La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Coin de l’œil

L’exercice de l’État : rêver, peut-être… - 27/02/2012

À la veille d’une élection aussi cruciale que la présidentielle, "L’Exercice de l’État" n’est peut-être pas le film idéal à voir. Quoique… Peut-être, au contraire, l’est-il. Ne serait-ce que pour ne pas se bercer d’illusion sur les réelles intentions de l’élu(e) que l’on enverra sur le trône élyséen avec notre bulletin de vote, et sur les marges de manœuvres dont disposeront les pions qui...  

The Ward : l’asile à l’ancienne - 21/02/2012

Dire qu’il nous manquait relève de l’euphémisme. Depuis "Ghost of Mars", John Carpenter boudait les studios, pendant que ses fans se rongeaient les ongles en revoyant en boucle "La nuit des masques", "The Thing", "Vampires" ou "L’Antre de la folie". Achevé depuis deux ans, "The Ward" arrive enfin chez nous, directement en DVD - il faut dire qu’il n’est pas en 3D… Lors de la présentation en...  

La désintégration : l’appel du néant - 15/02/2012

Si "l’intégration", cette fameuse adhésion sociale au "modèle républicain" que nombre de politiques invoquent avec plus ou moins d’arrières pensées, est un long et chaotique processus, l’inverse, en revanche, peut aller très vite. Et être irréversible. C’est ce que montre "La désintégration", dont le titre doit impérativement s’entendre dans son double sens. Car quand Ali (Rashid Debbouze, frère...  

J. Edgar : le bureau des affaires obscures - 01/02/2012

Quand l’incarnation de l’inspecteur Harry se penche sur la vie de l’inventeur des "Incorruptibles", c’est bien plus qu’une histoire de flics qui nous est racontée. Clint Eastwood et John Edgar Hoover étaient évidemment faits pour se rencontrer. Au cinéma, en tout cas. Il est des films qui semblent n’avoir attendu qu’un réalisateur, et un seul, pour voir le jour. "J. Edgar" est de ceux-ci....  

Malveillance : La vie est un long fleuve pourri - 06/01/2012

Le psychopathe mis en scène par Jaume Balagueró n’est pas Hannibal Lecter. Il ne dévore pas ses victimes. Du moins pas au sens littéral du terme. Pour être exact, il se contente de les ronger de l’intérieur. À première vue, Cesar est un garçon parfait. Il se lève aux aurores, avec précaution pour ne pas déranger la jeune femme qui dort profondément à ses côtés, et, après s’être brossé...  

I’m Still Here : théâtre filmé... - 20/12/2011

Comment finir dans les égouts de la gloire du jour au lendemain quand on est une star de Hollywood ? Devant la caméra de Casey Affleck, Joaquin Phoenix paye de sa personne pour nous fournir le mode d’emploi détaillé. Et les deux complices de cette énorme mystification livrent par la même occasion un film-concept, qui prouve que théâtre et cinéma peuvent ne faire qu’un. On a beaucoup disserté,...  

L’Empire des Rastelli : Finance demi-écrémée - 16/12/2011

Vendre du lait et vendre du vent, ce n’est pas forcément le même métier. C’est ce que nous montre Andrea Molaioli, en s’attaquant à l’affaire Parmalat, énorme scandale transalpin - parmi d’autres - du début des années 2000. Une histoire italienne, mais 100 % mondialisée. C’est bien beau de produire du lait, encore faut-il réussir à en faire son beurre. C’est tout le problème d’Amanzio Rastelli,...  

Les Neiges du Kilimandjaro : la vieille garde ne se rend pas - 25/11/2011

Un film d’aujourd’hui, avec des héros d’hier, qui ne veulent pas rater demain. Voilà le programme de Robert Guédiguian, qui n’est pas candidat à la présidentielle mais qui n’en pense pas moins. Si le thème du voyage dans le temps est un classique récurent de la science-fiction, il est en revanche plus rarement utilisé dans le cinéma social. Attention, cela ne veut pas dire que Robert Guédiguian...  

Les Marches du pouvoir : à la guerre comme à la guerre - 26/10/2011

Le beau George Clooney est de retour, dans un film qu’il interprète, qu’il réalise, qu’il coproduit et qu’il a co-écrit. Cet homme sait tout faire… Comme casquette, il ne lui reste plus qu’à endosser celle qu’il brigue dans cette fable politique très cynique : président des États-Unis. La politique transforme-t-elle en pourris jusqu’aux plus intègres ? À cette question, à laquelle les populistes...  

La Conquête, ou comment faire fausse route - 03/10/2011

À l’occasion de la parution en DVD du film de Xavier Durringer, retour sur la déception de l’année. Lors de sa sortie en salles, La Conquête a fait à beaucoup l’effet d’un pétard mouillé. On attendait trop, évidemment, de cette première expérience française de film politique "à chaud", sur des événements récents et dont les protagonistes, nommément identifiés, sont toujours vivants et, qui plus...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024