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HK, CD "Petite Terre" Nouveaux rêves, nouvelles révoltes d'un conteur d'utopies

"Petite Terre", septième album de HK (Kaddour Hadadi), le poète social et engagé, raconteur d’histoires, inventeur de mélodies nomades, de rythmes dansants puisant dans le blues, le reggae, le musette, le hip-hop, créateur d'une musique "world" à la française aux accents chtis, occitans, créoles, bretons, espagnols ou encore berbères. C'est une nouvelle aventure musicale qu'il nous propose, en nous invitant aux cœurs de nos terroirs pour aussitôt nous inviter à découvrir le monde et à le parcourir en chansons, libre et l'esprit ouvert, tolérant. Un album comme une valse contagieuse… pêchu, avec un groove d'enfer.



Deux premiers groupes à l'adolescence, au tout début des années quatre-vingt-dix, époque révolution hip-hop… Après avoir écumé les scènes de la région lilloise, HK forme en 2005, avec son ami Saïd, un groupe au format "révolutionnaire" : le M.A.P. (le Ministère des Affaires Populaires), du hip-hop avec deux rappeurs (Dias, HK), un DJ (Stanko Fat), un accordéoniste (Jeoffrey Arnone) et un violoniste (Monsieur Hacène)… et une farouche volonté de porter l’identité d'une région ouvrière et métissée, dans la veine musicale du rap-musette de Java et de l'écriture engagée d'un Zebda.

Sélectionnés dans la catégorie découverte au Printemps de Bourges 2006, ils iront avec, sous le bras, leur premier album "Debout là-D'dans" et une notoriété acquise avec des titres comme "Elle est belle la France" (2006) puis "Grain d'sel" et "Salutations révolutionnaires" (avec Mouss & Hakim) en 2007. Suivra, en 2009, la formation de "HK et les Saltimbanks" qui concrétise l'envie de Kaddour Hadadi de colorer sa musique de chanson, de musiques du monde, et de reggae. Les deux premiers albums du groupe imprime une signature marquée par un engagement qui ne faiblira jamais : "Citoyen du Monde" (2011) sur lequel figure l'emblématique chanson "On lâche rien", reprise dans les manifestations et les luttes sociales ainsi qu'au cinéma dans "La vie d'Adèle", et "Les Temps Modernes" (2012) incluant le titre phare du groupe, "Indignez-vous" en hommage à Stephane Hessel.

À partir de 2017, HK signe ses albums sous son seul nom, une façon pour lui d'élargir sa famille musicale avec, à ses côtés sur scène, bon nombre de ses amis "saltimbanks" de toujours et quelques nouveaux visages. C'est ainsi que les chœurs féminins Clara Banks et Sabrina Belmo et le trompettiste Yvan Djaouti prennent aujourd'hui une place plus importante dans sa musique. Sur scène, on retrouve la même verve poétique, le même engagement, les mélodies à la sauce HK, une diversité musicale avec une grande énergie communicative…

"Ce soir nous irons au bal", sur l'album "L'Empire de papier", est plus que le titre d'une chanson écrite suite aux attentats du 13 novembre 2015, car il résume, en réalité, à lui seul la philosophie musicale d'HK : une folle envie de "danser ensemble", de continuer à vivre envers et contre tout, comme un combat au quotidien pour ne pas baisser les bras, suivant le vieil adage "la vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie" (Sénèque).

Également auteur de romans depuis 2012 avec la publication de "J'écris donc j'existe", c'est cette dernière philosophie qu'il porte à travers l'écriture de son troisième roman "Le Cœur à l'outrage" (2017, Éditions Riveneuve) qui nous raconte une histoire d'amour en dépit des attentats terroristes, des blessures dans la chair et dans l'âme, des tragédies migratoires, des débats et des déchirements. C'est une histoire ancrée dans notre époque écrite par un artiste qui, depuis quinze ans, nous embarque à chacune de ses créations dans un univers de résistance musicale, poétique et dansante, rêveuse et entraînante, combative autant que fraternelle.

© Najib Sellali.
© Najib Sellali.
C'est cet univers que l'on retrouve dès le morceau "Petite Terre", la chanson titre du CD, qui nous offre d'entrée de jeu une mélodie accrocheuse portée par la voix au phrasé chaloupé de HK accompagné ici par un enthousiaste chœur d'enfants, nous parlant des racines, de notre capacité à évoluer et à faire des erreurs, mais aussi de ce besoin de nous souvenir de nos origines… au sein de l'univers… C'est simple, beau et envoûtant. On enchaîne par "Le Roubaisien de Bergerac", texte autobiographique d'un enfant de Roubaix qui se retrouve au pays de Cyrano pour apprécier "un endroit qui me repose et dont la poésie m’apaise/quand jusqu’à l’overdose, la tragédie humaine me pèse…"

Riche d'histoires rêveuses, optimistes, comme dans "Hier à peine" - "et si je tombe, c’est un heureux présage/je guette les colombes par-delà les nuages", militantes avec "Les fainéants sont dans la rue" ou "Le chant des artisans" (retour à un rap "engagé") ; ou encore invitant aux voyages en vivant nos "Vieilles chimères", ou en allant à la rencontre de "Slimane". "Petite Terre" est une nouvelle fois l'occasion pour HK de revendiquer son statut de "rêveur poétique social", de conteur de douces fables et de militant lucide - démonstration sans appel avec la chanson bonus "Joyeux faucheurs" - qui aime s'afficher aux côtés des gens qui luttent, pour eux-mêmes, pour les autres, ou pour une certaine vision du monde : solidaire, juste et fraternelle.

Aujourd'hui, HK revient, accompagné de ses amis(es) de toujours avec ce nouvel opus, mais aussi avec une tournée à travers toute la France, un quatrième roman, "Sans Haine, sans Armes, sans violence" (Éditions Riveneuve) et un spectacle social et musical : "La fin du Moi, le début du Nous".

● HK "Petite Terre".
Label : L'Épicerie des Poètes.
Distribution : [PIAS] France.
Sortie : 18 septembre 2020.

Chanteur : Kaddour Hadadi, HK.
Guitariste : Manuel Paris.
Bassiste : Éric Janson.
Batteur : Sébastien Wacheux.
Accordéon, guitare : Meddhy Ziouche.
Trompette : Yvan Djaouti.
Chœur : Sabrina Belmo, Saïd Zarouri, Claire Mbongo.


Tournée
25 septembre 2020 : My Cotentin/Fête des cultures, Cherbourg (50).
2 octobre 2020 : CCO/Festival l'Aventure Ordinaire, Villeurbanne (69).
3 octobre 2020 : La Forge, Faverges (74).
28 octobre 2020 : Villes des musiques du monde/Maison du peuple, Pierrefitte (93).
6 novembre 2020 : Le Rockstore, Montpellier (34).
7 novembre 2020 : L'Usine, Istres (13).
20 novembre 2020 : Centre Culturel John Lennon, Limoges (87).
27 novembre 2020 : Rocher de Palmer, Cenon (33).
2 et 3 décembre 2020 : FGO Barbara, Paris XVIIIe.
18 décembre 2020 : Le Métronum, Toulouse (31).
19 décembre 2020 : Salle de l'Hélice, Toulon (83).
16 février 2020 : Espace Culturel de la Pointe de Caux, Gonfreville L'Orcher (76).

Gil Chauveau
Lundi 28 Septembre 2020

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À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023