La compagnie belge "Les Chevals de Trois", créée en 2021 par Dimitri Lepage, nous l'avions déjà découverte lors du festival Off 2023 avec "Des Chèvres en Corrèze" (succès à Avignon cette année-là et l'année suivante). Nous n'avions d'attaches particulières d'aucune sorte avec cette compagnie théâtrale basée en Belgique… Seul le titre nous avait interpellé, tout comme le nom pour le moins original de la compagnie en question, car nous aimons les mots et ce qui s'y cache…
Puis, en entrant dans la grotte métaphorique du plateau dans laquelle le comédien s'était réfugié dans ce spectacle, nous n'avions eu qu'une envie à la fin : rester à ses côtés et chercher avec lui le dernier endroit où l'humanisme était encore vivant, dans l'espoir peut-être de le trouver, encore bien debout, les pieds dans le sol et la tête haute. Inenvisageable, bien entendu, de ne pas courir à jambes déployées pour découvrir leur nouvelle création.
Mais de quoi allait-il être question, cette fois-ci dans ce nouvel opus ? Nous ne voulions pas être déçues ! À nouveau un titre énigmatique aux allures d'oxymore qui ne nous laisse pas indifférente. Mais qui sont-ils ces "rossignols" délétères qui sèment la terreur, ces oiseaux d'ordinaire si poétiques, mélodieux et source de joie ?
Puis, en entrant dans la grotte métaphorique du plateau dans laquelle le comédien s'était réfugié dans ce spectacle, nous n'avions eu qu'une envie à la fin : rester à ses côtés et chercher avec lui le dernier endroit où l'humanisme était encore vivant, dans l'espoir peut-être de le trouver, encore bien debout, les pieds dans le sol et la tête haute. Inenvisageable, bien entendu, de ne pas courir à jambes déployées pour découvrir leur nouvelle création.
Mais de quoi allait-il être question, cette fois-ci dans ce nouvel opus ? Nous ne voulions pas être déçues ! À nouveau un titre énigmatique aux allures d'oxymore qui ne nous laisse pas indifférente. Mais qui sont-ils ces "rossignols" délétères qui sèment la terreur, ces oiseaux d'ordinaire si poétiques, mélodieux et source de joie ?
Comme dans "Des Chèvres en Corrèze", un seul en scène interprété par Dimitri Lepage – pièce qu'il interprète encore cette année à l'Épiscène –, les thèmes des "Rossignols" sont encore pour le moins anxiogènes, mais malheureusement bien réels : les crises climatiques et sociales, la masculinité et son oreille sourde aux changements qu'elle pourrait opérer pour que les "choses" soient plus fluides, les "petits échecs de nos vies chaotiques", la place de l'Art de toutes évidences trop peu suffisante dans nos vies, nos fragilités, nos vulnérabilités, nos doutes, nos lenteurs…
Rien de simple que de convoquer de telles thématiques sur les planches d'un théâtre ! Mais c'était sans compter sur le talent de Jérôme Jacob-Paquay à la mise en scène, sur la musique originale, "mais pas que" d'Agathe Lavarel, offrant aux oreilles des spectateurs des sonorités récurrentes aux symboles profonds.
"L'or dans les mains" d'Anne-Frédérique Bailly, aux décors, enveloppe ce spectacle d'une aura à la frontière du naturalisme et de l'abstraction, entre réalité et rêve, tout en étant pourtant de moyens économes, mais néanmoins efficaces. Quasi claustrophobique, l'espace scénique participe à intensifier la dramaturgie de ce huis clos ainsi que la montée en tension entre les personnages.
La force du spectacle tient aussi, en très grande partie, à l'interprétation très charismatique, et comme par moments presque hallucinée, de Mathieu Laviolette. Son interprétation basée sur une logorrhée aux allures de plaidoyer incantatoire à la tribune emporte littéralement le spectateur : "Tout le monde dans sa petite bulle dit que c'est normal. Ça passera. Cela aussi, ça passera !". "Alors, on danse ?".
À ses côtés, Dimitri Lepage n'en est pas moins convaincant dans ses interrogations sur le sens de l'existence, sur la conscience, ou encore la mémoire. Deux comédiens, deux auteurs, deux âmes distinctes à plusieurs égards, tellement complémentaires. Car possédant au plateau et dans la vraie vie des attaches et des liens très complices.
Rien de simple que de convoquer de telles thématiques sur les planches d'un théâtre ! Mais c'était sans compter sur le talent de Jérôme Jacob-Paquay à la mise en scène, sur la musique originale, "mais pas que" d'Agathe Lavarel, offrant aux oreilles des spectateurs des sonorités récurrentes aux symboles profonds.
"L'or dans les mains" d'Anne-Frédérique Bailly, aux décors, enveloppe ce spectacle d'une aura à la frontière du naturalisme et de l'abstraction, entre réalité et rêve, tout en étant pourtant de moyens économes, mais néanmoins efficaces. Quasi claustrophobique, l'espace scénique participe à intensifier la dramaturgie de ce huis clos ainsi que la montée en tension entre les personnages.
