La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"L'Ours et Le Chant du cygne" de Tchekhov, zones de failles en zoo humain - 24/05/2024

Anton Tchekhov portait en lui le regard aiguisé de celui qui – ayant connu une éducation rude dispensée par un père épicier, fils de serf affranchi, violent et bigot – n'a eu de cesse de peindre sans concession les zones de failles du genre humain. Et si dès ses œuvres de jeunesse il s'y emploie, mêlant tendresse et humour au tragique du quotidien, le trait satirique n'en est pas moins fulgurant…...  

"La Fête du slip" Une mise à nu éblouissante qui porte haut et bien droit la chose en question - 22/05/2024

Mickaël est un quadra qui revient de loin, mais qui va enfin beaucoup mieux. Pour autant, sa mère et bien d'autres lui renvoient que le rapport qu'il entretient avec le sexe, et le pénis en particulier, est pour le moins névrotique. Compulsion, performance, obsession de la réussite, de la saturation, du chiffre, sans oublier la taille et la logique hiérarchique qui s'ensuit : qu'est-ce qui se...  

"Les féminines"… drôles, professionnelles et féministes ! - 21/05/2024

D'une histoire vraie qui a eu lieu en 1968, Pauline Bureau a écrit et met en scène une pièce dans laquelle le football féminin est mis à l'honneur. Aujourd'hui, le fait est acquis, il a gagné ses lettres de noblesse, même si, par rapport aux hommes, les enjeux et l'attention médiatique sont sans aucune commune mesure. C'est en revenant à ses origines que "Féminines" décrypte une époque avec son...  

Avec "Fille de roi", Sara Llorca éclaire au flambeau les ombres de l'héritage et de la filiation - 17/05/2024

"Fille de roi" est pur théâtre. De ce théâtre fait de presque rien, mais capable de faire surgir de l'obscurité une épopée. Des mots, une comédienne, un musicien, quelques accessoires, de la lumière et de la poésie, c'est presque tout. Presque rien. Et l'envie chevillée au corps d'interroger en images ce monde, cette vie, cette inexplicable course du temps qui finit par broyer tout, les êtres,...  

"La voix de ma grand-mère" Partir à la recherche de ses origines, une cérémonie rituelle aux parfums envoûtants - 14/05/2024

Après avoir convoqué, pour mieux les détourner, les figures de la mythologie grecque que sont Orphée et Echo, l'artiste queer Vanasay Khamphommala se retourne vers son histoire personnelle. En effet, "réfléchir" le monde en toute liberté suppose de s'extraire des attendus de la pensée normaliste impérialiste, dont, à bien des égards, elle, l'ancienne élève de l'École Normale Supérieure, formée à...  

"Toute Nue" et le rythme and blues d'une femme qui entre en résistance - 15/05/2024

La toute première de la pièce "Ne te promène donc pas toute nue" de Georges Feydeau a été présentée au Théâtre Femina, c'est drôle non ? "Femina"… Un siècle plus tard, Feydeau n'est plus de ce monde mais son théâtre continue à faire les belles heures du spectacle vivant… Et c'était au Théâtre Paris-Villette, un 27 février, en pleine déferlante de Coronavirus, dont on ne sait rien, mais on suppose...  

"Arcadie" Le paradis est pavé de bonnes intentions… - 14/05/2024

Quand Sylvain Maurice, séduit par les aspirations libertaires de l'héroïne du best-seller éponyme d'Emmanuelle Bayamack-Tam, jette son dévolu sur le prix du Livre Inter 2019, c'est animé (comme l'écrivaine) des meilleures intentions du monde… Projeter sur un plateau le récit d'apprentissage d'une toute jeune fille découvrant Liberty House, lieu dont le seul nom vaut programme, apparaît prometteur...  

"Helsingor, Château d'Hamlet" Un condensé vertigineux de la célèbre pièce dans un lieu exceptionnel - 07/05/2024

Hamlet apprend par le spectre de son père défunt, roi du Danemark, que ce dernier a été assassiné par Claudius, son frère. Il simule alors la folie afin de rester au contact de la cour et, pour dénoncer l'assassin monté sur le trône, il organise une représentation du meurtre par des comédiens lors du remariage de sa mère, Gertrude. Polonius met en garde sa fille Ophélie contre les avances...  

"Les Bonnes" Une cérémonie très théâtrale, aux identités (é)mouvantes… - 17/04/2024

"La cérémonie", c'est ainsi que Solange et Claire, les deux bonnes inventées par Jean Genet, dénomment ce qui les fait échapper à leur condition de domestiques, cloîtrées dans une maison bourgeoise sans autre horizon d'attente que celui offert par leurs fantasmes. En effet, dans ce lieu vécu comme carcéral, leur seule évasion possible prend la forme d'un jeu exaltant : le meurtre – projeté sur...  

"Le ciel de Nantes" Plongée familiale dans une dramaturgie brillante et puissante ! - 15/04/2024

Dans une superbe création, l'écrivain, scénariste, réalisateur et dramaturge, Christophe Honoré nous plonge dans le creuset névrotique des conflits de sa propre famille. Au travers d'un chassé-croisé entre théâtre et cinéma, le jeu des comédiens nous emmène dans un monde où réalité et fiction se côtoient. Nous sommes dans une salle de cinéma avec sa salle de projection en arrière-cour, ses...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024