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Véronique Merveille… "Un joli courant d'air" léger et élégant caresse nos oreilles

Artiste aux multiples talents - auteure, compositrice, interprète et comédienne -, elle était restée longtemps sans produire un album de chansons étant fort occupée à jouer ses différentes créations et personnages, dont la Diva Commando, crieuse publique lyrique déjantée pour un spectacle de rue tout terrain. Côté enregistrement, cela est aujourd'hui "réparé" avec la sortie en mars dernier de son nouveau CD, "Un joli courant d'air".



© Jean-Luc Fauquier.
© Jean-Luc Fauquier.
Créatrice de spectacles musicaux jeunes publics, de lectures contées et chantées abordant la place des femmes dans le monde du vin ou celles d'ici et d'ailleurs qui se battent pour leurs droits, Véronique Merveille a donc repris la composition et l'écriture pour nous offrir ce tout nouvel opus de 13 titres enregistré et mixé au studio des Ramiers à Béziers.

Intro jazzy suivi d'une mélodie au tempo swing pour une jolie suggestion tout en bienveillance, "Tourne ta langue"… comme une ancienne mise en garde sereine… juste "pour ne pas blesser", juste réfléchir avant d'écrire ou de dire quoi que ce soit qui ne serait pas conforme à notre pensée. Un conseil rythmé porté par la voix délicate et câline de Véronique Merveille, au grain si particulier, souvent cristalline, toujours limpide au fil des compositions de ce "joli courant d'air.

L'esprit inspirant du Barde de Sète flotte au-dessus de la deuxième chanson, "Le paillasson de mes copains". Ode joyeuse, décalée et poétique dédiée aux copains et copines, mettant en exergue la vertu réparatrice de l'amitié ; sa rythmique caractéristique est remarquablement soutenue par la contrebasse de Jean-Philippe Cazenove et les fins inserts de xylophone de Pauline Roux-Merveille.

© Jean-Luc Fauquier.
© Jean-Luc Fauquier.
D'une actualité un peu oubliée depuis la pandémie du Covid-19, "Pince me pince moi" aborde d'une manière très fine la traversée en bateau, en radeau… de ces migrants en quête de statut de réfugié… à la dérive, avec souvent - pour certains - la mort au bout du chenal. Écrite avant la période de confinement que nous avons connu, mais aujourd'hui fort à propos, "Un joli courant d'air", donnant son titre à l'album, apporte une fraîcheur pleine de poésie pour décrire ces envies éoliennes de liberté… qui donnent parfois le vertige, tout comme les élans créatifs réussis.

Véronique Merveille nous parle d'amour et de tendresse aussi - "La pêche à la tendresse", "C'est léger [C'est léger, un baiser, léger de s'embrasser…]" -, de désirs fous, d'ivresse, de rêves à garder, à entretenir… "Avant que d'être vieille". Toujours tissée sur de belles arabesques mélodiques, chaque composition représente un univers musical où la guitare s'exprime avec élégance sur des phrasés riches et variés en symbiose talentueuse avec la voix. À noter la reprise sensible, délicate et pleine de générosité de "L'homme qui pleure" de Bernard Haillant, un baladin plein de douceur et de belle fraternité qui s'en alla en avril 2002.

L'ensemble de la production est très bien réalisé et a fait l'objet d'une attention toute particulière côté voix, avec la recherche d'une préservation du grain et de la tessiture naturels de l'interprète. Elle est l'œuvre de Marc Hévéa pour la prise de son et le mixage, qui est aussi accordéoniste sur "Pince me pince moi" et "Un joli courant d'air". La qualité du mixage permet une vraie et claire définition de chaque intervention instrumentale… Ce joli courant d'air léger est une caresse pour nos oreilles !

© Jean-Luc Fauquier.
© Jean-Luc Fauquier.
● Véronique Merveille "Un joli courant d'air".
Label : Autoproduction.
Distribution : en cours.
Sortie : Mars 2020.
>> veronique-merveille.com

Pour acheter le CD >> C'est ici !

L'album peut être écouté sur Spotify, Deezer, I Tunes et il est téléchargeable sur Apple Music.

Gil Chauveau
Lundi 25 Mai 2020

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

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Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

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Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

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Gil Chauveau
15/09/2023