La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"La Performance", un théâtre visuel hommage au cinéma muet

Le cinéma muet des débuts du septième art n'avait besoin ni de sous-titres, ni de traductions pour être compris de toute la planète. "La Performance" possède les mêmes pouvoirs universels. Ses premières représentations ont d'ailleurs eu lieu en Écosse, au Tron Theatre de Glasgow, du 12 au 22 octobre. Né d'une coproduction entre le Tron et l'IVT de Paris, ce spectacle a été créé dans le but d'être également compréhensible par les publics malentendants et les publics entendants quelles que soient leurs nationalités. Et ceci, sans aucun soutien de projection de sous-titre ou de doublage simultané en langues des signes comme cela se pratique pour quelques spectacles en France.



© Mihaela Bodlovic.
© Mihaela Bodlovic.
Le langage du corps, du jeu, des regards, mélange parfois de mime, de pantomime, parfois quelques mots en langage des signes, cela suffit aux deux grands interprètes que sont Emmanuelle Laborit et Ramesh Meyyappan. On connaît bien en France Emmanuelle Laborit pour l'avoir souvent vue au cinéma, mais aussi pour son action pour la reconnaissance de la langue des signes française et pour la création de l'IVT, International Visual Théâtre qu'elle dirige. Ramesh Meyyappan est moins connu ici, mais très connu outre-Manche pour ses seuls en scène et ses collaborations internationales. Comédien sourd, il a développé des techniques de jeux très expressives basées sur la gestuelle.

"La Performance" nous projette presque un siècle dans le passé, dans la loge d'un théâtre où deux interprètes se préparent avant de rentrer en scène. Là, ce seront toute une série de sketchs qu'ils vont interpréter, des histoires qui reprennent les canevas des petits films de l'époque qui s'inspiraient de la vie quotidienne : rencontres amoureuses, séductions, vol à la tire. Des épisodes qui font penser aux courts-métrages de Chaplin, de Laurel et Hardy ou de Mack Sennett. On y perçoit aussi des clins d'œil à d'autres références cinématographiques comme "Les Enfants du Paradis" quand Ramesh Meyyappan rentre sur scène en Pierrot, personnage joué par Jean-Louis Barrault.

© Mihaela Bodlovic.
© Mihaela Bodlovic.
On y retrouve même la partie musicale que les cinémas offraient pour accompagner ces films : un piano. Devant le clavier, Ross Whyte enchaîne les airs qui rythment et soulignent dramatiquement toutes les scènes. Ce sont des scènes comiques, nostalgiques, qui forcent à sourire tout en admirant le jeu des deux interprètes, totalement investis dans les histoires que leurs expressions et leurs corps racontent à la perfection.

"La Performance"

© Mihaela Bodlovic.
© Mihaela Bodlovic.
Création théâtre visuel 2022 d'Andy Arnold.
Mise en scène d'Andy Arnold.
Avec : Emmanuelle Laborit et Ramesh Meyyappan.
Composition musicale et musicien de scène (live) : Ross Whyte.
Création lumière : Benny Goodman.
Scénographie : Jenny Booth.
Costumes : Victoria Brown.
Durée 1 h.
À partir de 10 ans.

Du 8 au 20 novembre 2022.
Mardi 8 et 15 novembre à 20 h ; mercredi 9 et 16 novembre à 20 h ; jeudi 10 et 17 novembre à 19 h ; vendredi 11 et 18 novembre à 20 h ; samedi 12 et 19 novembre à 18 h ; dimanche 13 et 20 novembre à 16 h.
ITV - International Visual Theatre, Paris 9e, 01 53 16 18 18.
>> ivt.fr

Bruno Fougniès
Samedi 12 Novembre 2022

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024