La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Avignon 2022

•Villeuneuve en Scène 2022• "Désir, Terre et Sang" Les trois grandes visions de Lorca, cris de révolte des femmes, sur la piste du chapiteau ! - 30/05/2022

"Le théâtre est la poésie qui sort du livre pour descendre dans la rue" disait Federico García Lorca quelques années avant son exécution par les fascistes espagnols en 1936. Cette belle déclaration d'intention n'était pas que des mots. En 1931, Lorca crée La Baracca, une compagnie de théâtre itinérant. Il parcourra avec elle, pendant cinq ans, toutes les routes du sud de l'Espagne pour porter les...  

•Off 2022• Christophe Alévêque "Vieux Con" Un art maîtrisé de l'humour féroce et insolent - 28/05/2022

"On peut être vieux con et moderne à la fois !" Telle est la sentence qui se dégage sans ambages du nouveau spectacle de Christophe Alévêque, tout en étant le constat lucide d'un humoristique, d'un père et d'un humain bon vivant que l'époque que nous vivons exaspère en bien des points. Fidèle depuis plus de douze ans au Théâtre du Rond-Point (et réciproquement), Christophe Alévêque est à nouveau...  

•Off 2022• "Wamah - Chaman De la matière dont les rêves sont faits" Tempête sous un crâne… - 28/05/2022

"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves et notre petite vie est entourée de sommeil", écrivait Shakespeare dans La Tempête. Le moins que l'on puisse dire c'est que ça souffle grave dans la tête de ce géant déchu et ses rêves sont devenus cauchemars depuis que ses dons de guérisseur l'ont conduit à se réfugier dans la masure d'un village perdu au milieu de nulle part… On est en Pologne,...  

•Off 2022• "Olympe et moi" Redécouvrir les écrits d'Olympe de Gouges pour mieux envisager les combats restant à mener - 28/05/2022

Olympe de Gouges, courtisane, royaliste, puis républicaine, insoumise et revendicatrice, connut son heure de gloire avant de mourir sous la lame meurtrière de la Terreur en 1793 et de tomber dans l'oubli. Elle a réapparu à juste titre aux côtés des grandes féministes contemporaines, il y a quelques décennies. Véronique Ataly et Patrick Mons nous proposent une rencontre attachante, généreuse, avec...  

•Off 2022• "CroiZades (jusqu'au trognon)" Par le monde, il y a beaucoup plus de couillons que d'hommes* - 27/05/2022

Que croire ? Question. Ou bien, qu'est-ce que c'est que cela : croire ? D'où cela vient, comment cela procède, par quel média cela se propage-t-il d'individus à société, de génération à la suivante ? La croyance, les croyances sont l'épicentre et également le centre épique de ce spectacle, "CroiZade", qui chevauche allègrement les imaginaires pour tenter de poser le plus visuellement possible la...  

•Off 2022• "Pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon ?" Enquête "l'air de rien" sur notre monde hyperconnecté - 27/05/2022

On le sait, c'est irrémédiable, autant le dire tout de suite, Jessica va quitter Brandon. Mais au-delà de ce constat, les vraies questions ne sont-elles pas : qui est Brandon ? ; qui est Jessica ? ; quelle est la réelle raison de cette rupture ? Est-elle liée à l'univers particulier de Brandon, ancien pilote de drone devenu lanceur d'alerte. C'est, au travers d'une enquête théâtrale décalée, non...  

•Off 2022• "Augustin Mal n'est pas un assassin" Chronique d'un salaud ordinaire empreinte d'une pointe de monstruosité - 27/05/2022

L'art de la dénégation… Formuler ses désirs, ses pensées, ses sentiments jusqu'ici refoulés, édifiant les multiples frustrations… et continuer à s'en défendre en niant que ceux-ci peuvent nous appartenir. Explorer ce fossé qui sépare ce qu'on dit et ce qu'on fait. Porter un regard sur cette subjectivité qui, dans le texte de Julie Douard, est poussée jusque dans ses derniers retranchements et qui...  

