La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Alexandre Desplat et le Traffic Quintet à la Cité de la Musique, c’est BO !

Tout juste césarisé pour la BO du film de Jacques Audiard, "De Rouille et d’os", le plus hollywoodien des compositeurs français de musique de films se produit avec le Traffic Quintet dans le cadre d’un concert, en marge de l’exposition "Musique et cinéma" à la Cité de la Musique.



Alexandre Desplat (au centre) et le Traffic Quintet © DR.
Alexandre Desplat (au centre) et le Traffic Quintet © DR.
Avec sa complice, la violoniste Dominique Lemonnier du Traffic Quintet, Alexandre Desplat propose un nouveau spectacle : "Quais de Scènes". Une création qui se décline comme une promenade onirique en images vidéo le long des quais de Seine en musique; des visions et des sons qui convoquent la mémoire du cinéma et de la capitale.

Le compositeur et le quintet travaillent ensemble depuis longtemps : ils se sont connus sur le film de Jacques Audiard, "Un héros très discret" (Alexandre Desplat en est aujourd’hui à sa sixième collaboration avec ce très doué cinéaste). Les interprètes qu’on voit jouer entre les changements de tableaux du film, ce sont les membres de cet ensemble à cordes. Un vrai coup de foudre se produit entre ces musiciens venus de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, menant tous une carrière par ailleurs, et le plus doué des héritiers de Georges Delerue et Maurice Jarre.

Après un CD en 2007 intitulé "Nouvelles Vagues", rendant hommage à… la Nouvelle Vague du cinéma des années soixante, Alexandre Desplat et ses amis du Traffic Quintet ont imaginé de faire rencontrer ses arrangements de musiques de cinéma et un film inédit conçu par Dominique Lemonnier et le vidéaste Ange Leccia. Imaginez la fusion de la musique de chambre avec l’art le plus contemporain. Et ce, dès 2009, avec "Divine Féminin", un spectacle imaginé comme un hommage aux actrices et aux héroïnes de cinéma.

Alexandre Desplat (au milieu), Dominique Lemonnier, Ange Leccia © DR.
Alexandre Desplat (au milieu), Dominique Lemonnier, Ange Leccia © DR.
En 2013, on ne changera pas une équipe aussi singulière qu’intéressante. Dominique Lemonnier et Ange Leccia ont travaillé sur des extraits de films de Leos Carax, de Marguerite Duras ou de Jean Luc Godard, comme sur leurs propres images, tel un rêve ébauché à partir des musiques américaines de Desplat. Un univers poétique complet qui devrait ravir le public. D’autant plus que le quintet se verra renforcer de Desplat lui-même à la flûte, et aux percussions, sans oublier le pianiste Alain Planès. Du beau monde sur scène en perspective pour une performance digne de la lanterne magique !

Spectacle le dimanche 24 mars 2013 à 16h30.
"Quais de Scènes", création.
Dominique Lemonnier, conception et réalisation.
Alexandre Desplat, musique.
Ange Leccia, création vidéo.
Stéphane Vérité, scénographie.

Cité de la Musique (Salle des concerts), 01 44 84 44 84.
221, avenue Jean Jaurès, Paris 19e.
>> citedelamusique.fr

Traffic Quintet.
Dominique Lemonnier, Laurent Quenelle, violon.
Estelle Vilotte, alto.
Raphaël Perraud, violoncelle.
Philippe Noharet, contrebasse.

Avec la participation exceptionnelle de :
Alexandre Desplat, flûte, percussions.
Alain Planès, piano.

Christine Ducq
Mardi 19 Mars 2013

Concerts | Lyrique







À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024