La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Un récit imaginaire singulier à la lisière ethnologique de "Tintin au Congo" ! - 20/01/2014

La tête pleine du rêve des grands voyageurs, farci d’érudition et bardé de poncifs sur la supériorité de sa civilisation, Rodolphe, jeune ethnologue abruti par le voyage, parvient aux confins du monde connu. Il accompagne, dans la monotonie des jours, la vie du grand chasseur, du "tireur occidental", et tient, dans le journal de son quotidien, le futur récit de ses exploits. Vue, et entendue par...  

"Chantier Beckett"... pour passer d'un théâtre de l’éphémère à celui du saisissement - 14/01/2014

C’est au lointain comme un mur, sous la limite. Là où le passant devient ombre. Là où l’ombre semble se détacher du mur. Est-ce une trace ? Est-ce une empreinte ? Que sont ces ombres sculptées de lumière ? Pantins désaccordés, pauvres hères errants, tâtonnants. Dont la présence semble inquiétante. Marionnettes d’eux-mêmes. La proposition scénique de Katia Hernandez pour Beckett s’intéresse à des...  

"Le Crocodile trompeur/Didon et Enée"… Un opéra baroque bousculé ! - 06/01/2014

Dans un rapport décalé à l’opéra de Purcell, les scènes s’enchaînent comme des histoires, des fables qui se rencontrent, se bousculent entre mime, théâtre, chant et opéra. L’humour habille de ses plus beaux effets le spectacle qui se nourrit d’un naturel de jeu. Lumières sur scène et dans le public. Un personnage arrive et démarre, comme par effraction, un monologue nourri de naturel, d’une forme...  

"Entre-temps, j’ai continué à vivre"… Une plongée dans un quotidien théâtral - 17/12/2013

Ce sont neuf histoires qui se recoupent et s’imbriquent, tissées par des liens sociaux, humains et familiaux, neuf petites histoires qui forment une grande histoire, celui de familles, d’amis autour d’un puits qui va fermer, la "Marie-Christine". Neuf scènes comme neuf tranches de vie qui se découpent au sécateur comme ils pourraient se découper avec un fil à couper le beurre. Les scènes...  

Épître dédicatoire à Madame, au sujet du "Don Juan" mis en scène par Gilles Bouillon - 12/12/2013

Madame, je suis la plus embarrassée femme au monde lors qu’il me faut parler d’une œuvre tel ce "Don Juan". Je ne compte plus les mises en scène qu’il m’a été données de voir, et pourtant je ne m’en lasse point. Lorsqu’elle est bien faite, cette pièce devient un exercice de style. Figurez-vous que cette fois, il s’agit d’une proposition de notre illustre Bouillon, et illustre il s’est montré !...  

"Phédre" selon Martinelli... Une partition symphonique jouée par un orchestre dont Phèdre serait le premier violon - 11/12/2013

Phèdre a épousé Thésée, ce héros quasi demi-dieu qui tua le Minotaure et depuis règne tout puissant jusqu’à ce qu’une rumeur le déclare mort prisonnier. Les circonstances la portent à révéler son amour secret pour son beau-fils Hippolyte, beau comme son père, qui meurt en la fuyant. Après "Andromaque", "Bérénice" et "Britannicus", Jean-Louis Martinelli propose, en apothéose d’une tétralogie des...  

Et au lointain, les fragments d'un palimpseste... mémoire d'un acte d’amour tant espéré - 02/12/2013

"Fragments d'un pays lointain" est l’œuvre ultime de Jean-Luc Lagarce par laquelle l’écrivain (qui sait qu’il va mourir) convoque les personnages qui ont accompagné sa vie et les met en scène. Il y a la famille : la mère, le frère, le beau-frère, la sœur. Dépassés par cet écrivain qui a quitté le foyer et ne savent rien de sa vie, qui la supputent en silence. Il y a les amants d’un soir, les...  

"Les Damnés de la Terre"… Poésie de lutte et de dignité - 29/11/2013

Jacques Allaire reprend ce livre culte de l’anticolonialisme dans une mise en scène superbe de sobriété. Les comédiens incarnent avec beaucoup de truculence l’œuvre de Frantz Fanon dans une très belle scénographie. On en avait besoin, vraiment besoin d’entendre cette parole forte, brillante, poétique qui dénonce le colonialisme, qui dénonce la torture, qui dénonce le racisme, cette bêtise étoffée...  

Dans la brume du souvenir... apparaît la figure émouvante de la Mouette de Tchekhov - 26/11/2013

Hors la scène, au mitan de leur vie, un spectre hante la vie des comédiennes. Dorothée Zumstein, avec la complicité active d’Élizabeth Macocco, en dévoile avec beaucoup d’humour et d’efficacité les aspects cauchemardesques. Il est celui de la crainte de la vieillesse et de l’échec. Dans "Opening night(s)" joue la comédienne submergée par la peur. Elle pense à la vie des grands rôles, des vies...  

Berutti ou la figure de Protée - 19/11/2013

Voir le travail de Jean-Claude Berutti est toujours une expérience. Car on ne sait pas à quoi s’attendre. Ni dans le choix du sujet ni dans celui de l’auteur. Il nous attrape au détour d’une œuvre, très souvent contemporaine et parfois peu jouée en France. C’est le cas de cette pièce, Les femmes de...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024