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Festivals

Festival d'Aix-en-Provence 2021, une édition qui s'annonce exceptionnelle

Pour sa nouvelle édition du 30 juin au 25 juillet 2021, le Festival d'Aix-en-Provence a mis au point une programmation exceptionnelle d'ouvrages lyriques variés, après le remplacement de celle de l'an dernier par #LaSceneNumerique en raison de la situation sanitaire. La grande ambition de la saison à venir sera placée en outre sous la royauté des femmes, personnages d'opéras ou compositrices, tel que l'a souhaité son nouveau directeur artistique, Pierre Audi.



"Innocence", Kaija Saariaho © Jean-Louis Fernandez.
"Innocence", Kaija Saariaho © Jean-Louis Fernandez.
Les nouvelles productions de l'édition 2021 ont tout pour nous donner l'eau à la bouche. Outre le nouvel opéra de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, "Innocence", répété l'an dernier à huis-clos à Aix, comme "Le Coq d'Or" de Rimski-Korsakov dans une mise en scène de Barrie Kosky, huit nouvelles productions et un ouvrage en version concert seront offerts au public. Le Beau Théâtre de l'Archevêché sera en 2021 l'écrin de trois spectacles à la place des deux habituels.

Du jamais vu à plus d'un titre - même si fidèle à son identité profonde, le festival donnera l'occasion de découvrir un large éventail de styles et d'époques, du Baroque à l'esthétique contemporaine. Ce sera l'occasion de découvrir les Monteverdi, Cavalli, Rossi et autres Mozart et Rimski donc, sans oublier Verdi, Wagner et la création la plus contemporaine. Le cycle "Incises" soumettra deux créations mondiales à notre soif de voyages, "Innocence" l'opéra de K. Saariaho (mise en scène par Simon Stone au Grand Théâtre de Provence) et "L'Apocalypse arabe" (par Pierre Audi à la Fondation LUMA d'Arles), un oratorio ayant pour thème la guerre du Liban par Samir Odeh-Tamimi, compositeur israélo-palestinien. En création française, le public applaudira le plaidoyer pour l'émancipation des femmes d'une jeune compositrice libanaise, Bushra El-Turk. Ce sera "Woman at Point Zero" au Conservatoire Darius Milhaud dès le 9 juillet.

Force est de constater que le festival entend se saisir des grands enjeux du monde contemporain et proposer - comme il le fait depuis quelques années - un vrai dialogue des cultures entre continents. Il s'agit là encore de donner à entendre d'autres styles musicaux et d'autres langues. On l'a vu, les femmes sont également au cœur de cette nouvelle édition : des compositrices, des metteuses en scène (Lotte de Beer, Silvia Costa), des cheffes d'orchestres (Susanna Mälkki, Kanako Abe) et des écrivaines inspiratrices ou librettistes telles que Sofi Oksanen, Etel Adnan (autrice du poème à l'origine de "L'Apocalypse arabe") et Nawal El Saadawi.

"Balthasar", 9 juillet 2020 © Vincent Beaume.
"Balthasar", 9 juillet 2020 © Vincent Beaume.
En ce qui concerne les autres spectacles, on retrouvera l'Ensemble Correspondances de Sébastien Daucé mettant à l'honneur la fine fleur des chanteurs tels que Lucile Richardot, Nicolas Bazola et Nicolas Brooymans dans Monteverdi, Rossi et Cavalli réunis pour "Combattimento, la théorie du Cygne noir" au Théâtre du Jeu de Paume dès le 3 juillet. "I due Foscari" de G. Verdi sera proposé avec Leo Nucci (Francesco Foscari), le Chœur et Orchestre de l'Opéra de Lyon dirigés par Daniele Rustioni le 16 juillet au Grand Théâtre.

Mêmes forces musicales et chef pour le "Falstaff" du même Verdi, ouvrage qui sera donné dès le 1er juillet à l'Archevêché avec Christopher Purves, Stéphane Degout. C'est dans ce même sublime écrin que Daniele Rustioni à la tête de son orchestre lyonnais dirigera Dmitry Ulyanov en Tsar Dodon du "Coq d'Or", sans oublier l'excellent Thomas Hengelbrock à la tête du Balthasar Neumann Ensemble pour des "Nozze di Figaro" très attendues avec Jacquelyn Wagner, Gyula Orendt, Julie Fuchs et Léa Desandre, dans la mise en scène de Lotte de Beer (dès le 30 juin).

Enfin, Graal inespéré pour des mélomanes wagnériens privés du Ring parisien, Sir Simon Rattle aura la mission de présenter "Tristan und Isolde" de Wagner (pour la première fois à Aix) à la tête du London Symphony Orchestra. Une nouvelle production de Simon Stone pensée pour le Grand Théâtre (dès le 2 juillet) avec une distribution de luxe : Stuart Skelton, Nina Stemme et Franz-Josef Selig.

En attendant le détail de la programmation qui sera dévoilée en janvier 2021, le public aixois a d'ores et déjà l'assurance de retrouver les manifestations gratuites d'"Aix en juin", les actions de l'Académie et de la Méditerranée, celles de "Passerelles" et la reconduction d'une saison numérique (#La SceneNumerique). En attendant l'été, nous croiserons les doigts bien fort, déjà assurés que le Festival d'Aix mettra tout en œuvre pour nous offrir les meilleures conditions possibles en cette période très particulière - où nous avons plus que jamais besoin d'utopie, de musique et de beauté.

Festival d'Aix-en-Provence
Du 30 juin au 25 juillet 2021.

Ouverture des abonnements le 5 février 2021.
Vente des places à partir du 19 février 2021.
>> festival-aix.com

Christine Ducq
Mardi 22 Décembre 2020

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•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
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•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

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•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

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© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024