"By heart", "Antoine et Cléopâtre", "Bovary", "Souffle (Sopro)", "Dans la mesure de l'impossible", ou plus près de nous "Hécube, pas Hécube", pour ne citer que quelques-unes des créations de Tiago Rodrigues, nous avaient transportés dans des univers "ouvreurs de questionnements potentiels" sur le genre humain. Là, dans cette forme cherchant sa place entre essai dystopique et roman-photo "Nous deux", on est saisi par la sensation de rester collé à l'horizon des pâquerettes, pour ne pas dire en dessous de la ligne de flottaison, tant sont enfoncées à l'envi des portes ouvertes jusqu'au happy end, fleuron de bons sentiments.
Un tronc noueux gisant sur le sol, du bois flotté délavé par les flots dont la blancheur contraste avec l'écorce noircie de l'arbre, et une roche rouge érigée leur faisant face ou leur tournant le dos, c'est selon. Tel se présente le décor esthétisant des deux mondes opposés, séparés par quelque deux cent vingt-cinq millions de kilomètres et rendus visibles ici au gré de la rotation plus ou moins rapide du plateau. Là prendront rôle – sans se voir, ou seulement une fois en rêve – le père et celle qui a joué la fille de l'air…
Un tronc noueux gisant sur le sol, du bois flotté délavé par les flots dont la blancheur contraste avec l'écorce noircie de l'arbre, et une roche rouge érigée leur faisant face ou leur tournant le dos, c'est selon. Tel se présente le décor esthétisant des deux mondes opposés, séparés par quelque deux cent vingt-cinq millions de kilomètres et rendus visibles ici au gré de la rotation plus ou moins rapide du plateau. Là prendront rôle – sans se voir, ou seulement une fois en rêve – le père et celle qui a joué la fille de l'air…
Ils en ont sur le cœur l'un et l'autre… Lui, le père, ne comprenant pas, mais pas le moins du monde, pourquoi sa fille chérie avait pu mettre une telle "distance" entre eux, et sans prévenir de surcroît… Elle, la progéniture échappant à son géniteur, qui, dès ses sept ans, avait tenu à affirmer son indépendance en jouant avec les limites du cocon (trop) douillet tissé par le père, veuf et soucieux de sécurité pour la prunelle de ses yeux… Certes, il était absorbé par son travail de médecin hospitalier et n'avait sans doute pas été assez disponible pour sa fille qui, bien que se sachant aimée, s'était à l'adolescence sentie bien seule face aux dérèglements de notre vieux monde battant de l'aile… Alors, elle s'était envolée la fille, un brin rebelle, vers un ailleurs situé dans l'espace sidéral, un ailleurs annoncé comme prometteur…
La solitude de l'homme, peuplée de souvenirs à vif, baigne le premier tableau… Le bain dans la mer infestée de méduses, le sourire de la fillette désobéissante sauvée des eaux, laissant apparaître déjà son caractère trempé sur les épaules du paternel apeuré… Le second tableau découvre, par une rotation du dispositif scénique autour de son axe, la jeune fille radieuse adoptant sur Mars le bruit géant de la pressurisation comme la condition de l'air à respirer en surface… Et les tableaux vont se succéder ainsi au rythme des messages échangés. Elle lui confiera les arcanes du protocole du processus d'amnésie progressive conduisant "les oubliants" à oblitérer toute trace de leur passé, lui tentera de la "ramener sur terre" en lui faisant écouter la chanson de sa maman morte lors de l'un des "effondrements"… Le rythme et la musique s'amplifieront, message après message, jusqu'à la saturation de la lumière rouge et des sons fracassants annonçant la chute prochaine.
Y avait-il lieu de faire spectacle de telles banalités ? Le In, lieu de créations à risques, où du monde entier l'on vient découvrir "de nouvelles formes, sinon rien" (dixit le jeune poète d'Anton Tchekhov), se devait-il d'honorer un tel alignement de bons sentiments allant jusqu'au "coming out" mental de ce père sacrificiel, acceptant in fine – la mort dans l'âme certes, mais acceptant, pour son bonheur à elle – le choix de sa fille ayant préféré payer le prix d'un lavage de cerveau irréversible pour oblitérer les souvenirs des horreurs terrestres…
Quant au message subliminal, il pourrait être que si l'on ne peut changer ce monde il est préférable de changer de monde… Comme ces milliardaires qui n'ont d'autres rêves que ceux de faire partie des élus de la première expédition sur Mars, la nouvelle Arche de Noé des friqués sans âme ?
