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Danse

My rock… and rôles : Beatles, Rolling Stones et Elvis en pas de 2 !

"My Rock", Théâtre du Rond-Point, Paris

Danse contemporaine et rock'n'roll, il fallait oser, Gallotta l'a fait. Autour, entre autres, d'Elvis Presley, des Rolling Stones, des Who, de Wilson Pickett et de Léonard Cohen, le chorégraphe crée une jonction, un pont artistique entre corps et musique.



© Giovanni Cittadini Cesi.
© Giovanni Cittadini Cesi.
Danser sur de la funky ? Fastoche ! Sur du disco ? Ça s'y prête comme un Père Noël en barbe blanche. Sur du rock ? Tetete… c'est plus compliqué, mais avec quelques audaces stylistiques sorties tout droit de son imagination, cela peut le faire.

Là où cela se complique, c'est quand il s'agit de faire de la danse contemporaine sur du rock. Au mieux, c'est hardi, au pire "casse-gueule". Mais quand Gallotta se colle à l'exercice, c'est autre chose.

La partie musicale du spectacle est importante puisque c'est un hommage rendu au rock 'n' roll. Dans cette large gamme de possibilités, Gallotta a choisi des chansons allant de la fin des années cinquante jusqu'aux années quatre-vingt-dix où, entre autres, les Beatles, les Rolling Stones, les Who, Elvis Presley, Nick Drave, Léonard Cohen, Bob Dylan, Kurt Cobain et Patti Smith prennent place.

© Giovanni Cittadini Cesi.
© Giovanni Cittadini Cesi.
C'est aussi très autobiographique. Gallotta se met en scène. Il est la voix-in et off du spectacle. Habillé en noir, chapeau sur la tête, il longe la scène et raconte, siffle, chantonne pour donner le go à certaines chorégraphies.

Même si les parcours du rock et de la danse contemporaine sont parallèles mais ne se recoupent pas, peu de chorégraphes se sont essayés à marier les deux. Gallotta réussit l'exploit de trouver une entente artistique entre un riff de Nirvana et un pas de 2, la voix d'Elvis et une gestuelle, la guitare de Pete Townshend et un déhanché. Le chorégraphe arrive à opérer une communion artistique entre des musiques aussi différentes que Helter Skelter (Beatles) et Sister Morphine (Rolling Stones) tout en gardant une même trame chorégraphique dans des gestuelles basées sur des mouvements amples, balancés, proches et sensuels.

Les chorégraphies ne se laissent ainsi à aucun moment déborder par la musique. Elles imposent leur tempo corporel et sont essentiellement des duos et finissent avec Patti Smith dans une danse de groupe. La musique a toujours été un axe central de la danse. Mais doit-elle être suivie ou suivre le mouvement ? Chez Gallotta, elle devient compagnon. Chacune déroulant sa partition en chœur.

"My Rock"

© Giovanni Cittadini Cesi.
© Giovanni Cittadini Cesi.
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta.
Assistanat à la chorégraphie : Mathilde Altaraz.
Textes : Claude-Henri Buffard, Jean-Claude Gallotta.
Avec : Alexane Albert, Ximena Figueroa, Jean-Claude Gallotta, Paul Guëllo, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Fatoumata Niang, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand.
Costumes : Jacques Schiotto et Marion Mercier assistés d'Anne Jonathan.
Montage vidéo : Benjamin Houal, recréé par Pierre Escande.
Durée : 1 h 05.

17 novembre au 6 décembre 2015.
Du mardi au samedi à 18 h 30, le dimanche à 15 h.
Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault, Paris 8e, 01 44 95 98 00.
>> theatredurondpoint.fr

Tournée
10 décembre 2015 : La Filature, Mulhouse (68).
15 au 17 décembre 2015 : La Comédie, Clermont-Ferrand (63).
16 janvier 2016 : Théâtre de l'Olivier, Istres (13).
26 janvier 2016 : Espace Culturel Aragon, Oyonnax (01).
28 janvier 2016 : Théâtre Anne de Bretagne, Vannes (56).
27 et 28 février 2016 : Théâtre Municipal, Vernier (Suisse).
18 mars 2016 : Salle Zinga Zanga, Béziers (34).
23 et 24 mars 2016 : Maison de la Culture, Bourges (18).

Safidin Alouache
Lundi 30 Novembre 2015

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023