La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

3 au 12 août 2012, Festival Interceltique - "Emvod Ar Gelted", Lorient, Morbihan

Au départ, en 1971, était la "Fête des Cornemuses", son championnat des Bagadou, sa cotriade et son impressionnant défilé de plus de trente cercles. Fort d'une volonté et d'une profonde conviction de développer l'aura de la musique et de la culture bretonne, conforté très rapidement par la présence d'autres nations, le festival crée le concept de l'interceltisme... et devient l'Interceltique... faisant de Lorient la capitale mondiale de la celtitude contemporaine, métissée et ouverte au monde.



Nuit Interceltique © M. Renac 2011.
Nuit Interceltique © M. Renac 2011.
Après avoir reçu de nombreux pays ou provinces (Irlande, Île de Man, Écosse, Pays de Galles, Galice, Asturies, etc.), le Festival Interceltique de Lorient accueille cette année l'Acadie... Et les acadiens, ces francophones venant des provinces du Canada Atlantique, notamment du Nouveau-Brunswick, qui ont toujours mis un point d'honneur à défendre sans relâche leur culture et leur langue maternelle, le français. Les artistes de cette communauté à forte identité seront présents en grand nombre pour offrir les multiples facettes de leurs chansons et de leurs musiques actuelles, agrémentées de leur savoureux accent et de leur énergie débordante.

Pour cette édition 2012, les concerts événements seront nombreux. On peut déjà retenir la soirée d'ouverture (vendredi 3 août) très éclectique et rock folk où nous retrouverons la chanteuse amérindienne Buffy Sainte-Marie (d'origine Cree) aux textes "engagés" sur une musique pop rock ; le breton Krismenn qui s’inspire à la fois du chant traditionnel breton, du hip hop, du rap, des musiques électroniques ; et l'acadien Joseph Edgar, réunissant avec brio le mélange délicat de multiples styles et influences, et proposant un univers, souvent qualifié d’urbain acoustique, à la fois rafraîchissant, unique et familier.

Orquestra Buena Vista Social Club © Francis Vernhet/Jazz in Marciac.
Orquestra Buena Vista Social Club © Francis Vernhet/Jazz in Marciac.
Le lendemain sera marqué par une soirée placée sous le signe de "La Bretagne des Mondes" avec "Mor Kreizdouar", un projet initiée par le breton Sylvain Barou, virtuose de la flûte traversière, qui marie deux duos exceptionnels : Erik Marchand (voix), Florian Baron (oud) avec le crétois Stelios Petrakis (laouto, lyra, saz) et le percussionniste d’origine iranienne Kevyan Chemirani. Ces cinq artistes artistes proposent ainsi une rencontre est-ouest où la musique bretonne dialogue avec des sonorités et des thèmes méditerranéens et orientaux. La soirée se poursuivra avec Moriarty qui interprétera des chansons de son dernier album "The Missing Room" (2011), tout en allant faire un tour en Louisiane, avec la complicité du trio cajun contemporain Mama Rosin, puis vers l'Océan Indien en compagnie de l'une des plus grandes voix du maloya actuel, la réunionnaise Christine Salem.

Un groupe mythique à l'affiche du dimanche 5 : l'Orquestra Buena Vista Social Club. Révélé par le guitariste Ry Cooder et le film documentaire de Wim Wenders en 1998, le groupe - issu à l'origine de ce célèbre club de musique de La Havane - interprète aujourd'hui de grands classiques du répertoire cubain en mélangeant différents genres : trova, jazz, son, boleros, salsa, etc. Ces musiciens cubains sont parmi les meilleurs au monde, leur cohésion est parfaite et leur musicalité incomparable. Parmi les membres de la formation présents à Lorient, on retrouvera avec plaisir Omara Portuondo, Guajiro Mirabal, Aguaje Ramos, mais également Idonia Valdes, Roberto Fonseca...

La Virée © Patrick Guigueno.
La Virée © Patrick Guigueno.
L'année de l'Acadie implique bien évidemment une Grande Nuit de l'Acadie. Elle aura lieu le 6 août. A cette occasion, le public pourra retrouver des artistes qui viennent au FIL depuis dix ans, pour une soirée placée sous le signe de la convivialité musicale. Roch Voisine et Dominique Dupuis côtoieront Lisa Leblanc (qui fait un tabac outre Atlantique), Joseph Edgar ou encore Sandra Le Couteur. Énergie, passion et rythmes endiablés seront aussi au rendez-vous avec La Virée (Éric Haché, Théo Brideau, Denis Surette), George Belliveau, Fayo, Monique Poirier, Kit Goguen, Louise Vautour et des invités surprises... Un concert où tous les acadiens et les lorientais vont chanter et danser ensemble !

Le Bagad le plus connu au monde ? L'incontournable bagad de Lann-Bihoué bien sûr ! Ambassadeur de la musique bretonne à travers les 5 continents depuis soixante ans, il se trouve aujourd’hui dans la fleur de l’âge avec une maturité musicale qui a gagné ses lettres de noblesse et où chaque penn soner a su laisser une empreinte de haute qualité. C'est donc son anniversaire qui sera fêté, le 7 août, lors d'une soirée exceptionnelle où il partagera la scène avec les danseurs du cercle du Croisty, le groupe breton Skolpad et d’autres invités d’exception... dont Alain Souchon... selon le Major Renard !

Dan Ar Braz Bernard © Galeron/L'Oz Production.
Dan Ar Braz Bernard © Galeron/L'Oz Production.
Autre soirée à ne pas manquer, la Nuit du Port de Pêche, le samedi 11 août, consacrée à l'une des figures emblématiques de la scène bretonne, Dan Ar Braz, et à la présentation, en première mondiale, de son nouveau projet scénique et nouvel album "Célébration". Douze ans après le dernier concert triomphal de "L’Héritage des Celtes" à Lorient, Dan Ar Braz revient à ses premières amours : célébrer la création, le talent de musiciens hors pair, les racines, le partage et la transmission de valeurs, sublimer sa culture et sa terre natale, la Bretagne. Pour cette "Célébration", synonyme de retrouvailles, de rencontres, mêlant compositions rock et sonorités celtiques, il sera entouré de musiciens bretons et des virtuoses du Bagad Kemper.

Le lendemain soir, pour clore en apothéose l’année de l’Acadie, la violoniste acadienne de Memramcook, Dominique Dupuis (joliment surnommée la "Fiancée des Nations Celtes"), invitera l’atypique bagad des pompiers de Lorient et l’un de ses compatriotes d’outre-Atlantique, Sprag Session de Nouvelle Écosse. Puis le collectif festif "le Jeu à la Nantaise" emmènera le public dans un tourbillon de couleurs musicales. Pour terminer cette soirée, les Carhaisiens de Diaouled ar Menez fêteront leurs quarante ans de scène et feront danser les foules jusqu’au bout de la nuit sur des airs endiablés.

À minuit, toute la planète sera invitée pour la 3e année consécutive à danser l’An Dro the World.

Bagad de Lann Bihoué © DR.
Bagad de Lann Bihoué © DR.
Du 3 au 12 août 2012.
42e Festival Interceltique de Lorient.
Année de l'Acadie.
Infos : festival-interceltique.com

>> Programmation complète

Gil Chauveau
Lundi 30 Juillet 2012

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | À l'affiche ter


Brèves & Com


Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023