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L'Adami indignée par la vente de l'École de la rue Blanche  28/04/2011

Vendu !
L’École de la rue Blanche, sise au 21 de la rue du même nom, a formé des générations de femmes et d’hommes du théâtre (acteurs, décorateurs, techniciens, costumiers, etc.). La Mairie de Paris, propriétaire du lieu, vient de le vendre à un marchand de biens ! C’est un pan entier de la mémoire des professionnels du théâtre qui est englouti sous des considérations mercantiles. Scandaleux !

Ce scandale est d’autant plus grand que l’Adami a été en discussion pendant cinq longues années avec la ville de Paris pour y installer "La Maison de l’artiste". Ce projet d’utilité sociale répond à l’urgence de créer un lieu unique comme repère des artistes-interprètes, lieu d’accueil, de ressources et de services.

Ces discussions ont toujours trainé en longueur alors que le bâtiment, laissé à l’abandon, livré aux squatteurs, se détériorait gravement au fil des années. L’Adami n’a pas ménagé ses efforts rencontrant les conseillers à la culture qui se sont succédés auprès du Maire de Paris, ainsi que les directrices des affaires culturelles. Des visites ont eu lieu et, à la demande des services de la ville, l’Adami a financé des études architecturales qui sont toutes restées lettre morte…

Le plus fort c’est que le 10 mars 2009 le conseil de Paris a émis le vœu "Que la Ville de Paris soutienne activement le projet d’une maison des artistes interprètes (MAI) proposé par l’Adami (société civile d’administration des droits des artistes et musiciens interprètes).

Il est difficile d’en rester là. Face à un tel arbitraire, l’Adami demande à l’ensemble des professionnels du théâtre et de toute la filière d’appuyer la pétition qu’elle lance et adressera au Maire de Paris.

Philippe Ogouz, Président du conseil d’administration de l’Adami.

Pour rappel : L'Adami gère les droits des comédiens et, pour le secteur musical, ceux des artistes interprètes principaux : chanteurs, musiciens solistes, chefs d'orchestre et danseurs pour la diffusion de leur travail enregistré. En 2010, elle a réparti 37,3 millions d'euros à près de 56 000 artistes et a soutenu 870 projets pour un budget total de 11,5 millions d'euros.
www.adami.fr
La Rédaction

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"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
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"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
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Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

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30/08/2024