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Concerts

"Tangueada" Mosalini Teruggi Cuarteto L'âme profonde du tango argentin liée à l'élégance de la musique de chambre

"Tangueada" est à la fois un album éponyme sorti le 11 novembre 2024 chez Grand Central Artist et un concert magnétique mêlant sensualité et raffinement, invitant le public dans un monde fascinant, loin des clichés souvent associés à cette musique.



Tangueada Paris 2024 © MTC
Tangueada Paris 2024 © MTC
En 2013, Juanjo Mosalini et Leonardo Teruggi, dont on peut affirmer que le tango est leur langue maternelle, ont conjointement fondé le "Mosalini-Terugi Cuarteto". C'est ici un large territoire de rencontres que ce binôme propose, dans une relecture des classiques du répertoire et de leurs compositions toutes personnelles. Accompagnés par Sébastien Surel au violon et Romain Descharmes au piano, cette formation virtuose touche les spectateurs au cœur via leur propre empreinte musicale respective.

Déjà 10 ans d'expérience pour le "Mosalini-Teruggi Cuarteto" et un troisième album après "Tango Hoy" et "Chamuyo". Et, surtout, un concert anniversaire à cette occasion, concert de la plus belle teneur ! Le quartet propose alternativement des créations originales et des créations classiques faisant voyager le public avec élégance et brio entre l'Argentine et son candombe, le milonga, le tango, bien sûr, mais aussi des sonorités brésiliennes ou andines virevoltantes et sensuelles.

Comment résister ? Comment ne pas succomber aux talents de cet ensemble emblématique ?
"Un ensemble de tango de chambre contemporain !" L'appellation pourrait interpeller, mais il s'agit bien de cela, et il fallait y penser… Le "Mosalini-Teruggi Cuarteto" happe les spectateurs dès les premières notes interprétées et l'alchimie ne nous lâche plus. Nous sommes comme enveloppés d'une aura envoûtante provoquée, entre autres, par la très nette complicité des quatre interprètes, et par la présence toute particulière de Juanjo Mosalini, ambassadeur reconnu du bandonéon, bien au-delà de l'Argentine.

Tangueada Paris 2024 © MTC
Tangueada Paris 2024 © MTC
Juanjo a été formé par son père, le génial Juan-José Mosalini, bandéoniste et chef d'orchestre, grande figure du tango contemporain, et commence une carrière internationale dès l'âge de 18 ans. Actuellement, il enseigne le bandonéon au CRD de Gennevilliers, pôle le plus important d'Europe pour l'apprentissage de cet instrument et du tango. Il en est le directeur depuis 2016.

Les notes exigeantes de la musique de chambre interprétées brillamment par Romain Descharmes au piano, Premier Grand Prix du Concours International de Dublin, et Sébastien Surel au violon, membre aussi du Trio Talweg, indispensables cocréateurs, associées à celles du bandonéon et de la contrebasse pourraient réconcilier, à n'en point douter, les détracteurs d'une époque désormais révolue, ces derniers ne reconnaissant pas dans le tango un art noble et de qualité.

"Tangueada" est un moment de grâce partagé, oscillant entre passé et présent, imaginaire multiculturel et talents sans failles. L'exigence musicale incontestable de l'interprétation par les quatre musiciens virtuoses est comme gommée, par magie, pour le plus grand bonheur du public largement conquis.
◙ Brigitte Corrigou

"Tangueada"

Tangueada Paris 2024 © MTC
Tangueada Paris 2024 © MTC
Par le Mosalini Teruggi Cuarteto
Avec : Juanjo Mosalini (bandonéon), Leonardo Terugi (contrebasse), Romain Descharmes (piano) et Sébastien Surel (violon).
Mise en espace : Emmanuel Demarcy-Mota.
Durée : 1 h 15.

Ce concert s'est joué le 7 décembre 2024 au Théâtre de la Ville - Les Abesses, à l'Ambassade d'Argentine (Paris) le 12 décembre 2024, ainsi que les 12 et 13 mars 2025 au Théâtre de la Ville - Sarah Bernhardt.

Tournée (sous réserve)
Mai 2025 au Grand Théâtre d'Asnières (94)
Juin 2025 au Carnegie Hall (New York)
Juin 2025 au Bal Blomet (Paris 14e) et au Studio de l'Ermitage
À suivre…

Brigitte Corrigou
Vendredi 21 Mars 2025

Concerts | Lyrique







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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

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30/08/2024