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Lyrique

"Une soirée chez Rossini" avec l’Ensemble Justiniana

Après une tournée dans les villages de Franche-Comté cet été, la nouvelle production de l’Ensemble Justiniana sera créée en salle à l’Opéra de Vichy le 20 septembre 2013. Cette "Soirée chez Rossini" nous propose une version totalement originale de sa "Petite messe solennelle"… dans le salon du compositeur au XIXe siècle !



© Ensemble Justiniana.
© Ensemble Justiniana.
En effet, les défis ne font pas peur à l’Ensemble Justiniana, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical que dirige Charlotte Nessi. On se souvient que, dans ces mêmes colonnes, j’ai chanté les louanges de leur dernier spectacle à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, "Siegfried et l’anneau magique" : une formidable adaptation pour tous publics de la célèbre tétralogie wagnérienne "L’Anneau des Nibelungen". Fidèle à sa mission de démocratisation de l’opéra, la compagnie a encore frappé un grand coup cet été !

Sa vocation de promener l’opéra sur les routes des villages pour aller à la rencontre du public s’est donc concrétisée une fois de plus cette année par la création d’un nouveau spectacle des plus appétissants, en forme d’hommage à Gioachino Rossini - le plus épicurien des compositeurs italiens établis à Paris. Amateur de bonne chair et de bons vins, officiant volontiers dans sa cuisine, Gioachino Rossini n’est pas seulement ce compositeur de brillants opéras tels que "Le Barbier de Séville" ou "La Cenerentola". C’est ainsi que Charlotte Nessi a décidé de mettre en scène gaiement une "Petite messe solennelle" composée en fin de carrière… comme "Pêchés de vieillesse et recettes culinaires", le sous-titre du spectacle.

© Ensemble Justiniana.
© Ensemble Justiniana.
Loin du goupillon et de l’autel, en costumes bourgeois du XIXe siècle, vingt-quatre artistes (chanteurs, comédiens, musiciens) nous mettent le cœur en joie dans le salon du compositeur. Car celui-ci reçoit (à son habitude selon ses biographes) à une table de banquet des personnalités très différentes dans cette folle adaptation de l’Ensemble Justiniana. Le spectacle illustre bien la remarque de Rossini faite sitôt la composition de la messe terminée en 1863 : "Est-ce bien de la musique sacrée que je viens de faire, ou bien de la sacrée musique ?". Les deux, mon capitaine !

C’est cette même production qui prendra ses quartiers à Vichy, puis au théâtre Edwige Feuillère de Vésoul le 25 septembre. Comptons que "le vin de messe y pétille comme du champagne" selon le mot du librettiste Claude Tabe !

"Une soirée chez Rossini"
20 septembre 2013 à 20 h 30.
Opéra de Vichy, 04 70 30 50 30.
1, rue du Casino, Vichy (03).

23 septembre 2013 à 20 h 30.
Théâtre Edwige Feuillère, 03 84 75 40 66.
Place Pierre Renet, Vesoul (70).

Giachino Rossini, musique.
Ensemble Justiniana.
Charlotte Nessi, mise en scène.
Lionel Sow, direction musicale.
Gérard Champion, scénographie.
Vinca Alonso, costumes.

Christine Ducq
Dimanche 15 Septembre 2013

Concerts | Lyrique







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© Jean-François Delon.
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Brigitte Corrigou
06/03/2024
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Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
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Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
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Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023