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Coulisses & Cie

Château Rouge célèbre sa nouvelle grande salle et ouvre un nouveau chapitre de son histoire !

Château Rouge, Scène conventionnée Art et Création*, inaugurait la semaine dernière sa nouvelle salle (d'une capacité de 1 500 places) en proposant des festivités gratuites se concrétisant par quatre grands rendez-vous exprimant la pluridisciplinarité spécifique à ce type de centre culturel : danse, musique, théâtre et cirque. Le public avait largement répondu présent malgré la contrainte du pass sanitaire… Le succès inaugural était bien acté et augurait d'une belle saison à venir dans un Château Rouge "tout beau et tout neuf" !



© Emmanuelle Nemoz.
© Emmanuelle Nemoz.
Accueilli chaleureusement par Frédéric Tovany, directeur, et son équipe, le public de tous âges prenait donc possession des nouveaux lieux (hall d'accueil, billetterie, terrasse, etc.), tous de rouge et gris vêtus, et de la grande salle modulable flambant neuve avec ses gradins fixes, sa tribune rétractable et son immense plateau de 530 m2. Un programme bien conçu et riche en événements les attendait durant six jours avec "Allegria" du chorégraphe Kader Attou les 16 et 17, Dionysos (et Pelouse en 1re partie) le samedi 18, quatre spectacles différents le dimanche et du cirque avec "Les Hauts Plateaux", spectacle conçu par Mathurin Bolze (Cie MPTA), les 21 et 22.

Aujourd'hui, la saison 2021/2022 prend ses marques et commence dès ce 28 septembre avec du cirque (voir-ci-dessous). Cette programmation - qui court jusqu'à fin 2022 - joue la diversité et la qualité, avec un réel projet artistique, volonté affirmée du directeur Frédéric Tovany, qui associe exigence, expression novatrice ou originale, connexion avec les interrogations et les évolutions du monde d'aujourd'hui… Tout cela en conjuguant des activités de création et de diffusion qui relèvent tout autant d'un théâtre pluridisciplinaire que d'une scène de musiques actuelles.

Dionysos, samedi 18 septembre 2021 sur la scène de la nouvelle salle de Château Rouge © Emmanuelle Nemoz.
Dionysos, samedi 18 septembre 2021 sur la scène de la nouvelle salle de Château Rouge © Emmanuelle Nemoz.
Mais faisons un petit retour en arrière… Château Rouge a été construit en 1980 par l'architecte Richard Plottier et fut conçu initialement comme une salle polyvalente. Ce complexe culturel a connu plusieurs phases (de 1981 à 2007) de restructurations, d'améliorations et de rénovations qui, finalement, ont abouti à l'existence de quatre salles aux usages différents (grande salle, salle de concert, club café, petite salle).

Le dernier projet de restructuration de l'espace le plus ancien (la grande salle) a rapidement évolué vers un processus de reconstruction substituant ainsi l'intégralité de celui-ci par un bâtiment totalement neuf pour offrir aux publics et aux artistes un nouvel équipement contemporain capable d'accueillir toutes les formes de spectacles.

Durant les trois ans de travaux (avec des interruptions dues à la crise pandémique), la programmation s'est poursuivi, Frédéric Tovany et son équipe l'ayant adapté aux trois salles restantes et à la structure toilée provisoire ("L'éphémère") édifiée sur le parvis. Cette salle ne faisait que 360 places, mais la scène, de 19 mètres d'ouverture et de 10 mètres de profondeur, était suffisamment grande pour accueillir les spectacles danse, de théâtre et de musique habituellement programmés dans l'ancien lieu. Celle-ci, acquise par la municipalité, a été démontée cet été puis elle a été revendue récemment à une autre association culturelle.

Au fil des années, Château Rouge a su s'imposer comme un pôle "incontournable" du spectacle vivant dans le Genevois et la Haute-Savoie en assumant un rôle culturel transfrontalier franco-suisse majeur. Avec son nouvel équipement doté des technologies les plus récentes, Frédéric Tovany peut poursuivre sa politique artistique en direction de tous les publics avec un accueil ouvert de toutes les formes de spectacle, mais aussi offrir des moments privilégiés de partage et de création que permet ce complexe culturel moderne et accueillant.

* Intitulé complet : Scène Conventionnée d'intérêt national Art et Création au titre des nouvelles écritures du corps et de la parole.

Fiche Technique

© Emmanuelle Nemoz.
© Emmanuelle Nemoz.
L'équipe du projet
Un concours de maîtrise d'œuvre a été lancé en février 2017, pour lequel l'équipe de Z-Architecture (mandataire), menée par l'architecte William Vassal, a été désignée lauréate du concours.
Maîtrise d'ouvrage : Service bâtiment de la Ville d'Annemasse, AMOME Conseils, Assistant à maître d'ouvrage.
Exploitant : Le Relais Culturel de Château Rouge.
Maîtrise d'œuvre
Architectes : Z Architecture (mandataire) à Lyon, AER Architectes à Annecy.
BET tous corps d'état : BETREC, Lyon.
Économiste : CYPRIUM, Lyon.
Acousticien : PEUTZ, Lyon.
Scénographes : Atelier Audiovisuel à Caluire, Créa Factory à Pont-Evèque.

