La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Cirque & Rue

"Dans ton cœur"… En plein dans le mille !

Mariage du théâtre avec le cirque… et cette association donne lieu à une fable musicale où les protagonistes vivent une histoire en la racontant au travers d'un langage corporel avec des clins d'œil au cinéma et aux actes, amoureux, violents ou banals, de nos vies quotidiennes.



© Richard Haughton.
© Richard Haughton.
C'est une rencontre entre un écrivain et un homme de théâtre, Pierre Guillois, et la compagnie circassienne Akoréacro. Le premier aime travailler avec des acteurs sans parole quand les seconds utilisent leur corps comme éléments de langage. Cela ne pouvait donner lieu qu'à un spectacle où la mise en scène est composée de gestuelles et de mouvements acrobatiques qui racontent une fable.

Le cirque investit tous les espaces-temps. Ce peut être aussi celui de notre vie quotidienne, avec une cuisine, son four à micro-ondes et son congélateur comme scénographie. Claire Aldaya est portée dans les airs pour toutes les actions qu'elle effectue faisant de la gravité un élément mis entre parenthèses. Elle ne touche pas pied au sol. Ce qui donne un sentiment de déconnexion à la réalité, une sorte d'automatisme de la quotidienneté dans laquelle les mouvements sont effectués sans une réelle prise en compte de ceux-ci, ni de leur environnement.

© Richard Haughton.
© Richard Haughton.
Il y a beaucoup d'humour dans les séquences. Elles sont de différents acabits, autant de séduction que d'amour, de conflit et de violence. Cela débute dans une chaîne de confection, rappelant "Les temps modernes" (1936), avec un homme et une femme devant une chaîne de montage. Scène comique, et ce n'est pas la seule, où l'automatisation déroule une situation où la complicité débraye.

Ce sont des moments de vie au travail, à domicile, dans la rue et dans un ailleurs circassien où l'altitude est de mise. Une bagarre, avec Claire Aldaya au centre, met une raclée à une bande d'hommes. La scène est comique non que le machisme soit chevillé au corps du public mais l'humour est présent dans des attitudes théâtralisées, un courage qui fuit et un artiste du nunchaku un peu maladroit dans sa démonstration de force.

Le travestissement, réel ou imaginé, fait aussi son excursion dans un univers où la libido tape à sa porte. Le tout toujours sous fond de comique. Il y a un très beau numéro d'acrobaties aériennes dans laquelle au trapèze, les deux protagonistes suspendent autant leurs corps que leur désir.

© Richard Haughton.
© Richard Haughton.
La banquine est omniprésente autour souvent de deux artistes. La musique accompagne les différents tableaux avec une batterie, un clavier, une flûte, un saxophone, une basse, une contrebasse, des percussions et un violoncelle, le tout perché dans les airs. Peu de choses se passent au sol. Tout est suspendu et aérien.

Cela est léger, en partie poétique, toutes les acrobaties étant appuyées par du théâtre corporel et de la musique. Le spectacle décrypte, quasi sans parole, nos comportements au travers de ses rencontres, de ses désirs, de ses amours et de ses échecs.

"Dans ton cœur"

© Richard Haughton.
© Richard Haughton.
Nouvelle création d'Akoréacro.
Mise en scène : Pierre Guillois.
Assistante à la mise en scène : Léa de Truchis.
Avec : Claire Aldaya (voltigeuse), Romain Vigier (acrobate, porteur), Maxime Solé (acrobate, trapèze Washington), Basile Narcy (acrobate, porteur, jongleur), Maxime La Sala (porteur cadre), Antonio Segura Lizan (voltigeur), Tom Bruyas (porteur, acrobate), Joan Ramon Graell Gabriel (porteur, acrobate), Vladimir Tserabun (contrebasse, violoncelle, basse), Éric Delbouys (batterie, percussions, guitare), Nicolas Bachet (saxophone, acrobate), Johann Chauveau (clavier, flûte).
Soutien aux techniques de cirque : Fabrice Berthet & Yuri Sakalov.
Regard chorégraphique : Roberto Olivan.
Oreilles extérieures : Bertrand Landhauser.
Costumes et accessoires : Elsa Bourdin assistée de Juliette Girard et Adélie Antonin.
Scénographie circassienne : Jani Nuutinen/Circo Aereo assisté de Alexandre de Dardel.
Construction : Les Ateliers de construction, Maison de la Culture de Bourges.
Régie Générale/Chef Monteur : Idéal Buschhoff.
Création lumière/Régie lumière : Manu Jarousse.
Création sonore/régie son : Pierre Maheu.
Production : Association Akoreacro.
Durée : 1 h 15.

