"C'est à l'hôpital, dans le coma, entre la vie et la mort, inconscient et sous morphine, que le narrateur décide d'écrire la pièce de sa vie (…). Ce que l'on donne à voir au spectateur, c'est l'intérieur du cerveau d'Alexandre, angle qui permet d'osciller entre réalité et absurde, moments difficiles ou plus légers (…)", ainsi s'exprime Stéphane Titéca, auteur, metteur en scène et interprète de "Mille cent jours", pièce inspirée de l'accident réel de moto subi par le comédien Régis Romele en 2014.
Quelqu'un a dit que "Le théâtre, c'est l'homme qui parle à l'homme des histoires d'hommes". À nos yeux, il est des moments de théâtre où cette réflexion prend toute son ampleur, surtout lorsque l'histoire véhicule la parole comme vecteur central, et que cette dernière s'émancipe du potentiel pathos au cœur de l'acte créatif initial pour la sublimer.
C'est le cas, ici, avec cette pièce bâtie à partir d'un fait réel difficile. Mais pas que ! À partir d'une amitié, aussi, entre deux aspirants comédiens qui se rencontrent aux cours de Jean-Laurent Cochet en 1990, s'apprécient et se promettent qu'un jour, ils monteront un projet ensemble. Puis la vie suit son cours, les deux amis se perdent de vue, mais un troisième larron leur permet de se retrouver à nouveau à l'occasion d'une lecture informelle à l'Odéon. Et c'est le déclic. Stéphane Titéca, en prenant conscience de l'ampleur de l'accident de son ami Régis, et surtout de ses retombées sur son métier de comédien, décide d'écrire son histoire.
Quelqu'un a dit que "Le théâtre, c'est l'homme qui parle à l'homme des histoires d'hommes". À nos yeux, il est des moments de théâtre où cette réflexion prend toute son ampleur, surtout lorsque l'histoire véhicule la parole comme vecteur central, et que cette dernière s'émancipe du potentiel pathos au cœur de l'acte créatif initial pour la sublimer.
C'est le cas, ici, avec cette pièce bâtie à partir d'un fait réel difficile. Mais pas que ! À partir d'une amitié, aussi, entre deux aspirants comédiens qui se rencontrent aux cours de Jean-Laurent Cochet en 1990, s'apprécient et se promettent qu'un jour, ils monteront un projet ensemble. Puis la vie suit son cours, les deux amis se perdent de vue, mais un troisième larron leur permet de se retrouver à nouveau à l'occasion d'une lecture informelle à l'Odéon. Et c'est le déclic. Stéphane Titéca, en prenant conscience de l'ampleur de l'accident de son ami Régis, et surtout de ses retombées sur son métier de comédien, décide d'écrire son histoire.
Mais comment faire pour que le pathos ne l'emporte pas ? Comment faire pour évoquer, encore, la douleur, la souffrance ? Car ce n'est pas la première fois que cela s'est fait, au théâtre, et cela, bien sûr, se refera…
Loin de la position d'Antonin Artaud qui appelait à un théâtre de la cruauté dans lequel "il s'agit d'atteindre, par la violence de la mise en scène, les zones obscures de l'inconscient", ou encore celle d'un Hans-Thies Lehmann qui insiste sur une présence physique du corps souffrant pour privilégier l'expérience, Stéphane Titéca a opté pour une structure non linéaire qui épouse les méandres de la conscience blessée du personnage principal incarné par Régis Romélé.
Entre coma, hallucinations, souvenirs, réalités cliniques et médicales, dialogues absurdes déformés par la morphine, la scénographie aurait pu revêtir des allures kafkaïennes et loufoques. Mais il n'en est rien. Loin de là ! L'écriture s'est portée sur une fragmentation tout en mimétisme de l'expérience traumatique de Régis Romélé, sans en être, toutefois, une expérience autobiographique.
Gageons que Régis Romélé n'a pas croisé de salade "Batavia" dans la salle de Réa, mais qu'il s'agit là d'un choix artistique très original de la part de Stéphane Titéca pour transcrire la voix intérieure du personnage tout en absurdie subjective, récréative et joyeuse.
C'est intelligent, décalé, renforcé par le décor volontairement minimaliste et les changements de lumières "lumineux" de Moïse Hill qui transforment la chambre d'hôpital en un espace méta-réel du plus bel effet.
Le corps d'Alexandre, incarné par Régis Romele lui-même, est certes prisonnier, mais son esprit erre et vagabonde, semblable aux personnages de Beckett. Le comédien parvient à une grande sobriété dans son jeu, ce qui donne encore plus d'impact aux moments d'éclat.
