Immergé d'emblée dans l'univers clos d'une chambre d'isolement abritant le patient Caspar recroquevillé sur lui-même, le spectateur découvre – défilant sur l'écran blanc de la nuit psychiatrique – les "exploits" de la lobotomie… Une pratique chirurgicale, ayant connu ses heures de gloire dans les États-Unis des années 1935 à 1970 qui consistait à introduire "un pic à glace" dans le crâne afin de sectionner les faisceaux blancs qui unissent le cortex au reste du cerveau.
Sur le tableau défilant, un condensé éloquent des prouesses ayant conduit son inventeur, le Docteur Ortiz (le nom a été ici déformé, Moniz de son vrai nom), à être récompensé en 1949 par le prestigieux Prix Nobel de Médecine (l'Histoire souvent bégaie… Benyamin Nétanyahou n'a-t-il pas été donné lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2024, avant qu'un certain Donald Trump en rêvât, pour son "auguste", personne en 2025 ?). Et pour illustrer les miracles de cette invention, l'archive concernant Rosemary Kennedy, sœur de JFK Président des États-Unis, souffrant de troubles de l'humeur et du comportement (en fait jeune femme témoignant de désirs sexuels et de libertés incompatibles avec la bienséance requise par l'Amérique puritaine). Lobotomisée avec succès à la demande du patriarche, elle sera réduite à l'état d'un enfant d'âge mental de bas âge. Effacée (sic) de l'album familial, elle mourra dans un asile.
L'infirmier de service, à la haute stature dissimulant une fragilité qui se fera jour au contact du "patient fou", fait irruption, crayon et carnet en mains, pour soumettre le pauvre Caspar à un interrogatoire médical "en règle"… celle réglée comme du papier à musique par l'Institution psychiatrique attendant de son personnel et de ses pensionnaires soumission au protocole assurant la pérennité dudit pouvoir médical. Un brin sarcastique, l'homme à la blouse blanche forcera le patient à sortir du silence dans lequel il se réfugie. Lorsque les mots surgiront de cette forteresse vide au visage rieur, ils exprimeront l'essence de sa situation : "Caspar, Monsieur, c'est mon nom, enfoncé à coup de marteau dans le cerveau".
Sur le tableau défilant, un condensé éloquent des prouesses ayant conduit son inventeur, le Docteur Ortiz (le nom a été ici déformé, Moniz de son vrai nom), à être récompensé en 1949 par le prestigieux Prix Nobel de Médecine (l'Histoire souvent bégaie… Benyamin Nétanyahou n'a-t-il pas été donné lauréat du Prix Nobel de la Paix en 2024, avant qu'un certain Donald Trump en rêvât, pour son "auguste", personne en 2025 ?). Et pour illustrer les miracles de cette invention, l'archive concernant Rosemary Kennedy, sœur de JFK Président des États-Unis, souffrant de troubles de l'humeur et du comportement (en fait jeune femme témoignant de désirs sexuels et de libertés incompatibles avec la bienséance requise par l'Amérique puritaine). Lobotomisée avec succès à la demande du patriarche, elle sera réduite à l'état d'un enfant d'âge mental de bas âge. Effacée (sic) de l'album familial, elle mourra dans un asile.
L'infirmier de service, à la haute stature dissimulant une fragilité qui se fera jour au contact du "patient fou", fait irruption, crayon et carnet en mains, pour soumettre le pauvre Caspar à un interrogatoire médical "en règle"… celle réglée comme du papier à musique par l'Institution psychiatrique attendant de son personnel et de ses pensionnaires soumission au protocole assurant la pérennité dudit pouvoir médical. Un brin sarcastique, l'homme à la blouse blanche forcera le patient à sortir du silence dans lequel il se réfugie. Lorsque les mots surgiront de cette forteresse vide au visage rieur, ils exprimeront l'essence de sa situation : "Caspar, Monsieur, c'est mon nom, enfoncé à coup de marteau dans le cerveau".
"Fragile du cerveau" après les moult électrochocs destinés à l'apaiser (traduire : à annihiler en lui toutes velléités de révolte), Caspar entendra la menace qui lui est adressée d'une aiguille énorme enfoncée dans son cerveau de malade s'il ne se montre pas plus coopératif… Fuites dans un délire hallucinatoire, ultimes refuges aux maltraitances passées et présentes, les images d'une prophétie faisant de lui le dernier survivant seront "projetées" hors de sa tête pour danser sur l'écran comme on danse avec les loups.