Du 15 au 26 mai 2019.
Du mercredi au vendredi à 20 h, samedi à 19 h, dimanche à 16 h.
Espace Chapiteau, Parc de La Villette, Paris 19e, 01 40 03 75 75.
>> lavillette.com

© Richard Haughton.
© Richard Haughton.
Tournée 2019/2020
Du 1er au 3 août 2019 : Festival Scène de cirque, Puget-Théniers (06).
Du 18 au 21 septembre 2019 : Le Théâtre - scène nationale, Macon (71).
Du 26 au 29 septembre 2019 : Festival CIAM, Aix-en-Provence (13).
Du 5 au 11 octobre 2019 : Théâtre-Sénart - scène nationale, Lieusaint (77).
Du 25 au 27 octobre 2019 : Festival Theater op de Markt, Neerpelt (Belgique).
Du 4 décembre 2019 au 6 janvier 2020 : Festival Winterfest, Salzbourg (Autriche).
Du 30 janvier au 2 février 2020 : Cirque Théâtre, Elbeuf (76).
Du 7 au 9 février 2020 : Turnhout (Belgique).
Du 22 au 24 février 2020 : Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine (94).
Du 26 au 29 mars 2020 : TMS - scène nationale, Sète (34).
Du 7 au 9 mai 2020 : Le Manège, Maubeuge (59).
Du 14 au 17 mai 2020 : Théâtre Municipal, Épinal (88).
Du 27 au 30 mai 2020 : Les Transversales - scène conventionnée cirque, Verdun (55).
Du 4 au 7 juin 2020 : Théâtre d'Orléans - scène nationale, Orléans (45).

Safidin Alouache
Mercredi 22 Mai 2019

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022










À découvrir

"Salle des Fêtes" Des territoires aux terroirs, Baptiste Amann arpente la nature humaine

Après le choc de sa trilogie "Des Territoires", dont les trois volets furent présentés en un seul bloc de sept heures à Avignon lors du Festival In de 2021, le metteur en scène se tourne vers un autre habitat. Abandonnant le pavillon de banlieue où vivait la fratrie de ses créations précédentes, il dirige sa recherche d'humanités dans une salle des fêtes, lieu protéiforme où se retrouvent les habitants d'un village. Toujours convaincu que seul ce qui fait communauté peut servir de viatique à la traversée de l'existence.

© Pierre Planchenault.
Si, dans "La vie mode d'emploi", Georges Perec avait imaginé l'existence des habitants d'un bâtiment haussmannien dont il aurait retiré la façade à un instant T, Baptiste Amann nous immerge dans la réalité auto-fictionnelle d'une communauté villageoise réunie à l'occasion de quatre événements rythmant les quatre saisons d'une année. Au fil de ces rendez-vous, ce sont les aspirations de chacun qui se confrontent à la réalité - la leur et celle des autres - révélant, au sens argentique d'une pellicule que l'on développe, des aspérités insoupçonnées.

Tout commence à l'automne avec l'exaltation d'un couple de jeunes femmes s'établissant à la campagne. Avec le montant de la vente de l'appartement parisien de l'une d'elles, écrivaine - appartement acquis grâce au roman relatant la maladie psychiatrique du frère qui les accompagne dans leur transhumance rurale -, elles viennent de s'installer dans une usine désaffectée flanquée de ses anciennes écluses toujours en service. Organisée par le jeune maire survient la réunion du conseil consultatif concernant la loi engagement et proximité, l'occasion de faire connaissance avec leur nouvelle communauté.

