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Un congrès pour célébrer le 450e anniversaire de la naissance de Shakespeare

"Shakespeare 450", Odéon, Sorbonne, École Normale Supérieure et Mines Paris Tech

William Shakespeare naît le 21 avril 1564 à Stratford-upon-Avon, Miguel de Cervantès a dix-sept ans et François Rabelais est mort depuis onze ans... L'Europe est pleine de turbulences. L’Angleterre se remet des guerres des Tudors. Shakespeare vit et crée dans son Théâtre du Globe situé dans le quartier des docks de Londres alors que la guerre civile et religieuse sévit en France.



Salle Théâtre de l'Odéon © Thierry Depagne.
Salle Théâtre de l'Odéon © Thierry Depagne.
Il a trois ans quand naît la commedia dell'arte. Il écrit "Roméo et Juliette" quand, de ce côté-ci de la Manche, Henri IV est sacré roi. Il meurt quand Richelieu, grand protecteur du théâtre et homme d’autorité, entre au cabinet du Roi.

Shakespeare, poète et dramaturge, trouve dans l’écriture théâtrale comme une tentative d’orchestration d’un monde atteint de vertige et de soubresauts, assailli de querelles, hanté par les rêves qui déchirent les familles et violentent les âmes.

Dramaturge et poète, son théâtre est un paroxysme qui dit et montre en effets de miroirs, tout en haut comme tout en bas, ce que ne disent pas les histoires officielles. Il nourrit d’énigmes les générations de jeunes gens qui succèdent aux grands drames des peuples.

Il n’est connu en France véritablement qu'au XVIIIe siècle et que de quelques lettrés dont Voltaire.

Son théâtre présenté sur une scène parisienne à la porte Saint-Martin, et joué par une troupe anglaise, est hué en 1822 (Waterloo est trop proche dans les mémoires). Revenant à la charge cinq ans plus tard, la troupe joue en alternance "Hamlet" et "Roméo et Juliette" : ce qui provoque un choc. Le 11 septembre 1827 exactement, Berlioz tombe amoureux fou de Harriet Smithson qui joue Ophélie.

Porté par le bouche à oreilles, tous les jeunes de France, les Romantiques (à la suite de la Révolution et de l’Empire), Hugo, Dumas en tête (1) célèbrent et adulent William Shakespeare le grand ancêtre, le géant. Il devient novateur. Il est comme un oncle provocateur et entier qui, dans un monde qui se rétrécit, par son éloignement dans le temps et la multiplicité de son œuvre et de ses sujets, autorise les provocations et les outrances de ses successeurs. Contre hagiographe en quelque sorte, William Shakespeare est un spectateur acteur démiurge, un spectre qui depuis hante les esprits et les âges.

Figée apparemment en France dans un texte fait pour la lecture par François Marie Victor Hugo (2), l’œuvre shakespearienne n’a pas fini de faire des remous à travers le continent. Elle est sans cesse retraduite pour la voix et le corps du comédien sur scène.

Et si les écrivains paraissent moins inspirés à la fin du vingtième siècle par Shakespeare qu’ils ne le furent au dix-neuvième, la déferlante continue. À y regarder de plus près, nombre de films et séries télé hollywoodiennes ou estampillées BBC doivent tout à une "shakespearian manner" dans la conduite du récit.

C’est cette onde de choc que le Théâtre de l'Odéon va suivre en accueillant la journée d'ouverture - le 21 avril - du colloque anniversaire "Shakespeare 450" qui durera une semaine, du 21 au 27 avril. Parallèlement, l'Odéon-Théâtre de l'Europe propose une série d'événements intitulée "Shakespeare dans l'atelier romanesque" (dans le cadre des "Dix-huit de l'Odéon") les 29, 30 avril et 6 mai 2014.

(1) C’est sa version qui sera jouée à la Comédie Française jusqu’en 1924.
(2) Jusqu’à ce que Jean-Michel Déprats s’en empare pour la Pléiade.

"Shakespeare 450"

Du 21 au 27 avril 2014.
>> Informations complètes

Les Dix-huit heures de l'Odéon : "Shakespeare dans l'atelier romanesque".
29 avril 2014 : "Le doute et les ombres".
30 avril 2014 : "Du grotesque au sublime".
6 mai 2014 : "Les passions funestes, crime et vengeance".
Entrée libre sur réservation au 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu

Jean Grapin
Vendredi 18 Avril 2014

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

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Brigitte Corrigou
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La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
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"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023