La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Les Enfants du Paradis au théâtre... Une adaptation à saluer... mais perfectible ! - 24/02/2014

Dès l’origine, le cinéma a vampirisé le roman populaire et le répertoire théâtral mais il est rare que le théâtre se réapproprie la matière cinématographique pour la restituer à la scène. C’est pourquoi la création au Lucernaire des "Enfants du Paradis" d’après Jacques Prévert, hors le film réalisé par Marcel Carné, est à saluer. Traité de manière contemporaine, reprenant des tics de montage du...  

"Knock", une comédie prémonitoire du monde marchandisé contemporain - 20/02/2014

C’est déjà dans un monde mondialisé par les microbes et les virus que Knock, étudiant en lettres médiocre, bonimenteur né, découvre avec délectation les pouvoirs de la médecine et excelle à exploiter l’hypocondrie congénitale des populations. En digne avatar de Sganarelle* qu’il dépasse en efficacité, Knock, grâce aux méthodes modernes, est devenu médecin. Par suggestion, fascination, hypnose,...  

"Hamlet" en version musicale et en italien envoûte la scène de l'Espace Cardin - 19/02/2014

Daniele Martini, un artiste dont la garde-robe porte sur cintres l'expérience et la reconnaissance de son talent décliné au pluriel. La composition musicale, un univers, le sien, qu'il lui convient de partager avec un public avide de découvrir des spectacles haut en couleur et empreints d'une émotion sans cesse renouvelée. Essere o non essere, traduction italienne de la célèbre tirade de...  

Ici, la polyphonie des chœurs/cœurs prend le pas sur la dureté, l'âpreté du texte de Gogol - 14/02/2014

Effectuer une nouvelle "lecture" du "Journal d'un fou" de Gogol n'est pas en soi une performance exceptionnelle tant cette pièce fait l'objet de l'intérêt régulier de nombreux metteurs en scène. Mais lorsque cette relecture passe par le filtre d'une jeune compagnie qui nous gratifia précédemment d'une adaptation plus qu'originale - et jubilatoire - de "La Surprise de l'amour" de Marivaux, il fut...  

"Les Temps modernes"... façon Yeung Faï - 13/02/2014

L’histoire de ses origines est une fable… il était une fois un marionnettiste chinois du nom de Yeung Faï. Originaire du Fujian, il a hérité d’une tradition de la marionnette vieille de plus de deux mille ans. Héritage, transmission, finesse et beauté définissent ce maître. Assister à ses créations est toujours un événement. "Hand Stories", son précédent spectacle (aussi au Monfort), était un...  

Superbe "Tristesse" ou comment le soleil et la mort se regardent en face… - 10/02/2014

Par moment, c’est insoutenable. Ça frôle même l’indécence, tellement ça bouleverse et ça retourne. Silvia Berutti-Ronelt, la traductrice, Guy Delamotte, le metteur en scène, parlent à la fois "d’effroi" et de "fascination". Nordey, qui l’avait monté en 2012, en avait été très ému. De "Tristesse animal noir", l’auteur allemand, Anja Hilling dit l’indicible. Avec son équipe du Panta-Théâtre, Guy...  

Un Marivaux porté avec naturel et élégance par Isabelle Huppert et Bulle Ogier dans la mise en scène de Bondy - 03/02/2014

La machine théâtrale de Marivaux est réglée comme une horlogerie de précision. Dans "Les Fausses Confidences", l’histoire est présentée de manière néo-contemporaine avec simplicité, naturel et, osons le dire, élégance, par Luc Bondy, sans frivolités, marivaudages ou coquetteries. C’est l’histoire d'Araminte, veuve et richissime, assiégée par tous les membres de son entourage qui veulent asseoir,...  

Le Godot de Noyelle et Coutris... Fusion burlesque de l'élégance du désespoir et de la poétique de la cruauté - 28/01/2014

Entre le jeu burlesque où s'écrit sans fin le rapport équilibre/déséquilibre, donnant naissance à ces silences incongrus du clown qui font jaillir les rires, et la représentation du non-théâtre beckettien (non-sens d'un théâtre vidé de sa substance/structure) se trouve la partition originale, singulière et bicolore - entre bleu et rouge extérieur et noir et blanc intérieur - composée par Marion...  

"En attendant Godot" Fusion burlesque de l'élégance du désespoir et de la poétique de la cruauté - 23/01/2020

Entre le jeu burlesque où s'écrit sans fin le rapport équilibre/déséquilibre, donnant naissance à ces silences incongrus du clown qui font jaillir les rires, et la représentation du non-théâtre beckettien (non-sens d'un théâtre vidé de sa substance/structure) se trouve la partition originale, singulière et bicolore - entre bleu et rouge extérieur et noir et blanc intérieur - composée par Marion...  

Satire d’une critique théâtrale française pour "une satire de la vie culturelle française" - 22/01/2014

Très chers Dramaticules, Voilà un dernier spectacle que vous avez écrit tout sauf réjouissant. Même si le rire fuse dans la salle du théâtre de Châtillon, je suis très en colère de ce que vous osez dénoncer. Oh non, je n’ai absolument pas ri et ne rirai jamais d’une telle création, qui porte parfaitement son titre : "Affreux, bêtes et pédants". D’ailleurs, Je pense que je vais finir par écrire à...  
1 ... « 102 103 104 105 106 107 108 » ... 129






À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024