Salle modulable de type théâtre offrant plusieurs configurations :
- 1 000 personnes en formule tout assis,
- 500 personnes en formule tout assis jauge réduite (avec rideau de partition),
- 1 500 personnes assis/debout.
Elle est équipée d'un gradin fixe de 618 places
et d'une tribune rétractable de 410 places permettant une configuration de type concert (fosse + gradin fixe).
Trois possibilités d’emplacement de régie technique en fonction de la configuration :
- régie fixe en fond de salle,
- régie intermédiaire en milieu de salle,
- régie "concert" en fond de fosse au parterre.

© Emmanuelle Nemoz.
© Emmanuelle Nemoz.
Dimensions de l’espace scénique :
- profondeur : 14,50 m,
- largeur : 31 m de mur à mur,
- hauteur sous gril : 17 m,
- hauteur scène : + 1 m (revêtement du plancher : parquet en chêne charge maxi 500dNa),
- pente de la scène 0 %.

Dimensions du cadre
- hauteur sous cadre de scène : 7,50 m,
- largeur du cadre de scène : 17 m.

Passerelles
- 2 niveaux de services de scène (cour, lointain, jardin), hauteurs 8,38 m et 15 m,
- 2 passerelles transversales de salles (hauteur 8,38 m).

Accroches
- 20 porteuses frontales à vitesse variable réparties sur la profondeur de la cage de scène (CMU 400daN),
- 4 porteuses Canadiennes à vitesse variable en fond de scène (CMU 400daN),
- 4 porteuses latérales à vitesse variable réparties sur la profondeur de la cage de scène (CMU 400daN).

Début de saison

© Emmanuelle Nemoz.
© Emmanuelle Nemoz.
Du 28 septembre au 7 octobre 2021.
"L'absolu".
Conception et interprétation : Boris Gibé.
Compagnie Les choses de rien.
Durée : 1 h 15.
Tout public à partir de 12 ans.

Du 30 septembre au 1er octobre 2021.
"La mère coupable".
D'après le texte de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais.
Adaptation : Laurent Hatat et Thomas Piasecki.
Mise en scène : Laurent Hatat.
Avec : Olivier Balazuc, Azeddine Benamara, Anne Duverneuil, Emma Gustafsson, Kenza Laala, Pierre Martot, Mathias Zakhar.
Compagnie Anima Motrix.
Durée : 2 h.

Château Rouge, Scène conventionnée,
1 route de Bonneville, Annemasse (74).
Tél. : 04 50 43 24 24.
accueil@chateau-rouge.net
>> chateau-rouge.net



Gil Chauveau
Mardi 28 Septembre 2021

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

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Brigitte Corrigou
08/09/2023
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"Hedwig and the Angry inch" Quand l'ingratitude de la vie œuvre en silence et brise les rêves et le talent pourtant si légitimes

La comédie musicale rock de Broadway enfin en France ! Récompensée quatre fois aux Tony Awards, Hedwig, la chanteuse transsexuelle germano-américaine, est-allemande, dont la carrière n'a jamais démarré, est accompagnée de son mari croate,Yithak, qui est aussi son assistant et choriste, mais avec lequel elle entretient des relations malsaines, et de son groupe, the Angry Inch. Tout cela pour retracer son parcours de vie pour le moins chaotique : Berlin Est, son adolescence de mauvais garçon, son besoin de liberté, sa passion pour le rock, sa transformation en Hedwig après une opération bâclée qui lui permet de quitter l'Allemagne en épouse d'un GI américain, ce, grâce au soutien sans failles de sa mère…

© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

"Hedwig and the Angry inch" a vu le jour pour la première fois en 1998, au Off Broadway, dans les caves, sous la direction de John Cameron Mitchell. C'est d'ailleurs lui-même qui l'adaptera au cinéma en 2001. C'est la version de 2014, avec Neil Patrick Harris dans le rôle-titre, qui remporte les quatre Tony Awards, dont celui de la meilleure reprise de comédie musicale.

Ce soir-là, c'était la première fois que nous assistions à un spectacle au Théâtre du Rouge Gorge, alors que nous venons pourtant au Festival depuis de nombreuses années ! Situé au pied du Palais des Papes, du centre historique et du non moins connu hôtel de la Mirande, il s'agit là d'un lieu de la ville close pour le moins pittoresque et exceptionnel.

Brigitte Corrigou
20/09/2023
Spectacle à la Une

"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
Lui, Peter (Sylvain Katan), est le stéréotype du bourgeois, cadre dans une maison d'édition, "détenteur" patriarcal d'une femme, deux enfants, deux chats, deux perruches, le tout dans un appartement vraisemblablement luxueux d'un quartier chic et "bobo" de New York. L'autre, Jerry (Pierre Val), à l'opposé, est plutôt du côté de la pauvreté, celle pas trop grave, genre bohème, mais banale qui fait habiter dans une chambre de bonne, supporter les inconvénients de la promiscuité et rechercher ces petits riens, ces rares moments de défoulement ou d'impertinence qui donnent d'éphémères et fugaces instants de bonheur.

Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023