"Comment notre modèle économique européen influence-t-il nos désirs et fabrique de nouveaux besoins ?" Telle est la question qui les a interpellés lors de ce processus créatif qui, quelque part, les a sensiblement envahis. Paradoxalement, les deux compères avertis avouent que "plus ils travaillaient sur cette thématique, plus ils soignaient leur apparence" ! Mais que s'est-il donc passé ?
Ainsi, leur spectacle a manifestement couru plus vite qu'eux et a pris un virage à 300°, car c'est, au bout du compte, une réflexion joyeuse sur notre rapport au monde et notre façon de nous présenter que "Fast" propose au public. Mais comment au juste ? Comment faire d'un tel questionnement un spectacle ? Comment ne pas tomber dans le piège d'un seul plaidoyer théâtral révolutionnaire et revendicateur ? Ce devait rester du spectacle, et non pas un reportage d'Élise Lucet dans "Envoyé spécial" !
C'est essentiellement par le biais d'une interaction sensible avec le public que la pièce s'est projetée, via un travail de recherches dont on se doute qu'il a dû être titanesque. Sur scène, dans un dispositif frontal du public qui renforce très largement le propos, un mélange constitué de jeux éducatifs, de quiz, de springboards ou encore d'interviews témoignages. Le tout justement choisi, hybride, inventif et virevoltant.
Ainsi, leur spectacle a manifestement couru plus vite qu'eux et a pris un virage à 300°, car c'est, au bout du compte, une réflexion joyeuse sur notre rapport au monde et notre façon de nous présenter que "Fast" propose au public. Mais comment au juste ? Comment faire d'un tel questionnement un spectacle ? Comment ne pas tomber dans le piège d'un seul plaidoyer théâtral révolutionnaire et revendicateur ? Ce devait rester du spectacle, et non pas un reportage d'Élise Lucet dans "Envoyé spécial" !
C'est essentiellement par le biais d'une interaction sensible avec le public que la pièce s'est projetée, via un travail de recherches dont on se doute qu'il a dû être titanesque. Sur scène, dans un dispositif frontal du public qui renforce très largement le propos, un mélange constitué de jeux éducatifs, de quiz, de springboards ou encore d'interviews témoignages. Le tout justement choisi, hybride, inventif et virevoltant.
La scénographie de Sofia Dilinos et les costumes de Perrine Langlais jouent un rôle central dans la transmission du message, entre défilés de mode "hauts en couleur", interaction vivifiante avec le public et, sur la fin du spectacle, entassement de dizaines de cartons sous lesquels on se sent étouffer. C'est taillé au cordeau et véritablement subtil, porté par une écriture intelligente, et une belle complicité entre les deux comédiens.
Tous ces cartons ! La symbolique est forte, forcément, et ne peut que nous parler... Il n'est qu'à ouvrir nos placards ou les tiroirs de nos commodes pour mesurer à quel point la surconsommation est là !
Nos espaces sont saturés de toutes parts par la fripe et le parti pris de cette action performatrice porte largement ses fruits en convoquant la conscientisation de nos propres excès, la geste théâtrale pouvant paraître pourtant, dans le fond, banale et quotidienne.
Les lumières de Pier Gallen accompagnent de façon très "éclairée" la transformation du plateau, en soulignant par exemple certains tableaux et en les ancrant émotionnellement dans le propos. Le pari était risqué, mais c'était sans compter sur le savoir-faire des deux interprètes au plateau et du regard extérieur de Pierre-Paul Constant.
Tous ces cartons ! La symbolique est forte, forcément, et ne peut que nous parler... Il n'est qu'à ouvrir nos placards ou les tiroirs de nos commodes pour mesurer à quel point la surconsommation est là !
Nos espaces sont saturés de toutes parts par la fripe et le parti pris de cette action performatrice porte largement ses fruits en convoquant la conscientisation de nos propres excès, la geste théâtrale pouvant paraître pourtant, dans le fond, banale et quotidienne.
Les lumières de Pier Gallen accompagnent de façon très "éclairée" la transformation du plateau, en soulignant par exemple certains tableaux et en les ancrant émotionnellement dans le propos. Le pari était risqué, mais c'était sans compter sur le savoir-faire des deux interprètes au plateau et du regard extérieur de Pierre-Paul Constant.
Zara, Shein, Temu ! Qui ne connaît pas ces marques internationales ? Mais qui, véritablement, connaît ces chiffres : 130 milliards de vêtements consommés par an (60 % de plus qu'il y a quinze ans), 20 % de la pollution d'eau douce dans le monde liée à l'industrie textile, 50 000 jeunes filles ou femmes en situation de travail forcé dans les usines de filature en Inde du Sud, 12 h de travail par jour en moyenne pour les ouvrières de l'habillement en Asie, ou encore 7 000 litres d'eau environ pour la fabrication d'un T-shirt. La liste pourrait être bien plus longue, qui constitue d'ailleurs, dans le spectacle, un moment d'incarnation théâtrale interprété avec fougue et brio par Didier Poteaux.
