La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Dialogues d'exilés" par Mellor : une version en expansion de bonheur dans le malheur des temps - 10/02/2016

L'un est physicien, l'autre est ouvrier. Ziffel et Kalle. Dans la proposition d'Olivier Mellor pour "Dialogues d'exilés" de Bertolt Brecht, l'un est grand et puissant, l'autre gringalet et un tantinet hargneux. Leur attelage épouse les contours de duos comiques. L'action se déroule dans une arrière-salle, lieu de nulle part où trois musiciens, trois caboches de balochards (joyeux drilles au...  

Un coup de griffe théâtral salvateur par un jeune collectif félin aux ambitions mordantes - 18/10/2016

Reprise ! Un tout jeune collectif de comédiens, "M.I.A.O.U." (1), pétris de louables intentions et portant haut leurs revendications théâtrales, présente sa deuxième création (2), "Il faut parfois se servir d'un poignard pour se frayer un chemin", au Théâtre de Belleville. Il faut sans tarder aller les voir et les entendre car ils sont bourrés d'un talent prometteur et ils y sont pour très peu de...  

"Dorothy Parker"… Elle n'excuse rien ! - 30/04/2016

Autour d'un beau texte de Jean-Luc Seigle, Natalia Dontcheva incarne avec vérité et de façon poignante Dorothy Parker. Femme de conviction, la poétesse américaine avait porté le combat contre la discrimination, l'intolérance et l'extrémisme politique. Un corps renversé sur un sofa laisse apparaître des jambes. Le téléphone sonne, une voix se fait entendre, forte, presque débraillée, tirant sur...  

Envisager, espérer une humanité réconciliée avec elle-même et sa représentation - 03/02/2016

"Cette guerre (à) nous imposée devra continuer même après la paix..." "Les spartiates expédiaient leurs crétins au sommet du Taygète, nous, nous les plaçons au sommet de l'État, où ils sont irresponsables..." Écrite entre 1915 et 1919, "Les Derniers Jours de l'humanité " suit au fil des jours la guerre vue du côté autrichien. L'auteur Karl Kraus, écrivain et journaliste viennois, compile,...  

Entre tragédie et farce s'affirme la transmission de l'humour et de l'amour - 28/01/2016

Reprise ! De la danse, elle a le désir de perfection et l'expérience de la souffrance physique. Sublimation et intimité. Du théâtre elle a le sens de la farce et de la caricature. Rire et incarnation. En présentant la vie d'Odette qui rêvait d'être danseuse étoile, Andréa Bescond présente au public, pour son plus grand plaisir, les vicissitudes d'une petite fille, poupée entre les mains des...  

Une satire magnifique, une tentative de dépassement de la tragédie - 25/01/2016

Le retour de soirée de Martha et de George est bien imbibé d'alcool. Ils ont en tête, comme une scie, un refrain de Walt Disney. Légèrement transformé. Qui a peur de Virginia Woolf ? De quoi pouffer de rire. De manière bien énigmatique. Il y a comme de l'Entre soi (Private. Private Joke de l'Upper Middle Class…). De retour à la maison, ils reçoivent un autre couple (Young urban, Comme sur les...  

"Les Justes"... D'une tension extrême, entre amour et justice - 26/01/2016

"Nous ne sommes pas de ce monde, nous sommes des justes." La voix des justes résonne dans et hors des murs du Théâtre La Loge, mise en scène par Tatiana Spivakova et la compagnie Memento Mori. Après le succès de ses premières représentations, la pièce revient les 23, 25 et 26 février nous éclairer dans cette période de noirceur. Il fait nuit dans la salle. Des jeunes femmes nous ordonnent d’un...  

L'ironie de Thomas Bernhard… joyeuse et pertinente… Du reflet comique à la réflexion - 22/01/2016

Ils sont frères et sœurs, soudés dans leur fratrie, fermée sur elle-même. Et la folie et la haine transpirent par tous les pores. Le "Déjeuner chez Wittgenstein" de Thomas Bernhard recèle une forte charge dramatique et produit pourtant une puissance comique irrésistible car le texte, finement écrit, est précis dans le réalisme et, virtuose, accumule les obstacles opposés par la vraisemblance...  

"Déchirements", début d'un dialogue sur les malaises contemporains - 19/01/2016

C'est un monde d'après, dans lequel des androïdes accompagnent et surveillent l'éducation des enfants. La société décrite dans "Déchirements" de Cyril Heriard Dubreuil est rationnelle. Elle se veut parfaite et heureuse. Comme une utopie réussie. Mais une tache noire apparaît sur le corps de certains adolescents ou enfants… Mystérieuse, elle sème le trouble dans les rapports entre les individus....  

Création à venir : "Rome l'hiver" d'après "Quelques jours avec Hitler et Mussolini" - 18/01/2016

Roma. Rome, mai 1938. Ranuccio Bianchi Bandinelli sert de guide à deux dictateurs Benito (Mussolini) et Adolphe (Hitler). Ce professeur spécialiste de l'art antique et anti fasciste notoire se trouve en proie à l'ironie du destin… Le professeur, grain de poussière au carrefour de la Grande Histoire, doit expliquer la grandeur de l'Empire (et les ruines qui lui ont succédé) à deux apprentis plus...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024