La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Danse

"Contact"… Danse, théâtre et musique à l'unisson pour un Faust d'une étrange légèreté

"Contact", Théâtre national de Chaillot, Paris

La musique, le théâtre et la danse pactisent le temps d'une comédie musicale où la danse contemporaine côtoie la danse classique, les chants prennent le relais du théâtre et où l'humour se mêle à la gravité légère de Faust.



© Laurent Philippe.
© Laurent Philippe.
Le spectacle commence par une scène de théâtre entre deux personnages dont Faust. La scénographie découpe un espace de jeu où le chant, le théâtre, la danse et la musique, autour d'un violoncelle, d'un piano et de guitares, se retrouvent. Philippe Decouflé marie les différentes expressions artistiques et fait cohabiter divers types de danse, tant aérienne que contemporaine ou classique.

La gestuelle varie autour de différentes vitesses dans des évolutions symétriques, dissymétriques, géométriques, fluides, cassés ou ondulés. Certains partent des membres inférieurs quand d'autres prennent leur source au tronc ou dans les membres supérieurs.

Le spectacle est découpé en scènes ayant chacune sa propre atmosphère. Cela chante, danse, joue. Les Arts se rejoignent dans une fluidité artistique où chaque scène devient une pièce d'un puzzle. Le séquencement artistique débute par du Théâtre, puis est ponctué par la Musique pour être appuyé par la Danse. Tout s'assemble et s'emmêle avec harmonie.

© Laurent Philippe.
© Laurent Philippe.
Les scènes sont liées avec pour chacune d'elle une connotation théâtrale, musicale ou de danse. Nous sommes dans une thématique du "vivre ensemble" artistique. Symétrie et dissymétrie oscillent dans une gestuelle parfois géométrique où, dans une chorégraphie, les danseurs sont disposés en triangle sur trois niveaux et où les mouvements démarrent de façon symétrique aux poignets pour le premier, aux avant-bras pour le suivant et aux épaules pour le troisième. La géométrisation des mouvements est fluide car Decouflé l'atténue en rendant statique, pour cette chorégraphie, le danseur.

Le chorégraphe distille des gestuelles contemporaines et classiques autour de mouvements au sol et aériens. C'est une construction esthétique autour des éléments corporels et vocaux des interprètes à laquelle nous assistons.

Le registre gestuel procède d'un large spectre où les mouvements vont du simple au complexe, de l'anodin à l'inspiré, du terrien à l'aérien, du symétrique au dissymétrique. Decouflé crée un univers artistique où il fait du beau, du poétique, du gracieux avec des répliques, des situations, des mouvements simples. C'est dans sa conception chorégraphique que le spectacle prend toute sa force.

"Contact" est un cocktail virtuose et original, une mosaïque de chants, de mouvements, de lumière et de vidéo intelligemment enveloppé d'humour et de musique.

"Contact"

Mise en scène et chorégraphie : Philippe Decouflé
.
Musique originale et interprétation live : Nosfell, Pierre Le Bourgeois.

De et avec : Christophe Salengro, Alice Roland, Clémence Galliard, Eric Martin, Alexandra Naudet, Stéphane Chivot, Flavien Bernezet, Sean Patrick Mombruno, Meritxell Checa Esteban, Violette Wanty, Julien Ferranti, Ioannis Michos, Lisa Robert, Suzanne Soler.
Décors et scénographie : Jean Rabasse assisté de Gladys Garot Frati.
Lumières : Patrice Besombes
.
Construction décor Atelier : François Devineau.
Construction accessoires : Guillaume Troublé.
Peintures accessoires : Sophie Lehmann.
Costumes : Laurence Chalou assistée de Léa Rutowski.
Équipe de création : François Blaizot, Jean Malo.
Coiffuriste : Charlie Le Mindu.
Accessoires costumes : Eric Halley.
Maquillage : Christophe Oliveira.
Vidéo : Olivier Simola / Régie vidéo : Laurent Radanovic.
Assistante à la chorégraphie : Daphné Mauger.
Coach vocal : Dalila Khatir.
Durée : 1 h 40.

Du 9 janvier au 6 février 2015.
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 30.
Théâtre de Chaillot, Salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr

Safidin Alouache
Mardi 20 Janvier 2015

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter | Avignon 2025












À Découvrir

"La Chute" Une adaptation réussie portée par un jeu d'une force organique hors du commun

Dans un bar à matelots d'Amsterdam, le Mexico-City, un homme interpelle un autre homme.
Une longue conversation s'initie entre eux. Jean-Baptiste Clamence, le narrateur, exerçant dans ce bar l'intriguant métier de juge-pénitent, fait lui-même les questions et les réponses face à son interlocuteur muet.

© Philippe Hanula.
Il commence alors à lever le voile sur son passé glorieux et sa vie d'avocat parisien. Une vie réussie et brillante, jusqu'au jour où il croise une jeune femme sur le pont Royal à Paris, et qu'elle se jette dans la Seine juste après son passage. Il ne fera rien pour tenter de la sauver. Dès lors, Clamence commence sa "chute" et finit par se remémorer les événements noirs de son passé.

Il en est ainsi à chaque fois que nous prévoyons d'assister à une adaptation d'une œuvre d'Albert Camus : un frémissement d'incertitude et la crainte bien tangible d'être déçue nous titillent systématiquement. Car nous portons l'auteur en question au pinacle, tout comme Jacques Galaud, l'enseignant-initiateur bien inspiré auprès du comédien auquel, il a proposé, un jour, cette adaptation.

Pas de raison particulière pour que, cette fois-ci, il en eût été autrement… D'autant plus qu'à nos yeux, ce roman de Camus recèle en lui bien des considérations qui nous sont propres depuis toujours : le moi, la conscience, le sens de la vie, l'absurdité de cette dernière, la solitude, la culpabilité. Entre autres.

Brigitte Corrigou
09/10/2024
Spectacle à la Une

"Very Math Trip" Comment se réconcilier avec les maths

"Very Math Trip" est un "one-math-show" qui pourra réconcilier les "traumatisés(es)" de cette matière que sont les maths. Mais il faudra vous accrocher, car le cours est assuré par un professeur vraiment pas comme les autres !

© DR.
Ce spectacle, c'est avant tout un livre publié par les Éditions Flammarion en 2019 et qui a reçu en 2021 le 1er prix " La Science se livre". L'auteur en est Manu Houdart, professeur de mathématiques belge et personnage assez emblématique dans son pays. Manu Houdart vulgarise les mathématiques depuis plusieurs années et obtient le prix de " l'Innovation pédagogique" qui lui est décerné par la reine Paola en personne. Il crée aussi la maison des Maths, un lieu dédié à l'apprentissage des maths et du numérique par le jeu.

Chaque chapitre de cet ouvrage se clôt par un "Waooh" enthousiaste. Cet enthousiasme opère aussi chez les spectateurs à l'occasion de cet one-man-show exceptionnel. Un spectacle familial et réjouissant dirigé et mis en scène par Thomas Le Douarec, metteur en scène du célèbre spectacle "Les Hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus".

N'est-ce pas un pari fou que de chercher à faire aimer les mathématiques ? Surtout en France, pays où l'inimitié pour cette matière est très notoire chez de nombreux élèves. Il suffit pour s'en faire une idée de consulter les résultats du rapport PISA 2022. Rapport édifiant : notre pays se situe à la dernière position des pays européens et avant-dernière des pays de l'OCDE.
Il faut urgemment reconsidérer les bases, Monsieur le ministre !

Brigitte Corrigou
12/04/2025
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024