La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

"La Pepa"… ou la fabuleuse histoire espagnole du Flamenco !

"La Pepa", Théâtre des Champs-Élysées, Paris

Théâtre, Art et Danse se donnent la répartie dans le spectacle de Sara Baras où elle déploie une maestria de toute beauté. Guarija, Farruca, Buleria, Alegria, autant de danses aux rythmes différents et qui donnent au spectacle un aperçu de la richesse du Flamenco.



© DR.
© DR.
Lumière tamisée sur scène où apparaît en mouvement dans une diagonale scénique un groupe de danseurs/danseuses drapé tel des fées ou des combattants ailés. Le rythme est donné. La théâtralité et la danse se parent de ses plus beaux atours.

Le Flamenco, sous sa forme actuelle, est né au XIXe siècle entre Cadix et Séville et la trame du spectacle est l’histoire de l’Espagne avec le bicentenaire de la première constitution espagnole promulguée à Cadix, le 19 mars 1812, le jour de la Saint-Joseph. Pepa est le féminin de Pepe, diminutif de José.

Huit tableaux composent le spectacle autour de danses telles que le Martinete, la Guajira, le Fandango, le Tanguillo, l’Alegria ou encore la Farruca. Toutes ces danses sont en 12 temps à l’exception du Farruca qui est en 4 temps. La Farruca, danse "masculine" qu’Antonio Gades affectionnait, est remise au goût du jour par Sara Baras avec, comme danseur son mari, José Serrano. Le rythme du Farruca est lent.

© DR.
© DR.
José Serrano, superbe d’élégance et de technique, laisse son corps bien planté au sol dans des déplacements tout en retenue, déployant ses bras pour créer un décalage rythmique avec les taconeos (crépitements des talons), à la fois très rapides et ponctués parfois d’arrêts.

Chaque danse de Flamenco est aussi un chant qui est lié soit à une région, soit à un métier. Dans le cas du Martinete, dont le compas (rythme) ressemble à celui d’un forgeron avec son enclume, c’est un 12 temps en 3*2 temps et 2*3 temps à l’inverse de l’Alegria ou de la Buleria, danses joyeuses et rythmées.

Tous les tableaux sont de véritables bijoux artistiques où la beauté et les lumières donnent une chaleur et une atmosphère qui "enveloppent" les danses.

© DR.
© DR.
Sara Baras, figure emblématique du Flamenco, est superbe de grâce, de technique et de force. Le style de Baras est très marqué par ses cambrures et ces braceos (jeux de bras), braceos à la fois tendus et légèrement courbes pour finir harmonieusement aux poignets avec le buste toujours droit. Force à la fois féline et sensuelle, le regard mordant, fixe, presque dur et souvent lointain, c’est toute une thématique des attitudes et du corps que Sara Baras maîtrise. Son jeu, au-delà d’une technicité sans égal, est à la fois fait de panache et de grâce.

Ses taconeos, très rapides, sont tout en déplacement. Leurs crépitements sur le sol évoluent en rythme et en vitesse. Les taconeos sont à l’œuvre quand le buste reste de marbre.

Tout est de haute tenue et de grande qualité. Bref… c’est superbe !

"La Pepa"

© DR.
© DR.
Sara Baras Ballet Flamenco
Livret et direction artistique : Sara Baras.
Chorégraphie : Sara Baras, en collaboration avec José Serrano.
Scénographie : Ras Artesanos, Sara Baras.
Costumes : Torres-Cosano.
Lumières : Oscar Marchena, José Luis Alegre, Sara Baras.
Avec : Sara Baras (La Pepa) et José Serrano (Danseur invité).
Danseurs : Carmen Camacho, Charo Pedraja, Cristina Aldon, Isabel Ramirez, Macarena Rodriguez, Maria Jesus Garcia, Natalia Lopez, Tamara Macias, Alejandro Rodriguez, Daniel Saltares, David Martin, Manuel Ramirez, Raul Fernandez.

© DR.
© DR.
Sara Baras Grupo Flamenco
Directeur musical : Keko Baldomero.
Musiciens : Keko Baldomero, Miguel Iglesias (guitares), Antonio Suarez, Manuel Munoz “Pajaro” (percussions).
Chanteurs : Saul Quiros, Emilio Florido, Miguel Rosendo.
Collaboration spéciale : Ara Malikian, quatuor à cordes Aupaquartet.
Durée : 1 h 50.

Du 21 décembre 2012 au 8 janvier 2013.
Du mercredi au dimanche à 20 h, dimanche 6 janvier (séance supplémentaire) à 17 h et mardi 8 janvier à 20 h.
Théâtre des Champs-Élysées, Paris 8e, 01 49 52 50 50.
>> www.theatrechampselysees.fr

Safidine Alouache
Mercredi 2 Janvier 2013

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter




Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024