Avant de devenir le nouvel Élu, lui qui refusant de vivre sous la croûte terrestre comme nombre d'humains aspire à s'élever jusqu'aux étoiles, quand bien même ses ailes dussent-elles en brûler, il revivra non sans une jubilation réparatrice "la scène". Non pas la scène primitive freudienne de ses parents faisant l'amour, mais celle du manque d'amour de son père pour l'enfant qu'il était, enfant abusé par son frère aîné et recevant en guise de soutien du paternel une gifle phénoménale. Pas étonnant aujourd'hui qu'il veuille devenir le Messie, le sauveur d'une humanité dont il a été, lui, exclu…
Avant de devenir le nouvel Élu, lui qui refusant de vivre sous la croûte terrestre comme nombre d'humains aspire à s'élever jusqu'aux étoiles, quand bien même ses ailes dussent-elles en brûler, il revivra non sans une jubilation réparatrice "la scène". Non pas la scène primitive freudienne de ses parents faisant l'amour, mais celle du manque d'amour de son père pour l'enfant qu'il était, enfant abusé par son frère aîné et recevant en guise de soutien du paternel une gifle phénoménale. Pas étonnant aujourd'hui qu'il veuille devenir le Messie, le sauveur d'une humanité dont il a été, lui, exclu…
Lui le bon à rien, le reclus du placard, lui qui était là sans être là comme un sidéré ancré au traumatisme vécu sans pouvoir se détacher de cette bouée à la dérive, les images de son acte libérateur vont surgir par effraction, une abréaction libérant la tension émotive du "coupable" tranchant avec un sourire la jugulaire de son bourreau de frère… Mais en a-t-il pour autant été libéré ? Exit les contes de fées à vertu résiliente… Ses pas viennent hanter ses nuits. Et si ses caresses étaient la preuve qu'il l'avait vraiment aimé ? Alors quand il s'infiltre dans son lit, le serpent qui s'introduit en lui… Présent, passé et futur coagulés dans le même temps, un temps qui refuse de passer.
Les projections de ce patient aliéné, prisonnier des liens de son histoire, projections vives comme des acides corrosifs, transpercent, trouent la blouse blanche du "soignant". Elles mettent à nu, sous un "moi-peau" patiemment construit, ses aspirations enfouies, indésirables socialement tant elles sont marquées par le sceau du désir… de ses désirs secrets, jugés inavouables. Lui aussi, dans son sommeil, n'entend-il pas la voix de ce beau-fils de fermier, au ventre plat et aux muscles d'acier, l'inviter à des jeux enivrants ?
Entre l'infirmier et le patient, les frontières de la normalité vont vaciller… Elles fluctuent, capricieuses, mise à mal par l'essence même du désir, échappant aux contraintes de l'ordre établi par les puissants, pour les puissants. On ne dévoilera pas la chute, dans la même veine que ce qui précède, elle est à la hauteur de ce jeu de miroirs à plusieurs facettes, ce je qui se joue et se rejoue ici devant nous, spectateurs happés plus que conviés au dévoilement de l'indicible fragilité de l'humain… Et si la folie n'était pas de croire à la raison… aux pieds d'argile ?
◙ Yves Kafka
Vu le dimanche 6 juillet 2025, à la Chapelle des Italiens, dans le cadre du Festival Off d'Avignon.
Les projections de ce patient aliéné, prisonnier des liens de son histoire, projections vives comme des acides corrosifs, transpercent, trouent la blouse blanche du "soignant". Elles mettent à nu, sous un "moi-peau" patiemment construit, ses aspirations enfouies, indésirables socialement tant elles sont marquées par le sceau du désir… de ses désirs secrets, jugés inavouables. Lui aussi, dans son sommeil, n'entend-il pas la voix de ce beau-fils de fermier, au ventre plat et aux muscles d'acier, l'inviter à des jeux enivrants ?
Entre l'infirmier et le patient, les frontières de la normalité vont vaciller… Elles fluctuent, capricieuses, mise à mal par l'essence même du désir, échappant aux contraintes de l'ordre établi par les puissants, pour les puissants. On ne dévoilera pas la chute, dans la même veine que ce qui précède, elle est à la hauteur de ce jeu de miroirs à plusieurs facettes, ce je qui se joue et se rejoue ici devant nous, spectateurs happés plus que conviés au dévoilement de l'indicible fragilité de l'humain… Et si la folie n'était pas de croire à la raison… aux pieds d'argile ?
◙ Yves Kafka
Vu le dimanche 6 juillet 2025, à la Chapelle des Italiens, dans le cadre du Festival Off d'Avignon.
"Caspar ou l'Anatomie d'un fou"
Texte : Claude-Alain Planchon.
Mise en scène : Olivier Desbordes.
Avec : Mickaël Winum (Caspar) et Jean-Paul Sermadiras (Leland).
Lumières et création vidéo : Clément Chébli.
Costumes et accessoires : Patrice Gouron.
À partir de 16 ans.
Durée : 1 h.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 19 h. Relâche le mardi.
Théâtre La Chapelle des Italiens, 33, rue Paul Saïn, Avignon.
Réservation : 09 52 42 66 72/06 14 59 24 69.
>> Billetterie en ligne
>> echodusoleil.fr
Mise en scène : Olivier Desbordes.
Avec : Mickaël Winum (Caspar) et Jean-Paul Sermadiras (Leland).
Lumières et création vidéo : Clément Chébli.
Costumes et accessoires : Patrice Gouron.
À partir de 16 ans.
Durée : 1 h.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 19 h. Relâche le mardi.
Théâtre La Chapelle des Italiens, 33, rue Paul Saïn, Avignon.
Réservation : 09 52 42 66 72/06 14 59 24 69.
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