La force du spectacle tient aussi, en très grande partie, à l'interprétation très charismatique, et comme par moments presque hallucinée, de Mathieu Laviolette. Son interprétation basée sur une logorrhée aux allures de plaidoyer incantatoire à la tribune emporte littéralement le spectateur : "Tout le monde dans sa petite bulle dit que c'est normal. Ça passera. Cela aussi, ça passera !". "Alors, on danse ?".
À ses côtés, Dimitri Lepage n'en est pas moins convaincant dans ses interrogations sur le sens de l'existence, sur la conscience, ou encore la mémoire. Deux comédiens, deux auteurs, deux âmes distinctes à plusieurs égards, tellement complémentaires. Car possédant au plateau et dans la vraie vie des attaches et des liens très complices.
C'est en partie dans un travail de recherches et d'improvisations que les deux comédiens ont creusé, peaufiné, poncé, enrobé leurs propos jusqu'à donner naissance à un nouveau bijou créatif, vertigineusement beau malgré le bruit de bottes.
"(…) Nous avons souhaité trouver d'autres approches que celles de la confrontation permanente, de la haine de la différence, du chacun-pour-soi, et privilégier le partage avec des histoires individuelles, sans oublier l'Art ! Nous pensons qu'il existe, comme à l'orée de la Grande Guerre, des rossignols du carnage qui, voyant arriver la catastrophe, l'accueillent avec bonheur. Ils chantent même plus fort et projettent en chacun et chacune de nous dans le mur en nous coupant de nous-mêmes, en nous rendant étrangers les uns aux autres, et en corrompant nos récits", souligne d'un commun accord les trois co-fondateurs de la compagnie.
Aux origines dramaturgiques des "Rossignols", il y a eu aussi tout un travail autour d'ouvrages distincts, scientifiques, politiques ou romanesques dont ceux de Jonathan Chapoulot, historien, Alain Damasio – et probablement son roman vertigineux et époustouflant, "La Horde du Contrevent" –, ou encore Simone Veil.
"(…) Nous avons souhaité trouver d'autres approches que celles de la confrontation permanente, de la haine de la différence, du chacun-pour-soi, et privilégier le partage avec des histoires individuelles, sans oublier l'Art ! Nous pensons qu'il existe, comme à l'orée de la Grande Guerre, des rossignols du carnage qui, voyant arriver la catastrophe, l'accueillent avec bonheur. Ils chantent même plus fort et projettent en chacun et chacune de nous dans le mur en nous coupant de nous-mêmes, en nous rendant étrangers les uns aux autres, et en corrompant nos récits", souligne d'un commun accord les trois co-fondateurs de la compagnie.
Aux origines dramaturgiques des "Rossignols", il y a eu aussi tout un travail autour d'ouvrages distincts, scientifiques, politiques ou romanesques dont ceux de Jonathan Chapoulot, historien, Alain Damasio – et probablement son roman vertigineux et époustouflant, "La Horde du Contrevent" –, ou encore Simone Veil.
À l'image du roman de Damasio déjà cité plus haut, œuvre majeure de la science-fiction française grâce à son ambition philosophique et stylistique, ce nouvel opus 2025 des "Chevals de Trois" plonge le spectateur dans un univers métaphysico-existentiel de la plus belle teneur !
Juste un tout, tout petit questionnement : les femmes auraient-elles déjà sombré dans le gouffre ?
Gageons, malgré tout, que le public sera au rendez-vous de cette création théâtrale à la quête de sens et de transcendance ostentatoire que, parfois, seul le théâtre peut convier. Si tel n'est pas le cas, nous serons, nous aussi, au bord du gouffre d'une humanité qui s'écroule… Mais ça ne le sera pas !
◙ Brigitte Corrigou
Juste un tout, tout petit questionnement : les femmes auraient-elles déjà sombré dans le gouffre ?
Gageons, malgré tout, que le public sera au rendez-vous de cette création théâtrale à la quête de sens et de transcendance ostentatoire que, parfois, seul le théâtre peut convier. Si tel n'est pas le cas, nous serons, nous aussi, au bord du gouffre d'une humanité qui s'écroule… Mais ça ne le sera pas !
◙ Brigitte Corrigou
"Les Rossignols du Carnage"
Création 2025.
Texte : Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage.
Mise en scène : Jérôme Jacob-Paquay.
Avec : Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage.
Chorégraphie : Virginie Benoist.
Décors et costumes : Anne-Frédérique Bailly.
Musique : Agathe Lavarel.
Tout public à partir de 14 ans.
Compagnie Les Chevals de Trois.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2025•
A été joué du 4 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 14 h 28. Relâche le lundi.
Théâtre Épiscène, 5, Rue Ninon Vallin, Avignon.
Réservation : 04 90 01 90 54.
>> episcene.be
Texte : Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage.
Mise en scène : Jérôme Jacob-Paquay.
Avec : Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage.
Chorégraphie : Virginie Benoist.
Décors et costumes : Anne-Frédérique Bailly.
Musique : Agathe Lavarel.
Tout public à partir de 14 ans.
Compagnie Les Chevals de Trois.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2025•
A été joué du 4 au 26 juillet 2025.
Tous les jours à 14 h 28. Relâche le lundi.
Théâtre Épiscène, 5, Rue Ninon Vallin, Avignon.
Réservation : 04 90 01 90 54.
>> episcene.be