•Off 2022• Les deux faces d'un diptyque : masculin et féminin, quelle identité ? - 27/05/2022

Ce sont deux pièces écrites par Catherine Hauseux : l'un s'attache à porter les témoignages de différentes générations de femmes, l'autre donne la parole aux hommes. Les deux textes ont été basés sur des rencontres, des interviews recueillies, des histoires récoltées dans tous les milieux. De cette matière, Catherine Hauseux a façonné pour chaque spectacle une dizaine de caractères qui dessinent...  
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À Découvrir

"Lilou et Lino Le Voyage vers les étoiles" Petit à petit, les chats deviennent l'âme de la maison*

Qu'il est bon de se retrouver dans une salle de spectacle !
Qu'il est agréable de quitter la jungle urbaine pour un moment de calme…
Qu'il est hallucinant de risquer encore plus sa vie à vélo sur une piste cyclable !
Je ne pensais pas dire cela en pénétrant une salle bondée d'enfants, mais au bruit du dehors, très souvent infernal, j'ai vraiment apprécié l'instant et le brouhaha des petits, âgés, de 3 à 8 ans.

© Delphine Royer.
Sur scène du Théâtre Essaïon, un décor représente une chambre d'enfant, celle d'une petite fille exactement. Cette petite fille est interprétée par la vive et solaire Vanessa Luna Nahoum, tiens ! "Luna" dans son prénom, ça tombe si bien. Car c'est sur la lune que nous allons voyager avec elle. Et les enfants, sages comme des images, puisque, non seulement, Vanessa a le don d'adoucir les plus dissipés qui, très vite, sont totalement captés par la douceur des mots employés, mais aussi parce que Vanessa apporte sa voix suave et apaisée à l'enfant qu'elle incarne parfaitement. Un modèle pour les parents présents dans la salle et un régal pour tous ses "mini" yeux rivés sur la scène. Face à la comédienne.

Vanessa Luna Nahoum est Lilou et son chat – Lino – n'est plus là. Ses parents lui racontent qu'il s'est envolé dans les étoiles pour y pêcher. Quelle étrange idée ! Mais la vie sans son chat, si belle âme, à la fois réconfortante, câline et surprenante, elle ne s'y résout pas comme ça. Elle l'adore "trop" son animal de compagnie et qui, pour ne pas comprendre cela ? Personne ce matin en tout cas. Au contraire, les réactions fusent, le verbe est bien choisi. Les enfants sont entraînés dans cette folie douce que propose Lilou : construire une fusée et aller rendre visite à son gros minet.

Isabelle Lauriou
15/05/2025
Spectacle à la Une

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
11/03/2024
Spectacle à la Une

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue, n'en déplaise aux catholiques conservateurs, le sel de l'existence. Autour de leur metteur en scène, Mohamed El Khatib, ils vont bousculer les règles de la bienséance apprise pour dire sereinement l'amour chevillé au corps des vieux.

© Christophe Raynaud de Lage.
Votre ticket n'est plus valable. Prenez vos pilules, jouez au Monopoly, au Scrabble, regardez la télé… des jeux de votre âge quoi ! Et surtout, ayez la dignité d'attendre la mort en silence, on ne veut pas entendre vos jérémiades et – encore moins ! – vos chuchotements de plaisir et vos cris d'amour… Mohamed El Khatib, fin observateur des us et coutumes de nos sociétés occidentales, a documenté son projet théâtral par une série d'entretiens pris sur le vif en Ehpad au moment de la Covid, des mouroirs avec eau et électricité à tous les étages. Autour de lui et d'une aide-soignante, artiste professionnelle pétillante de malice, vont exister pleinement huit vieux et vieilles revendiquant avec une belle tranquillité leur droit au sexe et à l'amour (ce sont, aussi, des sentimentaux, pas que des addicts de la baise).

Un fauteuil roulant poussé par un vieux très guilleret fait son entrée… On nous avertit alors qu'en fonction du grand âge des participant(e)s au plateau, et malgré les deux défibrillateurs à disposition, certain(e)s sont susceptibles de mourir sur scène, ce qui – on l'admettra aisément – est un meilleur destin que mourir en Ehpad… Humour noir et vieilles dentelles, le ton est donné. De son fauteuil, la doyenne de la troupe, 91 ans, Belge et ancienne présentatrice du journal TV, va ar-ti-cu-ler son texte, elle qui a renoncé à son abonnement à la Comédie-Française car "ils" ne savent plus scander, un vrai scandale ! Confiant plus sérieusement que, ce qui lui manque aujourd'hui – elle qui a eu la chance d'avoir beaucoup d'hommes –, c'est d'embrasser quelqu'un sur la bouche et de manquer à quelqu'un.

Yves Kafka
30/08/2024