La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Le Grand Guignol ou retrouver son âme de voyeur... de l'horreur - 26/03/2013

En ces temps de docu-fictions et de robinets médiatiques, Isabelle Siou et Frédéric Jessua ont la bonne idée de monter trois pièces appartenant au répertoire du Grand Guignol. "L’amant de la Morte", "Le Baiser de Sang" et "Les détraquées". De quoi composer une authentique soirée théâtrale et des plus réjouissantes… Les pièces en deux actes lestement troussées s’enchainent, allant crescendo. Dans...  

"Jeux de cartes 1 : PIQUE" : Dernière escale avant le désert ! - 25/03/2013

Robert Lepage propose sa dernière création "Jeux de cartes 1 : PIQUE". La scène se déroule dans le monde clos des hôtels internationaux et des casinos, elle pourrait tout à fait être annoncée par un bonimenteur de music-hall, factice artefact de Presley "el vice", Vegas Destination Vegas : Dernière escale avant le désert ! Tant l’atmosphère dégagée est celle d’une fin de cycle pour tous les...  

"La ballade de la geôle de Reading"… ou la dernière ballade poétique d’Oscar Wilde - 18/03/2013

Jean-Paul Audrain, dans une mise en scène très musicale, fait revivre la dernière œuvre d’Oscar Wilde dans une élocution et un jeu simple, direct où les émotions, le vécu et la revendication politique cohabitent. Le spectacle débute avec Monica Molinaro seule devant son piano. Puis le silence s’installe et un bruit de mer au loin se fait entendre tel un murmure de liberté. Molinaro enchaîne au...  

Klaxon, trompettes et pétarades... une tempête vitale et généreuse... Un feu d'artifice ! - 12/03/2013

En cette période grillosconi*, il est bon de découvrir (redécouvrir) l’œuvre de Dario Fo. Cet artisan du théâtre, alerte octogénaire nobélisé, puise depuis près de soixante ans dans le monde contemporain, revivifie et actualise un répertoire qui a fait ses preuves depuis des siècles et des siècles : celui de la farce. Très tôt lucide quant aux luttes qui animent la société et connaissant la force...  

Le Louët ou l’apologie d’une mise en scène "monstre" - 05/03/2013

Enfin Jérémie Le Louët applaudi à sa juste valeur. Enfin ! Nous l’avions suffisamment déploré lors de sa précédente création ("Salomé", d’Oscar Wilde), pourtant superbe. Il revient cette saison avec un "Richard III" de Shakespeare dont il se risque à reprendre entièrement la traduction et à effectuer les coupes historiques. Osé, certes, mais… réussi ! Aujourd’hui à Châtillon ; hier au Théâtre 13...  

Ce que j’appelle oubli… danse et théâtre au cœur du spectacle - 28/02/2013

Coutumier de la fusion de la danse avec d’autres arts ou techniques, le chorégraphe d'origine albanaise Angelin Preljocaj revient avec un spectacle où la danse donne la répartie au théâtre. Ils sont six danseurs et un comédien sur un fond musical peu présent, parfois sourd, souvent léger. Le spectacle est découpé en scènes, reliées entre elles par la présence d’un narrateur (Laurent Cazanave). Sa...  

Une étrangère d’origine... Govori beulgarski !* - 12/02/2013

Élizabeth Mazev qui fait du théâtre depuis le cours élémentaire avec Olivier Py qui accompagna Jean-Luc Lagarce, joue avec la complicité de François Berreur "Les Tribulations d’une étrangère d’origine". Dans cette pièce écrite par elle, Élizabeth Mazev parle de sa Bulgarie et d’elle-même. Elle assume avec cran sa biographie. Et le récit de ses trois voyages en Bulgarie avec son père, avec son...  

La Réunification des 2 Corées… Scénographie et mise en scène superbement décalées - 11/02/2013

[Reprise] Dans une mise en scène où l’atmosphère et la scénographie distille quelques vapeurs de sombre étrangeté, la mise en distance opérée entre les personnages, dans une série de scénettes, donne au spectacle une allure de folie raisonnée de très bel acabit. Lumière sur une scène tout en longueur. L’atmosphère est chargée, l’air comme traversé par des nuages bleus. À chaque extrémité de la...  

La Réunification des deux Corées : Le roman des évitements amoureux - 04/02/2013

[Reprise] C’est par un long corridor que vont et viennent les personnages de la dernière pièce de Pommerat, "La Réunification des deux Corées", qu’en tant qu’artiste associé il présente au théâtre de l’Odéon salle Berthier. Pommerat avec une forme de cruauté égrène les tableaux des destins contrariés et des hasards farceurs de tragédie. Passants, hommes et femmes, ils sont de ceux et celles que...  

La cellule familiale selon Lars Norén : Du risible au pathétique... jusqu’à l’humain - 29/01/2013

Dans le propos de la pièce "Calme", Lars Norén ne propose rien tant que d’approcher au plus près la cellule familiale et d’en suivre, à travers la chute d’un hôtel de tourisme et les comportements des uns et des autres, les circuits névrosants. La pièce ausculte et suit les symptômes du père, de la mère, des deux fils, de la serveuse. Infantilisés, les personnages connaissent un retour périodique...  
1 ... « 109 110 111 112 113 114 115 » ... 129






À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024