La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

N°2 : Les bons conseils de Mickaël Duplessis

Suite ! Notre correspondant depuis Avignon ne perd pas de temps. Il continue son périple et nous aimons suivre ses pas...



Dans la jungle du Off… : les spectacles déjà vus et aimés.

Notre mur d'affiches à la RDS. Montage spécial Avignon © D.R.
Notre mur d'affiches à la RDS. Montage spécial Avignon © D.R.
Pour les habitués des rues d’Avignon en juillet, les années se suivent… et se ressemblent un peu. Sans même parler des sempiternelles comédies au goût douteux, accrochées à leur théâtre comme un Harpagon à sa cassette, il est vrai que l’on retrouve de plus en plus les mêmes spectacles d’une année sur l’autre. Alors qui a dit que le Off était une machine à ruine ? Si certaines compagnies reviennent, c’est qu’elles ne sont pas masochistes ! Certes oui, c’est plutôt bon signe. Mais combien à côté ont baissé le rideau avant même la fin du festival, faute de spectateurs ?

La mention "succès Off 2010" fleurit un peu partout sur les affiches. Toutefois, gare à la publicité mensongère un peu trop racoleuse ! Un spectacle n’est pas un camembert élu produit de l’année par deux spectateurs et demi. Quoi qu’il en soit, ce phénomène nous aide un peu dans notre sélection. En effet, si on l’a déjà vu, ça fait un doute de moins dans le tas. En plus, on peut frimer auprès de ses amis en conseillant (ou non !) un spectacle avant même le début des représentations ! Cette année, on peut voir aussi à Avignon plusieurs spectacles qui ont déjà été donnés à Paris, alors que la plupart du temps Avignon est un tremplin pour être programmé à Paris. Mais entrons dans le vif du sujet ! Voici, parmi les spectacles que j’ai déjà pu voir, ceux que je vous recommande.

Commençons notre marathon à 11 heures, au Théâtre des Halles, où son directeur Alain Timar présente pour la deuxième année consécutive sa superbe mise en scène de Rhinocéros d’Eugène Ionesco. Dans une scénographie très travaillée et une direction d’acteurs au cordeau, c’est une troupe de coréens étonnants qui porte ce texte qu’il est si bon de réentendre. Spectacle de qualité, en coréen surtitré !

À 11 heures aussi au Théâtre Notre Dame, vous pourrez découvrir un habitué d’Avignon que vous croiserez lors de sa parade sur son "cyclopiano" : Vincent Clergironnet propose deux spectacles en alternance : Demain il fera jour ! et Maintenant !. Deux petits chefs d’œuvres d’écriture et d’interprétation qui ne comptent plus les années de succès (dont une programmation à la Manufacture des Abbesses à Paris). C’est à voir absolument, j’en ai encore des frissons d’émotions.

À 11 h 40 aux Trois Soleils, ne manquez pas Maxime d’Aboville, nommé aux Molières en 2010 et 2011 qui présente sa sublime interprétation du Journal d’un curé de campagne, de Bernanos. Pour la deuxième fois à Avignon après un triomphe aux Mathurins à Paris, ce comédien exceptionnel nous offre encore l’opportunité d’aller l’entendre.

À 12 heures à la Condition des Soies, le génial Damien Ricour revient après plusieurs années avec son adaptation de Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis. Le comédien seul en scène est éblouissant d’énergie, de maîtrise, de drôlerie. Un talent fou pour un texte brillant. Je vous le recommande très chaudement.

À 12 h 30 au Théâtre du Balcon, vous avez rendez-vous avec un Shakespeare survitaminé, qui avait déjà fait salle comble en 2009 : Beaucoup de bruit pour rien mis en scène par Philippe Person dans une version qui swingue et où l’histoire est transposée dans l’Amérique des années 1950. C’est osé, c’est décalé, c’est réussi !

Au Petit Chien à 17 h 40, Le Gorille vous attend hors de sa cage. La performance d’acteur époustouflante de Brontis Jodorowsky dans une adaptation d’un texte de Kafka a déjà conquis les spectateurs parisiens du Lucernaire puis du Petit Montparnasse.

À L’Art en scène Théâtre, à 19 h 30, vous pourrez faire la connaissance d’Aurélia Decker et de son très bon one-woman-show : Je crois qu’il faut qu’on parle. Il s’agit de sa deuxième année à Avignon après une longue série de représentations aux Blancs-Manteaux à Paris et des passages remarqués dans l’émission de Laurent Ruquier "On ne demande qu’à en rire". Un spectacle pétillant, très drôle, pas vulgaire et surtout une galerie de personnage diablement bien interprétés. Elle fera encore parler d’elle !

À 19 h 30 également, le Théâtre du Chêne Noir vous offre une valeur sûre : Jacques Weber dans son spectacle Eclats de vie. L’acteur mêle savamment des grands textes classiques et des anecdotes de sa propre vie pour un moment délicieux de confidences avec le public. À tous ceux qui aiment le personnage, les réservations sont fortement recommandées, car après avoir écumé les scènes du Marigny et de l’Hébertot à Paris pendant des mois, le succès est annoncé aussi à Avignon !

Bon courage dans la lecture du programme, et bonne chasse aux pépites !

Le programme est disponible sur le site du Festival, à l'adresse suivante :
http://www.avignonleoff.com

Mickaël Duplessis
Mercredi 6 Juillet 2011

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024