Notre (abyssale) déception est à lire à l'aulne de la réelle considération que nous portons à l'auteur metteur en scène pétri de valeurs humaines qui, même après ce faux pas dans l'espace intersidéral, garde entier notre capital de confiance… sur Terre. Rendez-nous Tiago, sacrés Martiens farceurs !!!
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 9 juillet 2025 à L'Autre Scène du Grand Avignon.
La solitude de l'homme, peuplée de souvenirs à vif, baigne le premier tableau… Le bain dans la mer infestée de méduses, le sourire de la fillette désobéissante sauvée des eaux, laissant apparaître déjà son caractère trempé sur les épaules du paternel apeuré… Le second tableau découvre, par une rotation du dispositif scénique autour de son axe, la jeune fille radieuse adoptant sur Mars le bruit géant de la pressurisation comme la condition de l'air à respirer en surface… Et les tableaux vont se succéder ainsi au rythme des messages échangés. Elle lui confiera les arcanes du protocole du processus d'amnésie progressive conduisant "les oubliants" à oblitérer toute trace de leur passé, lui tentera de la "ramener sur terre" en lui faisant écouter la chanson de sa maman morte lors de l'un des "effondrements"… Le rythme et la musique s'amplifieront, message après message, jusqu'à la saturation de la lumière rouge et des sons fracassants annonçant la chute prochaine.
Y avait-il lieu de faire spectacle de telles banalités ? Le In, lieu de créations à risques, où du monde entier l'on vient découvrir "de nouvelles formes, sinon rien" (dixit le jeune poète d'Anton Tchekhov), se devait-il d'honorer un tel alignement de bons sentiments allant jusqu'au "coming out" mental de ce père sacrificiel, acceptant in fine – la mort dans l'âme certes, mais acceptant, pour son bonheur à elle – le choix de sa fille ayant préféré payer le prix d'un lavage de cerveau irréversible pour oblitérer les souvenirs des horreurs terrestres…
Quant au message subliminal, il pourrait être que si l'on ne peut changer ce monde il est préférable de changer de monde… Comme ces milliardaires qui n'ont d'autres rêves que ceux de faire partie des élus de la première expédition sur Mars, la nouvelle Arche de Noé des friqués sans âme ?
Notre (abyssale) déception est à lire à l'aulne de la réelle considération que nous portons à l'auteur metteur en scène pétri de valeurs humaines qui, même après ce faux pas dans l'espace intersidéral, garde entier notre capital de confiance… sur Terre. Rendez-nous Tiago, sacrés Martiens farceurs !!!
◙ Yves Kafka
Vu le mercredi 9 juillet 2025 à L'Autre Scène du Grand Avignon.
"La Distance"
Création 2025. Surtitré en anglais.
Texte et mise en scène : Tiago Rodrigues.
Avec : Alison Dechamps, Adama Diop.
Traduction : Thomas Resendes (français), Daniel Hahn (anglais).
Scénographie : Fernando Ribeiro.
Costumes : José António Tenente.
Lumière : Rui Monteiro.
Musique et son : Pedro Costa.
Collaboration artistique : Sophie Bricaire.
Assistant à la mise en scène : André Pato.
Stagiaire à la mise en scène : Thomas Medioni.
Durée : 1 h 30.
•Avignon In 2025•
Les 7 et 8, du 13 au 15, le 18, du 20 au 23, les 25 et 26 juillet 2025.
Représenté à 12 h. À 12 h et à 17 h 30 les 9, 12, 16 et 19 juillet.
L'Autre Scène du Grand Avignon, Vedène.
Billetterie en ligne
>> festival-avignon.com
Texte et mise en scène : Tiago Rodrigues.
Avec : Alison Dechamps, Adama Diop.
Traduction : Thomas Resendes (français), Daniel Hahn (anglais).
Scénographie : Fernando Ribeiro.
Costumes : José António Tenente.
Lumière : Rui Monteiro.
Musique et son : Pedro Costa.
Collaboration artistique : Sophie Bricaire.
Assistant à la mise en scène : André Pato.
