La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2024

•Off 2024• "Papic" Un beau voyage intergénérationnel dans une forme simplifiée, mais intelligente, de découverte de la transmission - 20/07/2024

Sacha, une petite fille éveillée, a pour grand-père un espiègle et merveilleux conteur doté d'une longue barbe qui pique et recèle nombre d'objets qu'elle pioche. Ceux-ci illustrent à chaque fois des moments de vie et des souvenirs que grand-papa réanime par un récit captivant la jeune Sacha. Celle-ci grandit tout au long de la pièce, mais la parole reste et elle est l'occasion pour Papic de...  

•In 2024• "Elizabeth Costello. Sept leçons et cinq contes moraux"… et au bout de la nuit, l'ennui - 19/07/2024

Plein les yeux (époustouflantes vidéos défilant sur l'écran panoramique occupant tout le bas de la façade monumentale du Palais des Papes), plein les oreilles (nappes de musiques déferlantes), une belle idée (un personnage de fiction menant la danse en bousculant la marche d'une humanité par trop assoupie) et à 2 h du matin ("durée quatre heures avec entracte")… un bel ennui. Comme si la débauche...  

•Off 2024• "Un lézard chez la psy" Une comédie virevoltante menée avec brio par un duo décalé aux bons goûts borderline - 19/07/2024

Augustin est un jeune vieillard imprévisible qui se félicitait de n'avoir jamais connu l'amour et de n'avoir jamais eu de problème avec le sexe. Jusqu'au jour où il rencontre une psychologue quelque peu perturbée. Un feu va alimenter sa folie qui va le pousser à commettre l'impossible, aussi tragique que burlesque ! Une avocate blasée est chargée de défendre ce client hors normes… Une descente...  

•In 2024• "Une Ombre vorace" Ceci n'est pas une ascension de l'Annapurna, c'en est une vraie fausse représentation… - 18/07/2024

Une forme itinérante qui nous mène loin, très loin dans un espace-temps où fiction et réalité culminent jusqu'à se confondre. Tissant, entre elles, des liens si troublants que le registre de la vérité fantasmée et de la fabulation vécue procure le vertige propre aux hautes altitudes… Vertige du protagoniste, un montagnard qui, sur le point de raccrocher, part résolument à l'assaut des pas de son...  

•In 2024• "La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure - 17/07/2024

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue,...  

•Off 2024• "Le Mythe de Sisyphe" "C'est le chemin qui mène aux visages de l'homme qu'il s'agit de trouver" - 16/07/2024

Un jour, Sisyphe a osé défier les dieux grecs et, de ce fait, il est condamné pour l'éternité à pousser un rocher jusqu'au sommet d'une montagne. Mais lorsque ce rocher atteint le sommet et que Sisyphe atteint son objectif, le rocher dévale tout en bas et Sisyphe doit à nouveau recommencer l'ascension. Encore et encore… Inlassablement ! Mais, comme le clame Camus, il faut malgré tout "imaginer...  

•In 2024• Vive le Sujet ! Série 2 – "Méditation" et "Baara", deux tentatives à découvrir… - 15/07/2024

Dans l'écrin végétal du Jardin de la Vierge, "Vive le sujet ! Tentatives" convie autrices, auteurs, artistes en tous genres et toutes disciplines, à présenter des formes courtes hybrides. Ainsi de "Méditation" et "Baara", deux propositions n'appartenant pas au même registre et produisant des effets différents. La première nous immerge dans une (pseudo) conférence autour de la mort, intervention...  

•Off 2024• "La Supplication", suite infinie du drame humain de Tchernobyl - 15/07/2024

Dans moins de deux petites années, on fêtera les quarante ans de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl survenue le 26 avril 1986. Peut-être qu'alors, on se demandera ce que sont devenues les victimes de la catastrophe. Ceux qui sont morts très rapidement à cause des radiations, ceux qui sont morts quelque temps plus tard à cause des conséquences des irradiations, ceux, encore plus...  

•In 2024• "Avignon, une école" Mémoires vives et libres interprétations… À la recherche du temps recomposé - 14/07/2024

Fanny de Chaillé fidèle à sa conception de metteuse en jeu du vivant "jusqu'à l'os", un vivant dépouillé de toutes fioritures ornementales – écho du théâtre pauvre prôné par le Polonais Grotowski – trouve dans l'écrin naturel du Cloître des Célestins l'endroit rêvé pour sa nouvelle création… Sous la protection de deux platanes séculaires, les jeunes étudiantes et étudiants du Bachelor Théâtre de...  

•Off 2024• "Venise, récit chanté d'un corps" La femme, son corps et son expérience au centre du journal d’une vie en cours de réalisation - 14/07/2024

Corps dansé, corps chanté, raconté, corps féminin, celui d'une femme en acquisition de liberté, d'émancipation. Récit du chemin, du parcours vers la construction du corps de Fanny Chériaux, femme née à la fin des années soixante-dix. Une histoire qui a fait naître un spectacle hybride, entre comédie musicale, one-woman-show, concert pop et récit auto-fictionnel. Une aventure d'aujourd'hui,...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024