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22/03 au 28/04/2013, Théâtre Aire Falguière, Paris, "Sancho Pança"

Geneviève Rozental ne cesse de nous étonner. Cette metteure en scène et directrice (d’un tout petit théâtre situé dans le 15e arrondissement - Théâtre Aire Falguière) continue, avec énergie et foi, à porter de jeunes auteurs sur la scène. Mais peu subventionnée, peu aidée, la difficulté à tenir ce théâtre debout est souvent monstre. Et pourtant ! D’année en année, elle arbore fièrement de jeunes créations. En ce moment, un spectacle très "quichottesque", "Sancho Pança", traduit et adapté par Melle Rozental elle-même.



22/03 au 28/04/2013, Théâtre Aire Falguière, Paris, "Sancho Pança"
Cette ancienne agrégée d’espagnol s’est lancée dans le travail titanesque d’adapter librement le personnage de Sancho Pança d’après l’œuvre de Cervantès, Don Quichotte. Voici comment elle explique dans sa note d’intention ce choix :

"Don Quichotte a inspiré de nombreux spectacles, dans lesquels Sancho joue un rôle secondaire et généralement stéréotypé : le gros gourmand, terre à terre, qui s’oppose à l’idéaliste fou, le rustre qui s’oppose au chevalier. Or, si l’on lit intégralement le chef d’œuvre de Cervantes, on ne tarde pas à s’apercevoir de la complexité du personnage de Sancho. J’ai souhaité braquer mon projecteur sur lui.
Mon point de départ a été la rencontre des deux héros avec un couple de grands d’Espagne qui vont s’amuser à leurs dépens parce qu’ayant lu la première partie du roman, ils identifient aussitôt Don Quichotte et Sancho et connaissent leurs points faibles.
Répondant aux questions de la duchesse, Sancho va évoquer en flash-back des dialogues et des situations vécues avec son maître. Il va se voir offrir le gouvernement de l’île dont il rêvait et révélera toute l’étendue de sa sagesse, mais aussi son grain de folie, qu’il partage avec son maître.
Trois comédiens permettront de poser les personnages de Sancho, Don Quichotte et la duchesse, ainsi que de mettre en scène l’écuyer devenu gouverneur face à quelques comparses qui vont le mettre à l’épreuve.
"

Non seulement le travail réalisé a tout notre intérêt, mais y aller c’est aussi soutenir un théâtre qui a bien du mérite.

"Sancho Pança"

22/03 au 28/04/2013, Théâtre Aire Falguière, Paris, "Sancho Pança"
Auteur : Miguel de Cervantès.
Montage, traduction et mise en scène : Geneviève Rozental.
Avec : Marion Amiaud, Sylvestre Bourdeau et Sébastien Faglain.
Direction d’acteurs : Diana Ringel.

Du 22 mars au 28 avril 2013.
Les vendredis à 21 h et les dimanches à 17 h 30.
Théâtre Aire Falguière.
55, rue de la Procession, Paris 15e.
>> aire-falguiere.com

Samedi 6 Avril 2013

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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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© Grégory Juppin.
Hedwig bouscule les codes de la bienséance et va jusqu'au bout de ses rêves.
Ni femme, ni homme, entre humour queer et confidences trash, il/elle raconte surtout l'histoire de son premier amour devenu l'une des plus grandes stars du rock, Tommy Gnosis, qui ne cessera de le/la hanter et de le/la poursuivre à sa manière.

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Brigitte Corrigou
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"Zoo Story" Dans un océan d'inhumanités, retrouver le vivre ensemble

Central Park, à l'heure de la pause déjeuner. Un homme seul profite de sa quotidienne séquence de répit, sur un banc, symbole de ce minuscule territoire devenu son havre de paix. Dans ce moment voulu comme une trêve face à la folie du monde et aux contraintes de la société laborieuse, un homme surgit sans raison apparente, venant briser la solitude du travailleur au repos. Entrant dans la narration d'un pseudo-récit, il va bouleverser l'ordre des choses, inverser les pouvoirs et détruire les convictions, pour le simple jeu – absurde ? – de la mise en exergue de nos inhumanités et de nos dérives solitaires.

© Alejandro Guerrero.
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Les profils psychologiques des deux personnages sont subtilement élaborés, puis finement étudiés, analysés, au fil de la narration, avec une inversion, un basculement "dominant - dominé", s'inscrivant en douceur dans le déroulement de la pièce. La confrontation, involontaire au début, Peter se laissant tout d'abord porter par le récit de Jerry, devient plus prégnante, incisive, ce dernier portant ses propos plus sur des questionnements existentiels sur la vie, sur les injonctions à la normalité de la société et la réalité pitoyable – selon lui – de l'existence de Peter… cela sous prétexte d'une prise de pouvoir de son espace vital de repos qu'est le banc que celui-ci utilise pour sa pause déjeuner.

La rencontre fortuite entre ces deux humains est en réalité un faux-semblant, tout comme la prétendue histoire du zoo qui ne viendra jamais, Edward Albee (1928-2016) proposant ici une réflexion sur les dérives de la société humaine qui, au fil des décennies, a construit toujours plus de barrières entre elle et le vivant, créant le terreau des détresses ordinaires et des grandes solitudes. Ce constat fait dans les années cinquante par l'auteur américain de "Qui a peur de Virginia Woolf ?" se révèle plus que jamais d'actualité avec l'évolution actuelle de notre monde dans lequel l'individualisme a pris le pas sur le collectif.

Gil Chauveau
15/09/2023