Stagiaire à la mise en scène : Thomas Medioni.
Durée : 1 h 30.
•Avignon In 2025•
Les 7 et 8, du 13 au 15, le 18, du 20 au 23, les 25 et 26 juillet 2025.
Représenté à 12 h. À 12 h et à 17 h 30 les 9, 12, 16 et 19 juillet.
L'Autre Scène du Grand Avignon, Vedène.
Billetterie en ligne
>> festival-avignon.com
Tournée
10 et 11 septembre 2025 : Divadlo International Theatre Festival, Pilsen (Tchéquie).
17 et 18 septembre 2025 : Plovdiv Drama Theatre, Plovdiv (Bulgarie).
Du 1er au 3 octobre 2025 : Théâtre 71 - Scène nationale, Malakoff (92).
10 et 11 octobre 2025 : De Singel, Anvers (Belgique).
Du 15 au 17 octobre 2025 : Le Maillon - Scène européenne, Strasbourg (67).
Du 22 au 24 octobre 2025 : Teatro Stabile, Naples (Italie).
Du 5 au 7 novembre 2025 : La Comédie - Scène nationale, Clermont-Ferrand (63).
Du 13 au 23 novembre 2025 : Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (Suisse).
26 et 27 novembre 2025 : MC2, Grenoble (38).
1er décembre 2025 : Équinoxe - Scène nationale, Châteauroux (36).
Du 15 au 18 janvier 2026 : Centro Dramático Nacional, Madrid (Espagne).
Du 21 au 25 janvier 2026 : Teatre Lliure, Barcelone (Espagne).
29 et 30 janvier 2026 : Le Bateau Feu - Scène nationale, Dunkerque (59).
3 et 4 février 2026 : Le Volcan - Scène nationale, Havre (76).
Du 7 au 10 mai 2026 : Onassis Stegi, Athènes (Grèce).
15 et 16 mai 2026 : Piccolo Teatro di Milano – Teatro d'Europa, Milan (Italie).
21 et 22 mai 2026 : Théâtre de Grasse – Scène conventionnée d'intérêt national Art et Création, Grasse (06).
27 et 28 mai 2026 : Scènes et Cinés – Scène conventionnée d'intérêt national Art en territoire, Istres (13).
2 et 3 juin 2026 : Théâtre du Bois de l'Aune, Aix-en-Provence (13).
10 et 11 septembre 2025 : Divadlo International Theatre Festival, Pilsen (Tchéquie).
17 et 18 septembre 2025 : Plovdiv Drama Theatre, Plovdiv (Bulgarie).
Du 1er au 3 octobre 2025 : Théâtre 71 - Scène nationale, Malakoff (92).
10 et 11 octobre 2025 : De Singel, Anvers (Belgique).
Du 15 au 17 octobre 2025 : Le Maillon - Scène européenne, Strasbourg (67).
Du 22 au 24 octobre 2025 : Teatro Stabile, Naples (Italie).
Du 5 au 7 novembre 2025 : La Comédie - Scène nationale, Clermont-Ferrand (63).
Du 13 au 23 novembre 2025 : Théâtre Vidy-Lausanne, Lausanne (Suisse).
26 et 27 novembre 2025 : MC2, Grenoble (38).
1er décembre 2025 : Équinoxe - Scène nationale, Châteauroux (36).
Du 15 au 18 janvier 2026 : Centro Dramático Nacional, Madrid (Espagne).
Du 21 au 25 janvier 2026 : Teatre Lliure, Barcelone (Espagne).
29 et 30 janvier 2026 : Le Bateau Feu - Scène nationale, Dunkerque (59).
3 et 4 février 2026 : Le Volcan - Scène nationale, Havre (76).
Du 7 au 10 mai 2026 : Onassis Stegi, Athènes (Grèce).
15 et 16 mai 2026 : Piccolo Teatro di Milano – Teatro d'Europa, Milan (Italie).
21 et 22 mai 2026 : Théâtre de Grasse – Scène conventionnée d'intérêt national Art et Création, Grasse (06).
27 et 28 mai 2026 : Scènes et Cinés – Scène conventionnée d'intérêt national Art en territoire, Istres (13).
2 et 3 juin 2026 : Théâtre du Bois de l'Aune, Aix-en-Provence (13).