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Théâtre

Maria Casarès et Albert Camus se retrouvent pour une heure dans un nouveau théâtre de Poitiers

Ouverte en septembre 2023, cette nouvelle salle finit sa saison en rendant hommage à celle qui lui a donné son nom : Maria Casarès. Une salle citadine née de la volonté des deux codirecteurs de la Maison Maria Casarès, Matthieu Roy et Johanna Silberstein. C'est dans les anciennes écuries de la caserne de Poitiers que deux grandes salles voûtées abritent maintenant ce nouveau lieu destiné à présenter au public tourangeau une programmation hivernale (et donc plus confortable) qui vient en complément des activités de la maison mère d'Alloue.



© Solotiana.
© Solotiana.
Cette dernière fut la demeure que Maria Casarès acheta après la mort de Camus. Une grande propriété du nom de Domaine de Lavergne, léguée par sa propriétaire à la petite commune d'Alloue, qui abrite depuis quelques années un lieu de résidence pour les compagnies de théâtre de la région et d'ailleurs. Un festival estival est également proposé dans ses immenses jardins, au mois d'août. Cette année, le Festival d'Été aura lieu du 22 juillet au 16 août.

En 2017, les éditions Gallimard, avec l'accord de la fille d'Albert Camus, publiaient la Correspondance entre ces deux artistes. Une correspondance amoureuse de plus de 800 lettres, écrites du début de leur relation (la première est datée du 6 juin 1944) jusqu'au 30 décembre 1959. Cinq jours plus tard, Camus décédait dans un accident de voiture. Ces lettres, Catherine Camus les avait collationnées des années auparavant, ayant racheté celles que possédait Maria Casarès. Cette dernière les lui avait cédées par besoin d'argent, pour réparer le toit de sa maison d'Alloue…

© Solotiana.
© Solotiana.
De ces 800 lettres écrites à raison d'une par semaine (minimum), nous n'en entendrons qu'une poignée, lue par les bouches de Johanna Silberstein qui incarne Casarès et de Brice Carrois dans le rôle de Camus. Une heure d'une grande délicatesse qui permet de se rendre compte de l'abîme existant entre l'amour liant ces deux-là de nos amours contemporaines. Entre un SMS agrémenté de je ne sais quel nude et ces pages entières de pensées, de poésie, de philosophie et d'attentives exigences, il y a un gouffre qui coupe le souffle.

On connaît la plume de Camus (prix Nobel de Littérature), on découvre la virtuosité de langue de Maria Casarès, fille d'immigré espagnol (son père fuyant le fascisme en 1936 fut un homme politique espagnol éminent). Au travers de ces lettres, toutes sortes de sentiments s'expriment, les manques, les pointes de jalousie, les déclarations d'amour, mais aussi des échanges de confidences sur leurs métiers respectifs. Camus est dans l'écriture des "Justes", puis de "L'Homme révolté". Casarès pour sa création du rôle principal des "Justes" ou le "Triomphe de l'Amour", mis en scène par Jean Vilar à Avignon en 1958.

Une intime vénération réciproque semble être partagée par nos deux artistes. Une ressemblance peut-être également dans leur parcours, lui, né à Oran, exilé d'Algérie pour poursuivre sa carrière en France, elle, fille de révolutionnaire espagnol en exil. On sent dans ces mots échangés un partage de destin qui les lie.

On remarque que dans ces lettres choisies pour ce spectacle, il est fait peu de place pour le charnel, l'intime besoin de toucher l'autre et le manque, l'accent est plutôt mis sur les vies respectives des deux amants. La scénographie vient contrebalancer ce sentiment puisqu'elle est faite d'un grand lit à barreaux, d'un salon de jardin et d'un bureau, lieux de vie, privés, personnels, dans lesquels la mise en scène simple et fluide de Matthieu Roy fait évoluer ses interprètes.

"La correspondance entre Maria Casares et Albert Camus"

© Solotiana.
© Solotiana.
D'après Albert Camus, Maria Casarès, Correspondance (1944-1959), Éditions Gallimard, nov. 2017.
Mise en scène : Matthieu Roy
Avec : Johanna Silberstein et Brice Carrois.
Création son : Eddie Ladoire.
Scénographie : Gaspard Pinta.
Développeur : Alban Guillemot.
Production : Maison Maria Casarès avec le concours de la fondation La Poste.
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h.

Du 6 au 23 juin 2024.
Du jeudi au samedi à 19 h.
Le dimanche : Brunch à partir de 11 h 30, représentation à 13 h.
La Scène Maria Casarès, Poitiers (86), 05 49 13 53 77.
resa@scenecasares.fr
>> scenecasares.fr

Bruno Fougniès
Mardi 18 Juin 2024

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"Différente" Carolina ou "Cada uno es un mundo (Chacun est un monde)"

Star internationale à la frange rouge, Carolina est de retour en France, après sa tournée mondiale. Heureuse de retrouver son public préféré, elle interprète en live des chansons populaires qui touchent le cœur de toutes les générations.

© Audrey Bären.
Mais qui est donc cette incontournable Carolina ? Ou, plus exactement, qui se cache derrière cette artiste plutôt extravagante, à la folie douce ? De qui est-elle l'extension, au juste ?

L'éternelle question autour de l'acte créatif nous interpelle souvent, et nous amène à nous demander quelles influences l'homme ou la femme ont-ils sur leurs "créatures" fabriquées de toutes pièces ! Quelles inspirations les ont portées ! Autant de questions qui peuvent nous traverser particulièrement l'esprit si tant est que l'on connaisse un peu l'histoire de Miguel-Ange Sarmiento !

Parce que ce n'est pas la première fois que Carolina monte sur scène… Décidément, elle en a des choses à nous dire, à chaque fois. Elle est intarissable. Ce n'est pas Rémi Cotta qui dira le contraire, lui qui l'accompagne depuis déjà dix ans et tire sur les ficelles bien huilées de sa vie bien remplie.

Rémi Cotta, artiste plasticien, graphiste, comédien, chanteur lyrique, ou encore metteur en scène, sait jouer de ses multiples talents artistiques pour confier une parole virevoltante à notre Carolina. Il suffit de se souvenir du très original "Carolina Show", en 2010, première émission de télé sans caméra ayant reçu de nombreux artistes connus ou moins connus ou le "Happy Show de Carolina", ainsi que les spectacles musicaux "Carolina, naissance d'une étoile", "Le Cabaret de Carolina", ou encore " Carolina, L'Intelligence Artificielle".

"Différente" est en réalité la maturation de plusieurs années de cabarets et de spectacles où Carolina chante pourquoi et comment elle est devenue une star internationale tout en traversant sa vie avec sa différence". Miguel-Ange Sarmiento.

Brigitte Corrigou
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Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.

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La diversité des personnalités importantes qui marquèrent le début de son chemin politique joue tout autant la complexité : Michel Rocard, André Malraux et, bien sûr, Georges Pompidou comme modèle, Marie-France Garaud, Pierre Juillet… et Dassault comme portefeuille ! Le tout agrémenté de nombre de symboles forts et de cafouillages désastreux : le bruit et l'odeur, la pomme, le cul des vaches, les vacances à l'île Maurice, les amitiés avec les despotes infréquentables, l'affaire ELF, etc.

Gil Chauveau
03/11/2024