Yves Kafka
17/10/2022
Spectacle à la Une

"Qui a cru Kenneth Arnold ?" Une histoire à dormir… éveillé

Levant la tête vers le ciel, qui pourrait soutenir encore que le monde s'organise autour de la Terre centrale et immobile… depuis que Copernic et Galilée ont renversé magistralement la hiérarchie du système solaire, rejetant notre planète Terre - actrice décatie et déchue - au rang d'accessoire de l'étoile Soleil ? De même qui, de nos jours, pourrait être assez obtus pour affirmer que d'autres formes d'intelligences ne puissent exister dans l'univers… depuis que le GEIPAN (Groupe d'Études et d'Informations sur les Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés) a été scientifiquement créé pour démêler le vrai des infox entourant ces phénomènes ? Le collectif OS'O, la tête dans les étoiles (cf. "X", sa précédente création), s'empare de ce sujet ultrasensible pour apporter sa contribution… "hautement" artistique.

© Frédéric Desmesure.
Dans l'écrin du Studio de création du TnBA, une table avec, pour arrière-plan, un écran tendu plantent le décor de cette vraie fausse conférence sur les P.A.N. Mobilisant les ressources de la haute technologie - bricolée frénétiquement - un (vrai) acteur (faux) conférencier de haut vol, assisté d'une (vraie) actrice (fausse) scientifique coincée dans ses notes, et accompagné d'un (vrai) acteur complice, (faux) journaliste critique, incrusté dans les rangs du public, le maître ufologue va compiler les témoignages venus d'ici et d'ailleurs.

Sur le ton amusé des confidences, le conférencier introduit la session en livrant son étrange vision d'une nuit d'été où, à l'aube de ses quinze ans, à 23 h 23 précises, il fut témoin d'une apparition fulgurante alors qu'il promenait son chien sur une plage… Et, encore plus étranges, les deux heures qui suivirent et leur absence de souvenirs, comme s'il avait été "ravi à lui-même", enlevé par les passagers des soucoupes orange…

Suivent d'autres témoignages reposant eux sur des archives projetées. Ainsi, dans l'état du New Hampshire, du couple Betty et Barney Hill, témoignant "en gros plan" avoir été enlevé par des extraterrestres dans la nuit du 19 au 20 septembre 1961. Ainsi, au sud du Pérou, des géoglyphes de Nazca, photographies à l'appui montrant un système complexe de lignes géométriques seulement visibles du ciel… et ne pouvant avoir été tracées que par des extraterrestres…

Yves Kafka
09/02/2023
Spectacle à la Une

Dans "Nos jardins Histoire(s) de France #2", la parole elle aussi pousse, bourgeonne et donne des fruits

"Nos Jardins", ce sont les jardins ouvriers, ces petits lopins de terre que certaines communes ont commencé à mettre à disposition des administrés à la fin du XIXe siècle. Le but était de fournir ainsi aux concitoyens les plus pauvres un petit bout de terre où cultiver légumes, tubercules et fruits de manière à soulager les finances de ces ménages, mais aussi de profiter des joies de la nature. "Nos Jardins", ce sont également les jardins d'agrément que les nobles, les rois puis les bourgeois firent construire autour de leurs châteaux par des jardiniers dont certains, comme André Le Nôtre, devinrent extrêmement réputés. Ce spectacle englobe ces deux visions de la terre pour développer un débat militant, social et historique.

Photo de répétition © Cie du Double.
L'argument de la pièce raconte la prochaine destruction d'un jardin ouvrier pour implanter à sa place un centre commercial. On est ici en prise directe avec l'actualité. Il y a un an, la destruction d'une partie des jardins ouvriers d'Aubervilliers pour construire des infrastructures accueillant les JO 2024 avait soulevé la colère d'une partie des habitants et l'action de défenseurs des jardins. Le jugement de relaxe de ces derniers ne date que de quelques semaines. Un sujet brûlant donc, à l'heure où chaque mètre carré de béton à la surface du globe le prive d'une goutte de vie.

Trois personnages sont impliqués dans cette tragédie sociale : deux lycéennes et un lycéen. Les deux premières forment le noyau dur de cette résistance à la destruction, le dernier est tout dévoué au modernisme, féru de mode et sans doute de fast-food, il se moque bien des légumes qui poussent sans aucune beauté à ses yeux. L'auteur Amine Adjina met ainsi en place les germes d'un débat qui va opposer les deux camps.

Bruno Fougniès
23/12/2022