La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Coin de l’œil

Expendables 2 : y’en a un peu plus, je vous les mets quand même ?

Ils reviennent, ils ne sont pas contents, et, en plus, ils sont plus nombreux. En 2010, Stallone rendait un hommage nostalgique à Robert Aldrich et à ses "Douze salopards". Deux ans plus tard, sa bande de mercenaires burnés reprend du service pour une séquelle décomplexée et généreuse. "Cette fois-ci, c’est personnel", prévient la bande-annonce. On aurait envie d’ajouter : cette fois-ci, c’est pour le fun.



© 2012 Metropolitan Filmexport.
© 2012 Metropolitan Filmexport.
Bien qu’également sorti au cœur de l’été aux États-Unis - le 17 août pour être précis -, saison propice aux coups de chaud, aucun tueur de masse surarmé n’a été signalé aux avant-premières de "Expendables 2", et aucune fusillade n’a été à déplorer. Il est vrai que se livrer à un massacre au fusil d’assaut lors d’une projection de ce blockbuster qui débite sans broncher ses trois cent balles explosives à la seconde eut été de la gourmandise, voire de la boulimie.

Assurant la relève après un "Expendables - Unité spéciale" signé Stallone, qui lorgnait avec nostalgie vers les films d’action mâle "à l’ancienne" façon "Les Douze salopards", Simon West s’en démarque ostensiblement, préférant jouer sur le second degré et l’iconisation des personnages - et des acteurs qui les interprètent -, qui semblent désormais sortir tout droit d’une BD plutôt que d’un film de Robert Aldrich. Il empoigne la caméra avec sa détermination d’habile faiseur hollywoodien bien décidé à ne pas voler son public et, les présentations ayant été faites dans le premier volet, va dès les premières images directement à l’essentiel. Essentiel qui consiste, dans une production de ce genre, à tout casser avec jubilation.

© 2012 Metropolitan Filmexport.
© 2012 Metropolitan Filmexport.
Entreprise d’autant plus aisée qu’il dispose d’un casting aux allures de colonne de chars d’assaut : Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Chuck Norris, Jean-Claude Van Damme, Terry Crews, Randy Couture, Liam Hemsworth… Ouf. À vue de nez, on doit dépasser la tonne de testostérone pure. Est-ce pour alléger un peu le plat que l’on a cru bon d’ajouter au générique la plus aérienne Yu Nan, ou par pur souci de parité ? Toujours est-il que l’actrice chinoise, malgré un CV bien plus intello que ces collègues et bien que ne pesant guère plus lourd qu’un cuissot de Schwarzenegger, ne dépareille pas dans l’équipe de gros bras tatoués menée par Barney Ross et dégomme son comptant de bad guys sans sourciller.

© 2012 Metropolitan Filmexport.
© 2012 Metropolitan Filmexport.
Car c’est bien la principale activité des héros et des salauds qui s’ébattent virilement dans "Expendables 2" : empiler les cadavres et enfiler les répliques d’anthologie, au gré d’un scénario ne s’embarrassant jamais de finasseries et allant au plus simple et au plus balisé.

Il s’agit cette fois, pour les mercenaires burinés - et parfois botoxés… - spécialistes des missions impossibles, d’empêcher l’infâme Jean Vilain - Jean-Claude Van Damme, qui se délecte de son personnage de méchant de série B - de récupérer cinq tonnes de plutonium planquées au fin fond de l’Albanie. Ils seront occasionnellement épaulés par le légendaire Booker, Chuck Norris - s’adonnant pour la première fois de sa vie à la distanciation et jouant à être… Chuck Norris -, ainsi que par Trench et Mr Church - Arnold Schwarzenegger et Bruce Willis, qui, cette fois, ne font plus simplement de la figuration amicale et endossent de vrais rôles, armement lourd et répliques référentielles à l’appui.

© 2012 Metropolitan Filmexport.
© 2012 Metropolitan Filmexport.
Pur plaisir décérébré, jouissif à l’extrême, "Expendables 2" remplit son cahier des charges au-delà de toute espérance, sans jamais engendrer cette lassitude qui saisit souvent le spectateur de bulldozers hollywoodiens devant la pyrotechnique transformée en routine. Étonnamment, ce film pourtant peu avare en munitions, explosions et démolitions variées parvient à conserver une certaine légèreté, en partie du fait d’un second degré et d’une autodérision parfaitement assumés par l’ensemble du casting. Ce n’est pas le moindre de ses paradoxes.

● The Expendables 2
Réalisation : Simon West.
Scénario : Richard Wenk et Sylvester Stallone.
Directeur de la photographie : Shelly Johnson.
Avec : Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Dolph Lundgren, Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Chuck Norris, Jean-Claude Van Damme, Terry Crews, Randy Couture, Liam Hemsworth, Yu Nan, Scott Adkins, Amanda Ooms, Charisma Carpenter.
En salles à partir du 22 août 2012.

Gérard Biard
Lundi 20 Août 2012

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024