ! Quand les arts de la scène dialoguent avec l'architecture et les jardins de l'époque baroque, c'est à Turin - et dans les joyaux de la couronne alentour - que cela se passe. Une nouvelle fois, l'été italien sera marqué, dans le Piémont, par une rencontre riche et variée avec le théâtre européen... avec cette année les Pays-Bas en invité d'honneur et la thématique "Nouvelle Magie" en fil rouge...



"Lähtö" par WHS © WHS/Kalle Nio.
"Lähtö" par WHS © WHS/Kalle Nio.
Dirigé par Beppe Navello, conçu et réalisé par la Fondazione Teatro Piemonte Europa (dont il est le directeur et fondateur), Teatro a Corte est un festival qui présente sur 3 week-ends 20 compagnies de 9 nationalités différentes (Danemark, Finlande, France, Hongrie, Irlande, Italie, Pologne, Pays Bas, Royaume Uni), initie 14 premières italiennes, 1 vitrine hollandaise et propose 7 créations particulières aux sites... au cœur des splendides demeures royales du Piémont : Palais Royal de Venaria Reale, Château d'Aglié, Château de Racconigi, etc.

Après une passionnante année 2012 (voir nos différentes chroniques) où l'on a pu apprécier notamment des artistes du Royaume-Uni comme Gandini Juggling et Me and The Machine, cette nouvelle édition 2013 est placée sous le signe des échanges culturels avec les Pays-Bas.

"De nos jours" par le collectif Ivan Mosjoukine © Ivan Mosjoukine.
"De nos jours" par le collectif Ivan Mosjoukine © Ivan Mosjoukine.
La vitrine de Teatro a Corte traditionnellement dédiée à une nation d’Europe a porté son regard sur cinq artistes hollandais : formes différentes et métissées, danse, performing art, vidéo, théâtre d’improvisation. 2013 est l'occasion aussi pour Turin de célébrer, avec le Treaty of Utrecht Foundation, le 300e anniversaire du traité d’Utrecht qui a apporté la paix en Europe après la guerre de succession espagnole et renforcé le rôle du Piémont, moteur durant le siècle suivant de l’unification italienne.

Le fil rouge "artistique" de cette édition sera la "Nouvelle Magie", dernière déclinaison du cirque contemporain qui sera caractérisée par plusieurs créations françaises et qui a permis une étroite collaboration avec le festival TorinoDanza e du Circolo dei Lettori.

Entre nouvelle magie (celle du spectacle) et nouveau cirque se situe le jeune collectif Ivan Mosjoukine (quatre artistes "issus" du Centre National des Arts du Cirque) qui aura l'honneur de faire l'ouverture du festival (les 5 et 6 juillet) avec un spectacle "cirque de recherche", intitulé "De nos jours. [Notes on the circus]" dans lequel prennent vie 80 vignettes sur le thème du cirque pour réaliser un manifeste artistique déstabilisant, à la base duquel il y a un principe simple et clair : tout est montré dans l'acte, sans artifices ni effets spéciaux, parce que "tout-voir-est-magique".

Yann Frisch © Christophe Trouil.
Yann Frisch © Christophe Trouil.
Deux magiciens professionnels, le finlandais Kalle Nio et le français Yann Frish seront les représentants de marque "magie nouvelle". Tout d'abord le 6 juillet, Kalle Nio donnera en première nationale "Lӓhtö/Départ", sa dernière création, habile croisement entre cirque, danse, arts visuels et magie, nous parlant d'un couple en crise immergé dans un labyrinthe de miroirs, au milieu d'un salon bourgeois avec des habits volants et des meubles suspendus. Suivra, le samedi 13 juillet, le spectacle de Yann Frish, jeune talent français, vainqueur du championnat Européen de 2011 et de celui Mondial en 2012, auquel le festival donne "carte blanche" pour un projet dédié à la figure du clown qui se jouera au Château de Rivoli.