"Fast" est une réflexion sensible et justement conçue sur nos désirs de paraître, que ce soit chez les ados ou chez les adultes, mais surtout sur la nécessité impérieuse de nous réapproprier nos vrais désirs, car urgence il y a ! Derrière le spectre de la "fast fashion", les deux comédiens endossent de manière joyeuse, interactive et très complices plusieurs rôles comme celui d'une influenceuse, d'une marketeuse, d'un ouvrier textile, d'une consommatrice, d'un sociologue ou encore de figures historiques, "sans jugement ni ton moralisateur", mais en affichant une prise de position didactique, fine, imagée, intelligente et dynamique.
C'est du théâtre-documentaire sur notre société néolibérale qui, à bien y regarder, interroge très largement nos désirs et la complexité de notre réel, lequel va, décidément, trop "fast" !
C'est parfois à la frontière d'un questionnement philosophico-existentiel sur nos besoins et nos désirs qui n'est pas sans nous rappeler la réflexion suivante de Spinoza : "Le désir n'est pas manque, mais puissance d'être". Courez assister à cette pièce au Théâtre des Doms. Il est fort probable qu'à l'avenir, vous cesserez de vous laisser berner par les besoins vestimentaires que l'on vous crée.
◙ Brigitte Corrigou
"Fast" est une réflexion sensible et justement conçue sur nos désirs de paraître, que ce soit chez les ados ou chez les adultes, mais surtout sur la nécessité impérieuse de nous réapproprier nos vrais désirs, car urgence il y a ! Derrière le spectre de la "fast fashion", les deux comédiens endossent de manière joyeuse, interactive et très complices plusieurs rôles comme celui d'une influenceuse, d'une marketeuse, d'un ouvrier textile, d'une consommatrice, d'un sociologue ou encore de figures historiques, "sans jugement ni ton moralisateur", mais en affichant une prise de position didactique, fine, imagée, intelligente et dynamique.
C'est du théâtre-documentaire sur notre société néolibérale qui, à bien y regarder, interroge très largement nos désirs et la complexité de notre réel, lequel va, décidément, trop "fast" !
C'est parfois à la frontière d'un questionnement philosophico-existentiel sur nos besoins et nos désirs qui n'est pas sans nous rappeler la réflexion suivante de Spinoza : "Le désir n'est pas manque, mais puissance d'être". Courez assister à cette pièce au Théâtre des Doms. Il est fort probable qu'à l'avenir, vous cesserez de vous laisser berner par les besoins vestimentaires que l'on vous crée.
◙ Brigitte Corrigou
"Fast"
"Ou peut-on se réapproprier nos désirs dans notre société de consommation ?"
Texte : Didier Poiteaux
Conception : Olivier Lemel et Didier Poiteaux.
Avec : Olivier Lemel et Didier Poiteaux.
Soutien à la mise en scène : Valérianne De Maertelaire.
Scénographie : Sofia Dilinos.
Costumes : Perrine Langlais.
Lumières : Pier Gallen.
Son : Roxane Brunet.
Musique : Matthieu Viley.
Infographies : Julie Majcherczyk.
Regard extérieur : Pierre Paul Constant.
Compagnie Inti Théâtre (Bruxelles).
Tout public à partir de 13 ans.
Durée : 1 h 10.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 10 h 30. Relâche le mercredi.
Théâtre des Doms, 1 bis, rue des Escaliers Sainte-Anne, Avignon.
Réservation : 04 90 14 07 99.
>> Billetterie en ligne
>> lesdoms.eu
Texte : Didier Poiteaux
Conception : Olivier Lemel et Didier Poiteaux.
Avec : Olivier Lemel et Didier Poiteaux.
Soutien à la mise en scène : Valérianne De Maertelaire.
Scénographie : Sofia Dilinos.
Costumes : Perrine Langlais.
Lumières : Pier Gallen.
Son : Roxane Brunet.
Musique : Matthieu Viley.
Infographies : Julie Majcherczyk.
Regard extérieur : Pierre Paul Constant.
Compagnie Inti Théâtre (Bruxelles).
Tout public à partir de 13 ans.
Durée : 1 h 10.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 10 h 30. Relâche le mercredi.
Théâtre des Doms, 1 bis, rue des Escaliers Sainte-Anne, Avignon.
Réservation : 04 90 14 07 99.
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