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Théâtre

"Un piano nommé désir" : une pièce drôle et légère… un petit moment de douceur dans ce monde de brutes !

"Un piano nommé désir", Théâtre Montmartre Galabru, Paris

"Un piano nommé désir", le titre n'est pas sans nous rappeler le titre de la pièce de Tennessee Williams "Un tramway nommé désir". Pourtant, l'intrigue ici est d'une tout autre sorte. Ce spectacle parle d'accomplir ses rêves et, par la même occasion, de s'accomplir soi-même. Il parle également d'amour et d'amitié, de choix et de bonheur. Ce spectacle nous parle un peu de la vie en fait…



© DR.
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Les rideaux s'ouvrent sur un décor aménagé pour représenter l'intérieur bourgeois d'un couple d'une cinquantaine d'années. Attablé devant une multitude de paperasse, stylo en main, calculatrice au doigt, Samuel, contrôleur des impôts, travaille. C'est Maurice, son meilleur ami, qui nous le présente. Ils se sont rencontrés il y a quelques années "grâce" à un redressement fiscal.

Tandis que Samuel recherche avec frénésie la moindre petite erreur qui pourrait dénoncer une fraude dans ses documents, Maurice nous parle de son ami, de sa personne, de sa femme, de sa vie. Arrive d'ailleurs son épouse Éléonore, les bras chargés de paquets, qui n'arrive tout d'abord pas à ouvrir la porte et qui finit par entrer en s'effondrant sur le canapé, éparpillant toutes ses courses.

L'auteur Franck Cappi et la metteuse en scène Luna Benhamou nous livrent ici une comédie sentimentale dans les règles de l'art. Ils donnent tous deux vie à une histoire d'amour émouvante sur un fond de scène humoristique. La mise en scène, le jeu des comédiens et leur texte, sont ponctués de fréquentes touches d'humour qui nous font rire et nous attendrissent.

© DR.
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Samuel et Éléonore rentrent de l'enterrement de Maurice. Cette dernière doit se rendre au travail et laisse son époux en compagnie de sa solitude et de sa tristesse, qu'il agrémente d'une bonne dose d'alcool. Il s'endort mais son sommeil est perturbé par quelqu'un qui tente de le réveiller. Et ce quelqu'un, ce n'est pas n'importe qui, c'est Maurice en personne. Revenu de l'au-delà pour réveiller Samuel, au sens propre comme au figuré.

Samuel avait devant lui un prometteur avenir de pianiste doué d'un talent certain. Maurice, aidé d'Éléonore, va tout mettre en œuvre pour aider son meilleur ami à réaliser son rêve. Agnès Godey joue à la fois le personnage de la femme bourgeoise coincée et celui de la femme artiste séduisante et libérée, deux rôles diamétralement opposés. Elle incarne les deux femmes avec une même énergie et une facilité remarquable.

Les trois comédiens sont beaux dans leurs interprétations. Ils s'offrent au public, jouant pour nous, mais également pour eux. Ils sont touchants et pétillants, pleins d'entrain. La complicité entre eux est aussi présente que celle entre les personnages. Le public est convié à participer à la représentation, le personnage de Maurice le prenant parfois à partie. Nous partageons tous ensemble un agréable moment d'échange et de plaisir.

"Un piano nommé désir"

© DR.
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Texte : Franck Cappi.
Mise en scène : Luna Benhamou.
Avec : Agnès Godey, Éric Beslay, Denis Wallon.
Durée : 1 h 20.

Du 21 septembre au 28 octobre 2017.
Jeudi et samedi à 19 h 30.
Théâtre Montmartre Galabru, Paris 18e, 01 42 23 15 85.
˃˃ theatregalabru.com

Ludivine Picot
Mardi 17 Octobre 2017

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© Pierre Gondard.
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© DR.
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