À l'inverse, un climat bucolique se dégage dans le cirque “poétique-agricole” de l’Atelier Lefeuvre & André (13 et 14 juillet) qui, dans "La Serre", petit joyau sur l'essence de l'art circassien, accueille les spectateurs sous une vraie serre, chapiteau de clown très écologique : deux jardiniers armés de brouettes et de pelles. Même atmosphère intime avec le Danois Karl Stets qui propose un cirque extravagant trempé dans le thriller et l'horreur, "Cuerdo" (13 et 14 juillet), dans lequel il est aux prises avec 3 cordes, 9 pièges à souris prêts à se déclencher et un gramophone. Et pour finir le cirque s'allie à la danse avec Yoann Bourgeois qui revient au festival (20 juillet) avec son nouveau travail "La balance de Lévité", une forme brève qui interroge le point où le corps s'élève dans les airs, sans points d'appui, et à ce moment précis tout devient possible.

"The Big Movement" de Dries Verhoeven © Dries Verhoeven.
"The Big Movement" de Dries Verhoeven © Dries Verhoeven.
La vitrine hollandaise sera représentée par différents projets "site spécifique", entre nature et espaces urbains. Dries Verhoeven dans “The Big Movement” (5,6,7 juillet) transformera le trafic de la piazza Castello et le fourmillement des passants en une chorégraphie qui raconte l'Occident vu par les yeux d'une fillette asiatique. Boukje Schweigman (5,6,7 juillet) dans "Blow" conduit le public dans un doux espace ancestral, fait de matériaux synthétiques, pour ensuite l'emmener de façon dantesque à "revoir les étoiles" grâce au splendide paysage d'une des demeures de la famille de Savoie.

Nick Steur (12 et 13 juillet) dans "Freeze ! - Answers are blowing in the wind" jouera avec la peur infantile qui habite chacun de nous, en lui faisant découvrir la nature et la simplicité d'une insolite ballade dans un bois ou dans les pièces d'un château. Alexandra Broeder (19 et 20 juillet) réalisera "WasteLand", un parcours spécial dans lequel la surprise et l'inattendu sont le vrai moteur des actions. Les Italiens Zerogrammi ont, eux, collaboré avec le festival Oerol, dans l'île hollandaise de Tershelling, pour la réalisation de "Trattato della Lontananza" (12 juillet), un événement spécial qui unira les deux festivals.

"The Animals and the Children Took to the Streets" par 1927 © 1927.
"The Animals and the Children Took to the Streets" par 1927 © 1927.
Très attendu du festival, les anglais de 1927 (de Londres) arrivent pour la première fois en Italie avec "The Animals and the Children Took to the Streets" (19 et 20 juillet), salué par la presse britannique comme “un spectacle à la beauté irrésistible”. De retour d'une tournée en Amérique, en Chine et en Russie, la jeune compagnie propose un fulgurant mélange de cinéma d'animation, de théâtre de figure et musical de chambre (avec de la musique en direct). De l'Irlande, on attend impatiemment Colin Dunne, avec le très réussi "Out of time" (7 juillet), une course à perdre le souffle dans la danse traditionnelle irlandaise revisitée par la contemporanéité.

Au programme aussi le Teatr Polski Bielsko de Pologne. Celui-ci présentera en première nationale le spectacle "Chewingum revolution" (jeudi 11 juillet) ; de Suisse, la compagnie József Trefeli (d'origine hongroise) présentera sa nouvelle création "JINX 103", proche du parcours de Colin Dunne pour son travail de combinaison entre la danse contemporaine et les danses traditionnelles hongroises. La musique ne manquera pas au festival avec le concert "Italiani" de trois piémontais doc : Giorgio Li Calzi (compositeur), Johnson Righeira (duo Righeira), Gian Luigi Carlone (saxophoniste de Banda Osiris) dans le fascinant cadre du Palais Royal de la Venaria Reale, le 14 juillet.

"La Serre" par l'Atelier Lefeuvre & André © Pierre Borasci.
"La Serre" par l'Atelier Lefeuvre & André © Pierre Borasci.
Du 5 au 21 juillet 2013.
Informations pour le public : +39 011.5119409.
Biglietteria di Palazzo Reale,
Piazzetta Reale 1, Torino.
Du mardi au jeudi de 15 h à 19 h, vendredi à dimanche de 10 h à 19 h.
Info : +39 0114362736.

InfoPiemonte :
Tous les jours de 10 h à 18 h,
Piazza Castello 165, Torino.

Service de navette gratuit de Turin (Piazza Castello) pour les sites des spectacles.
Réservation obligatoire.

>> teatroacorte.it
>> Programme du festival en anglais

Gil Chauveau
Lundi 1 Juillet 2013

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024