"Mille cent jours" n'est pas sans rappeler, par moments, certains propos et autres images chères à nos yeux dont les Surréalistes étaient friands.
Loin de la position d'Antonin Artaud qui appelait à un théâtre de la cruauté dans lequel "il s'agit d'atteindre, par la violence de la mise en scène, les zones obscures de l'inconscient", ou encore celle d'un Hans-Thies Lehmann qui insiste sur une présence physique du corps souffrant pour privilégier l'expérience, Stéphane Titéca a opté pour une structure non linéaire qui épouse les méandres de la conscience blessée du personnage principal incarné par Régis Romélé.
Entre coma, hallucinations, souvenirs, réalités cliniques et médicales, dialogues absurdes déformés par la morphine, la scénographie aurait pu revêtir des allures kafkaïennes et loufoques. Mais il n'en est rien. Loin de là ! L'écriture s'est portée sur une fragmentation tout en mimétisme de l'expérience traumatique de Régis Romélé, sans en être, toutefois, une expérience autobiographique.
Gageons que Régis Romélé n'a pas croisé de salade "Batavia" dans la salle de Réa, mais qu'il s'agit là d'un choix artistique très original de la part de Stéphane Titéca pour transcrire la voix intérieure du personnage tout en absurdie subjective, récréative et joyeuse.
C'est intelligent, décalé, renforcé par le décor volontairement minimaliste et les changements de lumières "lumineux" de Moïse Hill qui transforment la chambre d'hôpital en un espace méta-réel du plus bel effet.
Le corps d'Alexandre, incarné par Régis Romele lui-même, est certes prisonnier, mais son esprit erre et vagabonde, semblable aux personnages de Beckett. Le comédien parvient à une grande sobriété dans son jeu, ce qui donne encore plus d'impact aux moments d'éclat.
"Mille cent jours" n'est pas sans rappeler, par moments, certains propos et autres images chères à nos yeux dont les Surréalistes étaient friands.
Les trois autres comédiens, Laëtitia Richard, Agathe Sanchez et Stéphane Titéca, épaulent de manière virevoltante l'incarnation de Régis Romele, chacun d'entre eux déployant une énergie vive et brillante tout au long de la pièce.
Assister à "Mille cent jours", mise en scène par Stéphane Titéca, c'est presque espérer être un jour sous morphine dans une chambre d'hôpital… Car l'écriture et la dramaturgie ont su transformer un trauma, et non des moindres, en un acte artistique subtil et sensoriel de la plus belle teneur.
◙ Brigitte Corrigou
Assister à "Mille cent jours", mise en scène par Stéphane Titéca, c'est presque espérer être un jour sous morphine dans une chambre d'hôpital… Car l'écriture et la dramaturgie ont su transformer un trauma, et non des moindres, en un acte artistique subtil et sensoriel de la plus belle teneur.
◙ Brigitte Corrigou
"Mille cent jours"
Texte : Stéphane Titéca.
Mise en scène : Stéphane Titéca.
Assistant : Guillaune Druel.
Œil complice : Lina Lamara.
Avec : Laetitia Richard, Régis Romele, Agathe Sanchez et Stéphane Titéca.
Scénographie et lumières : Moïse Hill.
Création sonore : Guillaume Druel.
Costumes : Justine Calais-Gillot.
Chorégraphie : Aurélia Ayayi
Régie : Jean-Raphaël Schmitt.
Coproduction La Tite Compagnie et les Cies Ki m'aime me suive et Les Envies Folles.
Tout public à partir de 12 ans.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 13 h 15. Relâche le mercredi.
Théâtre des Gémeaux, Salle du Dôme, 10, Rue du Vieux Sextier, Avignon.
Réservation : 04 88 60 72 20.
>> Billetterie en ligne
>> theatredesgemeaux.com
Mise en scène : Stéphane Titéca.
Assistant : Guillaune Druel.
Œil complice : Lina Lamara.
Avec : Laetitia Richard, Régis Romele, Agathe Sanchez et Stéphane Titéca.
Scénographie et lumières : Moïse Hill.
Création sonore : Guillaume Druel.
Costumes : Justine Calais-Gillot.
Chorégraphie : Aurélia Ayayi
Régie : Jean-Raphaël Schmitt.
Coproduction La Tite Compagnie et les Cies Ki m'aime me suive et Les Envies Folles.
Tout public à partir de 12 ans.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2025•
Du 5 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 13 h 15. Relâche le mercredi.
Théâtre des Gémeaux, Salle du Dôme, 10, Rue du Vieux Sextier, Avignon.
Réservation : 04 88 60 72 20.
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